Rejoué régulièrement en France, La Clepsydre (1973), folie baroque, contribue, parmi un cercle sans cesse renouvelé d’amoureux de l’étrangeté, à entretenir le souvenir d’une grande figure du cinéma polonais, malheureusement sous-estimé à l’intérieur et à l’extérieur de ses frontières, en la personne de Wojciech Has (1925-2000). . Avant l’arrivée des modernes, au milieu des années 1960 – avec en tête Roman Polanski et Jerzy Skolimowski -, l’histoire de la génération précédente du cinéma polonais, pourtant riche de talents aussi puissants et divers qu’Andrzej Munk ou Jerzy Kawalerowicz, semble avoir être réduit, sur le plan international, au seul lyrisme historique d’Andrzej Wajda.
D’où la nécessité de revenir régulièrement à Has, l’artiste le plus violemment baroque et politiquement incorrect de sa génération, ce qui n’est pas peu dire, considérant un pays dont le martyre national s’est longtemps imposé comme une cause consubstantielle à la création artistique. Cet individualiste forcené, assumant d’œuvrer en marge de la communauté nationale, voire contre les mythes qui la constituent, cultive l’onirisme, la perte du sentiment de réalité, l’étrangeté plus ou moins radicale du monde.
Il vous reste 73,33% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.