Le point de vue d’une fille et de son père sur la Dolce Vita

Le point de vue d’une fille et de son père sur la Dolce Vita
Le point de vue d’une fille et de son père sur la Dolce Vita

Témoignage

Histoire : Le regard d’une fille et de son père sur la Dolce Vita

Celeste Cabrita a rassemblé les photos prises par son père Edgar à la Dolce Vita de Lausanne, lors de concerts, dans le livre « La Dolce, deux regards ».

Publié aujourd’hui à 10h00

Abonnez-vous maintenant et profitez de la fonction de lecture audio.

BotTalk

Bref:
  • Celeste Cabrita a créé un livre sur La Dolce Vita pour son diplôme.
  • Son père a partagé des photos et des histoires fascinantes sur ce lieu légendaire.
  • Le livre a été présenté à Lausanne devant 300 visiteurs enthousiastes.
  • Une exposition pourrait suivre pour montrer davantage de photos historiques.

Cet article du 25 juin 2024 a été importé de Femina.ch et republié sur notre site le 7 janvier 2025.

« Un soir, en revenant de l’espace autogéré de Lausanne, j’ai raconté ma soirée à mon père. Il m’a immédiatement posé la question suivante : « Savez-vous ce qu’il y avait avant ? Je savais que c’était une salle de concert. C’est comme ça que j’ai su qu’il avait passé beaucoup de temps à la Dolce Vita. Il a donc allumé la table lumineuse pour me montrer les négatifs des nombreuses photos qu’il avait prises lors des concerts là-bas. C’était magique ! Les photos sont si belles. Ils reflètent l’atmosphère et une énergie extraordinaire.

Ce qui était cool, c’est que mon père me racontait des histoires et me jouait de la musique en même temps. Il m’a plongé dans l’ambiance, j’ai été touché de voir à quel point cela l’affectait. Cet endroit était vraiment important pour lui.

Je savais que mon père avait pris beaucoup de photos, il en avait déjà exposé certaines. Mais jamais à ce sujet. Je ne comprenais pas pourquoi il ne se mettait jamais en avant dans son travail photographique, qu’il considère plutôt comme un hobby parmi les autres. Je pensais que c’était dommage.

Je lui ai dit : « Il faut qu’on en fasse une exposition ou quelque chose du genre. » L’idée m’est venue à l’esprit et je l’ai toujours gardée dans un coin de ma tête. J’ai décidé d’en faire un livre pour mon mémoire de diplôme à Eracom.

J’ai 24 ans, je suis née un an après la fermeture de la Dolce Vita, en 1999. Je n’ai donc pas connu l’effervescence de cette époque à Lausanne ni de ce lieu mythique.

Mon père y passait du temps pour voir et écouter les artistes et les prendre en photo. Après le concert, il partait pendant que tout le restait pour faire la fête. Parce que c’était aussi un lieu de rencontre unique dans la région.

J’aurais vraiment aimé voir ça, c’est tellement difficile de me projeter dans l’esprit des gens qui ont vécu cette période. Cette énergie et cet esprit libertaire n’existent plus aujourd’hui. La musique était au centre de tout. J’ai le sentiment que les gens rêvent aujourd’hui de renouer avec ce type d’ambiance. Nous avons toujours de belles adresses en Suisse, comme l’Usine, à Genève, ou la Case à Chocs, à Neuchâtel. Mais je ne pense pas que l’état d’esprit soit comparable à celui de cette époque.

A l’origine, le mouvement Lôzane bouge s’est battu pour obtenir et créer un lieu où aller voir des concerts accessibles à tous. De grands artistes venus parfois de loin voulaient jouer à la Dolce Vita. Mes parents me parlent de cette époque et de ce lieu comme d’une explosion totale.

Passion commune pour la musique

Je vis désormais à Paris, où je suis graphiste. Cette ville me permet d’assouvir mon appétit pour les arts grâce à une offre culturelle abondante. Je vais écouter des concerts, voir des expositions. Je ne sais pas si on peut appeler ça du punk, mais j’ai découvert un lieu avec deux salles que j’aime beaucoup : La Gare/Le Gore. L’entrée est gratuite. De 21h à minuit, La Gare propose des concerts de jazz, et de l’autre côté c’est plus techno jusqu’à 5h du matin

C’est un peu une vieille gare délabrée avec de la moquette partout, c’est très cool. Il y a là une vraie mixité sociale et générationnelle, des jeunes s’amusant avec des gens qui ont l’âge de leurs parents. Ce lieu un peu alternatif est encore relativement peu connu.

« La musique fait partie de ma vie… »

Mon père et ma mère m’ont transmis la passion de la musique. Mes plus beaux souvenirs remontent au Paléo Festival, lorsque mon père travaillait au Village du Monde. J’ai passé tous mes étés dans la plaine de l’Asse et j’ai vu une multitude de concerts avec lui. Je me souviens, entre autres, d’Asaf Avidan et de Stromae. J’ai vu tellement d’artistes sur scène que je ne me souviens pas de tous leurs noms. J’ai des images qui me reviennent, notamment le concert du collectif de reggae jamaïcain Inna de Yard, qui m’a particulièrement marqué.

J’ai été immergé très tôt dans l’énergie du live. Ma mère me raconte que lorsque mon père travaillait pour le label indépendant Recrec, il rentrait à la maison avec des artistes. Il y a une photo de moi bébé dans les bras des membres du groupe de métal Apocalyptica, qui jouent du violoncelle, nous les avions croisés par hasard dans un avion.

Sur la première page du livre, j’écris « La musique fait partie de ma vie… » parce que je l’écoute beaucoup et aussi parce que j’aime chanter. J’ai fait du chant lyrique au Conservatoire. Et avant de commencer une formation de graphiste, j’ai moi-même écrit et joué une pièce de théâtre, De l’autre côté du miroir, lors de ma dernière année à l’école Steiner. Je me suis parlé dans un miroir à la recherche de mon identité. Je suis passionné, c’est pourquoi j’ai choisi le métier de graphiste, qui me permet d’aborder de nombreux univers différents.

Lorsque nous avons vernissé l’œuvre La Dolce, deux regards à l’Atelier, un café situé avenue de , à Lausanne, en avril, je ne savais pas à quoi m’attendre. J’ai été très touchée de voir autant de monde se presser dans ce petit espace, ça débordait dans la rue ! Blaise Duc et Mandrax ont donné un coup de boost à l’événement, je pense qu’au final on a eu 300 personnes, c’était énorme !

C’était une sorte de retrouvailles, certains ne s’étaient pas vus depuis La Dolce Vita. C’était vraiment touchant de voir tous ces gens réunis qui ont des souvenirs communs, ainsi que d’autres générations, dont de nombreux amis à moi.

Lors de ce vernissage, face à l’accueil très favorable du public, l’idée d’une exposition refait surface. Rien n’est prévu pour le moment, mais nous y réfléchissons. Cela permettrait d’en montrer davantage, car il existe bien d’autres photos, et pas seulement de la Dolce Vita, il y a aussi Fri-son, à Fribourg, et l’Usine, à Genève. Et Paléo bien sûr.

Le journal La Dolce, deux vues d’Edgar et Céleste Cabrita, en commande : [email protected]

Bulletin

« La Tribune des »

La « Tribune de Genève » vous propose des lectures partagées, des critiques, des actualités littéraires, des reportages et vos coups de coeur.

Autres bulletins d’information

Se connecter

Alexandre Lanz bénéficie de sa formation initiale dans le secteur de la mode, à travers laquelle il s’est forgé le regard qu’il a développé au cours des vingt dernières années sur les sujets qu’il aborde en matière de culture, d’art de vivre et de société.Plus d’informations

Avez-vous trouvé une erreur ? Merci de nous le signaler.

0 commentaires

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV De James Bond à GTmax… Six films tournés en Eure-et-Loir
NEXT la parodie hilarante de Jérôme Commandeur dans le rôle de Jean-Marc Morandini