FOLKLORE LOCAL – La période des fêtes est riche en occasions d’écouter de la musique traditionnelle québécoise. Mais pour Olivier Soucy, membre des Chauffeurs à pieds depuis 25 ans et organisateur de séances de musique traditionnelle aux Salons d’Edgar depuis 2 ans, c’est une passion qui se partage toute l’année !
Par une belle soirée de novembre, il est peu avant 20 heures aux Salons d’Edgar. Plusieurs musiciens sont déjà rassemblés autour du piano qui trône, bien en vue, à l’entrée. Sans aucune cérémonie, ils commencent lentement à jouer aux côtés des clients attablés. Violonistes, guitaristes, harmonicistes et accordéonistes continuent d’affluer. Ce soir-là, une quarantaine de musiciens se réunissent pour jouer sans programme préétabli. Pour le plaisir !
C’est une soirée représentative de ces rencontres, raconte Olivier Soucy.
Nous organisons toujours de grandes fêtes. Toute l’année, je dirais ! Peut-être un peu plus calme l’été, mais souvent, c’est tout : une vingtaine de musiciens, parfois plus. Parfois en dansant, ensembles sur les places, il y a quelques chanteurs qui chantent aussi, à l’occasion, des petites chansons.
Danses et airs de musiques traditionnelles sont à l’honneur jusque vers minuit.
Photo: - / Frédéric Vigeant
Amitié et transmission de la musique
Ces séances de musique traditionnelle, où l’on voit de jeunes musiciens côtoyer d’anciens vétérans du trad, sont de belles occasions de partage, mais aussi d’apprentissage. Le violoniste et guitariste Martin Racine, ancien membre de La Bottine Souriante, peut en témoigner.
Pour un musicien traditionnel, tout commence à Confiture! Je vis ici dans le quartier depuis 40 ans. Le premier confituresJe les ai fabriqués ici, dans les appartements. C’est ici que j’ai rencontré les gars de La Bottine, lorsqu’ils ont déménagé au Québec. Nous “bummait” dans la rue, on jouait partout.
C’est un gros défi ! Parce que tout le monde n’est pas au même niveau. Nous sommes tous assis en cercle et tout le monde se regarde. Et il y en a un qui lancera une pièce de monnaie, vous savez !
ajoute Martin Racine.
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Olivier Soucy en entrevue
Photo: - / Frédéric Vigeant
Olivier Soucy a commencé à fréquenter des séances de musique traditionnelle il y a plus de 20 ans. Il a changé de place au fil du temps. Mais, les musiciens qui jouent de la musique Trad sont faits pour jouer ensemble, hein ! Oui, il y a des groupes qui font des spectacles, comme Les Chauffeurs à pieds, mais je pense que la plupart des musiques traditionnelles sont jouées ensemble, comme ça, dans des rencontres informelles. Comme nous le faisons ici chaque semaine.
Nous développons définitivement des amitiés. Mais au-delà de ça, je dirais que tout le monde ici est un peu collectionneur d’airs traditionnels. Cela signifie que nous n’en avons jamais assez. Dès qu’on entend quelque chose qu’on ne connaît pas, cela nous chatouille, on a envie de l’apprendre. Nous voulons l’apprendre nous-mêmes pour y jouer, mais nous voulons aussi l’enseigner aux autres par la suite.
Cette musique vient d’ici, alors tu dois la jouer
estime Olivier Soucy.
Être violoniste
Pour Olivier Soucy, être violoniste, ça s’apprend beaucoup violon d’oreille
.
En regardant les autres, on finit par savoir jouer pour retrouver la petite touche traditionnelle au violon. Parce que nous ne sommes pas des violonistes ; nous sommes des violoneux. Il y a un petit quelque chose de différent que les violonistes peuvent avoir du mal à comprendre au début. C’est une expérience d’apprentissage!
Un ethnologue de la musique pourrait sans doute en dire un peu plus, mais de mon point de vue, c’est certainement dans le balançoire. Toutes les notes ne sont pas jouées de la même manière. Ce qui le rend plus festif, plus excitant. On y retrouve également de nombreuses ornementations typiques de la musique traditionnelle québécoise, et qui s’inspirent un peu de la musique irlandaise aussi.
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Danser sur un carré avec des habitués locaux aux Salons d’Edgar.
Photo: - / Valérie Cloutier
Un peu ensemble carré avec ça ?
Vers 21h30, une piste de danse apparaît au milieu de la place. La veillée se poursuit avec demandeurGhislain Jutras.
Le demandeur ou le insensibleparce qu’il y en a aussi, c’est un peu un lien entre le groupe de musiciens et les danseurs. Et puis, c’est une sorte de chef d’orchestre, pourrait-on dire, qui décidera quelles danses seront dansées le soir en fonction du public.
says Ghislain Jutras.
Être à l’écoute du public pour créer une bonne progression dans chaque danse est l’un des objectifs du demandeur qui connaît tout un répertoire de ensembles carrés, quadrilles, cotillons et contredanses.
Un savoir-faire local
Avec les membres de Chauffeurs à pieds, Olivier Soucy a beaucoup voyagé pour présenter des morceaux de leurs neuf albums de musique traditionnelle québécoise, dont le dernier, Noé.
Nous avons tourné partout en Europe, aux États-Unis et dans de nombreux endroits à travers le monde, car partout dans le monde, la musique traditionnelle québécoise est quelque chose d’exotique. C’est juste nous qui y jouons. Ils ne peuvent pas embaucher un groupe ailleurs pour jouer ça. Ils embauchent quelqu’un du Québec pour jouer de la musique traditionnelle lors de leurs festivals. C’est donc très populaire et cela vous donne la possibilité de voyager.
Les séances de musique traditionnelle feront pause les mardis 24 et 31 décembre aux Salons d’Edgar. Mais ils reprendront en force, à partir du 7 janvier. Quant aux Chauffeurs à pieds, ils se produiront au Festival Kaléidoscope, le 29 décembre, à partir de 20 heures, dans les jardins de l’Hôtel-de-Ville.