Cent ans d’histoire de l’Opéra de Marseille racontés dans les Archives municipales

Cent ans d’histoire de l’Opéra de Marseille racontés dans les Archives municipales
Cent ans d’histoire de l’Opéra de Marseille racontés dans les Archives municipales

Le 3 décembre, l’Opéra de Marseille a célébré son centenaire avec un concert de gala. Le jour même où, en 1924, il fut inauguré en grande pompe avec l’opéra Sigurd du compositeur marseillais Ernest Reyer (cette œuvre sera jouée du 1er au 8 avril). Les Marseillais, tirés au sort sur les listes électorales, ont été conviés à ce moment historique, que les Archives municipales proposent de redécouvrir, à travers une exposition visible jusqu’au 26 avril. Car, en déambulant dans cet édifice qui a donné son nom à un quartier, on en oublierait presque son histoire et son architecture Art Déco soignée dans les moindres détails. C’est aussi le sens des sept photographies de Richard Belleudy qui accueillent les visiteurs. On découvre le soin apporté à la rampe de l’escalier ou encore aux statues disposées dans le hall.

Photos, modèles…

La visite consacre une première salle à la reconstitution de l’un des plus anciens opéras de province parti en fumée au soir du 13 novembre 1919. Des photos et le témoignage du critique musical Antoine Bouis, attablé dans un café du Vieux-Port, illustrent la violence de l’incendie qui, de 18 heures à 21 heures, a tout ravagé. Il ne reste que les murs extérieurs et la colonnade, encore présents aujourd’hui. L’origine de l’incendie serait un court-circuit suite à une répétition de L’Africain de Meyerbeer.

Dès 1920, la Ville, désireuse d’accueillir l’exposition coloniale de 1922, lance rapidement un appel d’offres pour reconstruire le Grand Théâtre, dont on peut voir une photo avant sa destruction. L’exposition dévoile plusieurs maquettes : une infime partie de ce que contiennent les Archives, explique la commissaire de l’exposition et responsable des publics, Isabelle Aillaud, «le but étant de donner envie aux visiteurs d’aller plus loin en consultant les documents en salle de lecture« . C’est le consortium d’architectes réuni autour de Gaston Castel qui remporte le marché. Pour ceux qui ne le savaient pas, on découvre que l’architecte a été très actif à Marseille : on lui doit le Monument aux Morts d’Orient, le lycée de Marseilleveyre, la prison des Baumettes, le bâtiment de la compagnie générale transatlantique… »C’est aussi une prouesse de l’ingénieur Noël Pellegrinprécise le commissaire. Il a utilisé les techniques de l’époque, le ferraillage et le béton armé, pour concevoir une pièce offrant une visibilité optimale, sans avoir recours à des colonnes.« .

Plus loin, on apprécie également le soin apporté aux peintures et sculptures. Comme celles du sculpteur Antoine Sartorio qui a réalisé le bas-relief allégorique dans les combles de la façade principale. Grâce à sa petite-fille, les modèles préparatoires sont exposés. “L’Opéra a été véritablement conçu comme un objet d’art, jusque dans les moindres détails“, underlines Isabelle Aillaud.

La deuxième salle de l’exposition jette un regard sur les coulisses de la création. Affiches et programmes remplissent les vitrines comme ceux de l’opéra Cadet Roussel d’après des dessins de Raymond Peynet, auteur des célèbres « Amoureux de Peynet », datant de 1953.Dans les années 1960-1970, sous la direction de Louis Ducreux puis Jacques Karpo, les créations sont nombreuses.», précise le conservateur. D’où cet espace dédié à la création de Carmen en 1962, avec la chanteuse américaine Regina Resnik, sur des décors et costumes du peintre Bernard Buffet, auquel tout Paris est convié, comme le montre la liste des invités exposée.

Focus sur les costumes

Intéressant, cet accent mis sur les costumes présentés avec leurs modèles associés, notamment ceux – somptueux – de Tannhäuser de Wagner, de Jean-Noël Lavesvre. Un prêt de l’opéra qui dispose de 100 000 costumes dans son fonds. Après la présentation de photos dédicacées du collectionneur Jean-Robert Cain (un des plus jeunes abonnés de l’Opéra, dès l’âge de 11 ans, dans les années 60), et une petite exposition sur la danse qui occupait pourtant une place importante dans les années 60 et Années 70, la troisième salle dévoile le travail de numérisation des Archives sur un ensemble d’enregistrements de spectacles dans les années 80 et 90. Un travail est également en cours pour collecter les archives des théâtres marseillais. Une manière de «montrer que le travail des archivistes est quelque chose de vivant« . Une exposition à double lecture.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV La mort de Howard Buten, alias le clown Buffo
NEXT Nicole Kidman parle de son éducation, trois mois après la mort de sa mère