Garzon, un petit village d’Uruguay apparu sur la carte internationale de l’art

Garzon, un petit village d’Uruguay apparu sur la carte internationale de l’art
Garzon, un petit village d’Uruguay apparu sur la carte internationale de l’art

La chapelle de Pueblo Garzon, village de quelque 200 âmes niché au cœur de la campagne uruguayenne, se réveille sans ses traditionnels bancs en bois, remplacés par une installation sonore de l’artiste allemand Lukas Kühne faite de caisses en caoutchouc et de marteaux.

Rien d’inhabituel ici. Comme chaque mois de décembre depuis 2017, Garzon sort de sa torpeur pour se transformer lors de Campo, un festival d’art créé par la photographe américaine Heidi Lender.

Pour sa 8e édition, fin 2024, Campo a réuni pendant trois jours près de 20 artistes du monde entier, venus des États-Unis, de Singapour, de Corée du Sud et du Brésil, attirant quelque 6 000 visiteurs.
Installé en Uruguay, Lukas Kühne est tombé amoureux du Garzon Art Festival, « un projet utopique, dans le bon sens du terme ».

“Ça ressemble à un village comme un autre, mais ce n’est pas le cas, des choses très belles et intéressantes y naissent, il a sa propre aura”, explique-t-il à propos de cette localité située à 170 km de là. Il est à l’est de la capitale Montevideo dans une région parfois comparée à la Toscane en raison de son paysage de vignes et d’oliviers.
Le premier à avoir fait connaître le village fut le célèbre chef argentin Francis Mallmann, qui y a ouvert un restaurant il y a 20 ans.

Puis, il y a 14 ans, la photographe Heidi Lender tombe à son tour sous le charme, y achète une maison et fonde une association à but non lucratif avec l’ambition de « donner à d’autres artistes la possibilité de créer sur cette terre magique.
Aujourd’hui, son projet comprend des résidences d’artistes, le festival et bientôt la construction d’un campus conçu par l’architecte uruguayen Rafael Viñoly.

“C’est difficile d’expliquer ce qu’il y a de différent chez Garzon, il faut venir là-bas” pour le comprendre, dit Mme Lender dans un entretien à l’AFP, citant pêle-mêle “une énergie qui n’existe nulle part ailleurs, un mélange de lumière, les gens, l’authenticité, la simplicité, la tranquillité, la solitude, la beauté.

Garzon bénéficie également d’une situation privilégiée, loin – mais pas trop loin – de Punta del Este, la station balnéaire préférée de l’élite sud-américaine, appréciée autant pour ses plages que pour sa vie nocturne.

A proximité de la place principale où bat le cœur du village, avec sa chapelle, sa mairie, son ancien magasin transformé en boutique de design et le restaurant Mallman, l’artiste uruguayen Mauro Arbiza vient d’ouvrir sa propre galerie d’art, la cinquième de Garzon. , après neuf années passées à vendre des sculptures sur place.

Avec des prix allant de 2 500 à 40 000 dollars, ses œuvres s’adressent aux vacanciers fortunés qui profitent de l’été austral à Punta del Este pour faire un détour par Garzon.
«Je fais plus de contacts au village qu’à Miami», raconte l’artiste, auteur d’œuvres monumentales installées en Chine et aux Etats-Unis. Autrefois habitué de la célèbre foire d’art de Bâle, M. Arbiza n’y va plus.

D’autres galeristes témoignent également de l’intérêt croissant des touristes, collectionneurs et conservateurs, principalement européens et américains, mais aussi argentins et brésiliens.
Les visiteurs séduits par l’atmosphère surannée du village. Jusque dans les années 1950, Garzon vivait de la prospérité d’un moulin à blé et comptait quelque 2 000 habitants, contre 178 selon le dernier recensement.

Artigas Rodriguez, 85 ans, vit dans le village depuis plus de vingt ans. « C’est calme » et « les gens s’entendent bien », assure-t-il depuis son humble demeure, entouré d’objets qu’il collectionne et revend.

Parmi ses voisins figurent quelques noms illustres comme le tailleur des Rolling Stones, John Pearse, ou l’artiste française Marie Ducaté, qui y possède un musée à son nom.

 
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