“Nana, c’est toute une vie!” »

Trente ans après l’avoir quitté, les Mécènes se produiront demain chez Nana. Ce retour au Soleil Levant pour le premier bal démasqué de la saison carnavalesque a une saveur particulière pour Jean-Clair Anni. Le tromboniste était déjà là en 1982 lorsque le groupe musical joua ses premières notes.

« Nana, c’est toute une vie ! C’est ici que j’ai fait mon premier carnaval avec Les Mécènes ! » A l’approche de l’ouverture du dancing, Jean-Clair Anni ne cache pas sa joie. Celui qui est désormais le doyen du groupe se souvient avec émotion du début de l’aventure pour lui. « En 1965, je fais mon premier concert au Rex avec mon petit groupe, The Jaguars. Nous avions tous 15 ans… Ensuite, à partir de 1981, j’ai commencé à jouer avec les Mécènes. J’ai parcouru les villes avec eux pendant les vacances pour les fêtes municipales. Nous sommes allés à Saint-Laurent, Iracoubo, Montsinéry… En 1982, j’ai fait mon premier carnaval avec eux. »

De cette première fois chez Nana, Jean-Clair Anni se souvient des amis à ses côtés : au trombone, Alain Williams ; on saxophone, Prosper Polony, Robert Ferdinand and Mécène Fortuné, also conductor ; au chacha, « Père Gazelle » ; à la batterie, André Polony ; à la conga Rémy décembre ; à la basse Romule a envoyé ; à la clarinette, Gilles Jonaïs et percussions, « petit Polony ». Chanter, ce premier soir : Henri Henrion, Hugues Tong Lee A Taï et bien sûr Bernard Inglis. « Nous n’avions pas de chanteur à cette époque. Orlane est arrivée quelques années plus tard. » Après, il y aura Clara Nugent, la nièce de Jean-Clair Anni et d’autres.

Entre 1982 et 1995, le groupe ne manque aucune saison de carnaval. Parmi les moments forts retenus par Jean-Clair Anni : le soir où, profitant de leur passage en Guyane pour un concert, des membres du groupe Kassav sont venus les écouter. Le tromboniste se souvient encore de la surprise et de l’intérêt de Jean-Claude Naimro lorsqu’il entendit la mazurka comme à la maison, mais qui « je ne conduisais pas » comme à la maison. On pourrait s’amuser à comparer le son de Kassav avant et après, histoire de voir si le célèbre groupe antillais a repris quelques sons du groupe guyanais. !

Parmi les bons souvenirs chez Nana…

©DR

En 1995, malgré le succès, malgré la réputation, les Patrons choisissent de quitter Nana. En ce moment, on s’inquiète de la capacité de la salle à accueillir autant de personnes, selon Jean-Clair Anni.

Le premier bal masqué chez Polina aura lieu en 1996. « Chez Polina, ça a commencé timidement. Des groupes d’anciens élèves nous ont suivi : groupes de Touloulous, famille, amis de maman… On a aussi gagné d’autres fans, notamment chez les jeunes. » Mais malgré ce succès, Jean-Clair se souvient, avec une pointe de tristesse, des autres. Ceux qui, attachés à la pièce, n’ont pas suivi le groupe jusqu’à la maison de Polina.


Une des soirées des Patrons chez Nana

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« Chez Nana, nous avions des supporters fidèles. Le meilleur était le club Vélo Solex. Ils ne sont pas venus chez Polina. Pour eux, c’était Nana et rien d’autre. Les membres de ce groupe étaient de véritables artistes. Certains m’ont donné des conseils sur des petites choses. Et puis la première soupe du matin, c’était à côté, chez l’un d’eux, Félix Zaou. Parfois j’y allais même le soir quand on jouait un morceau sans trombone ! » Ces joueurs d’ambiance, The Mary, Charles Armand, Champon, Ormal « une excellente danseuse qui m’a suivi à la perfection »Henri Tong Lee A Taï… Jean-Clair Anni s’en souvient parfaitement. « C’étaient les coureurs les plus demandés ! »

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Si pour Touloulous et les pilotes la piste Nana est le théâtre de nombreux souvenirs, il en est de même pour ceux qui ont fréquenté la scène. Juché sur la plateforme, le plus vieux Patron se souvient de scènes dignes de films. « J’ai vu un directeur du Conseil général prendre une gifle ! Il a regardé autour de lui et a pensé que personne ne l’avait remarqué, mais j’ai vu ! Et puis il y a aussi le moment où un touloulou mordait un cavalier : Elle l’avait déjà menacé avec son doigt à deux reprises. Il a continué à danser avec un autre touloulou. Elle s’est approchée, elle a soulevé son bavoir et l’a mordu dans le dos ! »


Chez Nana, les Patrons avaient aussi une petite habitude que Jean-Clair Anni chérissait : « certains groupes de Touloulous, que nous connaissions, nous faisaient signe de la main pour que nous jouions leur chanson préférée à leur arrivée. Nous avons essayé de faire ça chez Polina, mais ça n’a pas marché. »

En 2020, lorsqu’ils quittent Polina, une salle où, à entendre le tromboniste, le groupe aimait jouer, c’est aller vers quelque chose « plus gros ». Le Grand Palais, situé au Progt, permet, en plus de la salle de danse, de disposer de loges, d’un espace de réparation pour les Toulousains ayant besoin de changer de robe ou de chaussures, de navettes, d’un coin pour le massage des pieds…Mais le Covid arrive et met un amortisseur dessus. Par la suite, les Patrons ne disposeront plus de chambre fixe.

Le trombone, son instrument
Le trombone, son instrument

©OFF

« Aujourd’hui, nous avons eu l’occasion de retourner chez Nana. Il faut dire qu’il y a une pression populaire pour ne pas laisser mourir le centre-ville, pour faire revivre Nana et son village. »explique Jean-Clair Anni qui salue Soyana, la nouvelle équipe, « des jeunes qui ont beaucoup d’imagination » qui se charge de l’organisation des bals.

Même s’il n’a jamais vraiment quitté Nana puisqu’il y joue le jeudi soir avec le Banda Jankler, le musicien semble impatient.. « Seuls Gaëtan Jean-Elie, Olivier Chocho, Emile Polony et moi avons déjà joué à Nana avec les Mécènes. Tout le monde est très content, reconnaît Jean-Clair Anni. Mais vraiment… je pense que le plus heureux de tous, c’est moi ! »

Jean-Clair Anni sur la scène Nana, alors qu'il joue avec Banda Jankler
Jean-Clair Anni sur la scène Nana, alors qu’il joue avec Banda Jankler

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