Radio Fr : Franck Dubosc, ce film, « Un ours dans le Jura », est votre 3ème film en tant que réalisateur. C’était un petit retour à vos premières amours de la réalisation. Enfant, vous aviez un petit appareil photo, et vous alliez apparemment « embêter » vos amis et voisins pour faire des petits films ?
Franck Dubosc : Oui, effectivement. Comme tu dis, quand j’étais petite j’avais mon petit appareil photo et un petit projecteur, ça m’intéressait beaucoup. En fait, j’ai vite compris que c’était ce que je voulais faire. On avait 12, 13 ans, j’allais frapper à la porte de mes amis, c’était super mais ça énervait tout le monde. Et je me suis dit, si je veux être aimé, parce que je voulais être aimé, ce n’est pas ce que je dois faire, je ne dois pas être le patron. Être le patron n’est jamais le bon endroit. Et puis au fil du -, je me suis rendu compte qu’en fait, être réalisateur, ce n’est pas être patron. Quand on vieillit, on se dit, je vais tout faire pour être encore aimé en étant désagréable (sourire). Par exemple, Benoît Poelvoorde, il adorait le film. Il est venu me voir et m’a dit “Mon petit Francky, écoute, je comprends maintenant pourquoi tu m’as énervé.” (sourire) Quand on est réalisateur on s’amuse moins, on ne s’amuse pas avec les autres pendant le tournage. Nous sommes stressés, il est -, il est -. Il y a donc toutes ces facettes que je ne connaissais pas quand j’étais jeune, je ne savais pas que c’était si difficile. Et voilà, c’est tout ce qui m’a empêché de me lancer au début.
Et j’imagine qu’on a aussi un stress supplémentaire quand on est réalisateur. Dans le sens où vous devez assumer la responsabilité de tout, des bonnes critiques mais aussi des mauvaises critiques ?
Alors je vous le dis, j’accepte beaucoup plus facilement les critiques en tant que réalisateur qu’en tant qu’acteur. En tant qu’acteur, vous n’avez aucun contrôle, et en tant que réalisateur, je plaide coupable de tout ce que je fais. Quand on est acteur, on ne fait pas toujours le film qu’on aime, que ce soit dans le choix, dans la réalisation du film, ou dans la direction de l’acteur. Donc, bien sûr, je ne rejette pas la faute sur les autres réalisateurs. Mais nous avons vraiment une façon différente de voir les choses. J’ai reçu des critiques depuis «Everyone Stand Up», donc ça fait toujours mal si quelqu’un n’aime pas ça. Mais je prends mes responsabilités, je suis allé jusqu’au bout, j’ai mis la musique que je voulais, j’ai fait jouer les acteurs comme je voulais. Mais comme je le dis, je plaide coupable pour chacun de mes films.
“Un Ours dans le Jura”, que l’on pourra découvrir le 1er janvier 2025 au cinéma, il est donc certain qu’on est loin de l’ambiance “Camping” ou “Tout le monde debout”. Dès le départ, vous aviez envie d’explorer un autre style. Pour rester, bien sûr, dans l’humour, mais un humour plus noir. Ce film est présenté comme une comédie noire, une comédie sérieuse, mais personnellement, je le présenterais plutôt comme un thriller teinté d’humour. Est-ce que cela vous convient aussi ?
Oui, ça me va très très bien. D’ailleurs c’est ce qui permet de rire, c’est à dire que parfois on est soulagé de rire. Il y a les deux aspects mais l’aspect principal que j’ai voulu développer c’est le thriller, c’est de l’humour sérieux. J’ai vu des pièces où les gens riaient, les gens riaient ! Je n’avais jamais entendu autant de rires que dans un de mes films, j’ai été très surpris. J’ai des amis qui sortaient, qui venaient voir un thriller, et qui me disaient à chaque fois, mais est-ce une comédie ? Et je dis, tant mieux si vous pensez que c’est une comédie, parce que c’est le petit plus. J’aime le côté « et on rigole ». Je préfère « et on rit » plutôt que « on ne rit pas assez ». Alors, je préfère dire aux gens, il y a des morts, il y a un couple qui ne s’aime pas, puis qui s’aiment, et effectivement, il se trouve qu’on va rire de - en - quand même.
Nous allons évidemment faire un petit pitch pour ce film. Nous sommes un couple, Michel et Cathy. Ce couple, c’est vrai qu’ils sont assez épuisés par les problèmes financiers notamment, et ils ne se parlent plus beaucoup. Et puis, ce jour arrive où Michel, donc toi, pour éviter un ours, va heurter une voiture. Résultat, nous avons deux morts, à l’intérieur de la voiture nous avons un joli sac avec un pistolet à l’intérieur, et surtout nous avons deux millions d’euros. Et c’est un peu là que tout commence, Franck ? D’autant plus que les ours n’existent pas dans le Jura…
Oui, les ours n’existent pas dans le Jura et je pense qu’en retrouver deux millions dans une malle est encore moins courant (rires). On aurait pu appeler cela « deux millions dans un coffre-fort ». J’allais dire que les ennuis commencent ou que le bonheur commence peut-être aussi à ce moment-là.
CEn couple, vous l’interprètez avec la fabuleuse Laure Calamy. Michel est quelqu’un de timide, peu sûr de lui, un peu maladroit. Cathy, au contraire, prend tout sur ses épaules. Ce couple épuisé, en effet, finira par se retrouver grâce à cet accident de voiture, j’ai envie de dire ?
Oui, donc j’allais dire grâce à cet argent, mais ce n’est pas grâce à l’argent, c’est grâce à toute cette histoire, cette aventure extraordinaire, qu’ils vont se rapprocher. Il y a une phrase qui résume pour moi le film, dite par Emmanuel Devos qui joue également dans le film : « La meilleure façon de se retrouver, c’est de savoir où on va se perdre ».
Franck, je termine toujours ces interviews par un petit moment « Coup de coeur », tu as 50 films à ton actif, j’aimerais bien ton coup de coeur parmi la trilogie « Camping », « Disco » et « Loups-Garous » ? Le rôle que vous avez le plus aimé jouer ou les meilleurs moments du tournage aussi ?
Ah, c’est trois choses différentes même si dans « Camping » et « Disco » les personnages se ressemblent un peu. Evidemment, j’ai une tendresse pour Patrick Chirac. Je l’aime. On va dire Patrick Chirac, c’est le père de tous mes rôles, finalement.
Radio Fr. – Virginie Pellet