P.Pendant un mois et demi, la photographe Mathilde Fraysse a été hébergée à la Maison François-Méchain des Églises-d’Argenteuil. Durant sa résidence, elle a travaillé sur des témoignages de femmes de plus de 70 ans vivant dans les Vals de Saintonge. « Nous avons parlé face à face, sans limite de temps. J’ai recueilli leurs pensées, pris des photos d’eux. J’ai également photographié des accessoires de leur maison », explique le Tullist.
En confiance, Mathilde sait les mettre à l’aise, ces femmes ont levé le voile sur leur existence, partagé des anecdotes. « Quand j’ai commencé ces entretiens, je ne savais pas ce que cela allait devenir, poursuit la jeune femme. De ces rencontres uniques est né un livre touchant : « Ils ne voient pas qu’on est jeunes aussi. » En préface, la Corrézienne annonce : « Ces textes sont issus de paroles de femmes, recueillies avant de prendre des photographies chez elles et d’elles. Ils sont la plupart du temps le résultat d’une première rencontre, souvent celle où l’on tente de dire ce qui est essentiel sur nous-mêmes. »
Préserver le secret des mots
L’artiste a recueilli les verbatim de ces septuagénaires et les a classés en 29 thèmes. Des photos très lumineuses d’éléments de décoration, prises au domicile des femmes interrogées, renforcent des témoignages qui peuvent être lourds… mais aussi drôles et surprenants. « Le décor floral, pastel, velouté, agrémenté de tissus, adoucissait la dureté du discours. Tous ces bibelots, ces petites fleurs, ont alors pris un autre sens que celui de simple décoration », estime l’artiste.
L’auteur a voulu préserver le secret des propos. On ne sait pas qui a prononcé telle phrase, tout comme le lecteur ne peut pas savoir où les photos ont été prises. Par exemple, on peut lire des phrases très simples qui font mouche : « Je t’aime. Il est important de se le dire, mais pas n’importe comment. » Ou encore : « Quand il n’y a pas de secrets, il n’y a aucune raison pour que ça ne marche pas. » Et même : « Mais c’est toujours la femme qui décide, on le sait bien. » Les femmes s’ouvrent, critiquent, tout en aimant les hommes.
A Eden en février
Ce livre, en vente 15 euros à la librairie Jeux de page de Saint-Jean-d’Angély, offre des éclats de tendresse mais révèle aussi la force de caractère de ces femmes, souvent rendues invisibles. Les Saintongeais auront l’occasion de découvrir le travail de Mathilde Fraysse le 14 février à l’Eden, lors d’une soirée co-organisée avec l’Association Angérien d’Action Artistique (A4). «Je présenterai mon livre et j’exposerai également les portraits des femmes interviewées», révèle la photographe qui reviendra également prochainement en résidence à la Maison François-Méchain. “Cette fois je travaillerai sur le thème de la relation entre le père et sa fille adolescente”, annonce Mathilde Fraysse. Le fruit de ce travail sera visible en septembre prochain à Saint-Jean-d’Angély.