INTERVIEW. Valérie Adda dévoile les secrets de création des costumes pour les séries TV – .

INTERVIEW. Valérie Adda dévoile les secrets de création des costumes pour les séries TV – .
INTERVIEW. Valérie Adda dévoile les secrets de création des costumes pour les séries TV – .

Si tu voyais Le bazar de charité diffusé en 2019 sur TF1, on pouvait difficilement oublier la séquence de l’incendie, ou encore la robe graphique d’Audrey Fleurot, tout en noir et blanc. Derrière ces détails iconiques, se cache une créatrice à l’imagination aussi débordante que son amour des actrices : Valérie Adda. Avec ses grandes lunettes carrées et son rire contagieux, cette costumière aux doigts de fée a travaillé sur des productions d’une grande diversité, entre le XVIIe siècle et les récits contemporains. Lors du festival Séries Mania à Lille en mars dernier, elle nous confiait ses secrets pour réaliser les plus beaux costumes à l’écran.

Comment préparez-vous des costumes adaptés à une époque particulière ?

Tout d’abord, je commence par un scénario, et je recherche la période, notamment l’histoire du costume, pour préciser chaque bijou, accessoire ou encore lingerie. J’apprends aussi les us et coutumes ou le contexte politique en fréquentant les bibliothèques ou les musées, qui sont des sources de détails incroyables. Par exemple, pour Les combattantsJ’ai appris que les prostituées étaient enregistrées et avaient des numéros. Ils étaient considérés comme un bien public, et des bordels étaient créés aux abords des fronts pour réconforter les soldats. Donc cela alimente forcément les costumes : grâce à eux, on raconte une histoire et on entre dans de véritables tranches de vie. Nous ne sommes pas là seulement pour montrer le miroir d’une époque. Et plus nous connaissons de détails sur une période historique, plus nous pouvons aussi nous en libérer.

Comment choisissez-vous les textures et les couleurs ?

Cela vient avec le personnage. Quand je commence à lire un scénario, j’ai déjà des images qui me viennent à l’esprit : c’est physique. Je vois les matières, je vois si je veux qu’elles bougent, ou qu’elles soient plus rigides, et je vois les motifs, les lignes, les couleurs et les ambiances aussi. Par exemple, dans Le bazar de chariténous avons le personnage d’Audrey Fleurot, une femme enfermée partout dans sa vie, avec des lignes et des carrés sur ses tenues. Camille Lou, quant à elle, est une jeune bourgeoise très fougueuse, fleurie et aux couleurs vives. Et puis, pour Julie de Bona, j’ai voulu mettre en valeur des matières fluides avec des couleurs pastel, qui représentent le mouvement, la vie, même si elle vient de frôler la mort. Je recherche toujours la particularité de chaque personnage, sa sensibilité.

Quels sont les délais de création lorsque vous travaillez sur une série ?

Cela dépend de l’ampleur du projet, mais en général cela peut prendre entre 18 et 28 semaines. Nous avons d’abord une maquette avec dessins, recherche de tissus. Puis on lance l’atelier couture pour réaliser les costumes à partir d’un prototype, et en même temps on part chiner partout pour dénicher des pièces d’époque originales. Nous rassemblons ainsi un stock important, souvent en nous adressant à des loueurs professionnels, à des collectionneurs privés, ou encore à Emmaüs. Ce qui est important c’est de tout mélanger. Et soudain, la vie prend forme.

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Concrètement, comment donner vie aux costumes ?

Pour moi, ce qui est essentiel, c’est de vieillir le vêtement, c’est-à-dire de le patiner. Il faut les râper, les teindre et leur donner un aspect vieilli, puisque les personnages ne sortent pas des boutiques de mode. Il y a donc plein de méthodes comme mettre des boîtes de conserve pleines dans les poches puis les mouiller pour donner une impression de vie. On froisse aussi les manches, on utilise des sprays de couleurs, et même des poussières de film spéciales ! Et j’adore ajouter des couches ou des accessoires. Voir un acteur jouer avec sa bague ou sa montre change tout. Le détail, dans l’image, enrichit toujours les personnages. Il ne faut surtout pas que les spectateurs aient l’impression de voir du carton. Le défi est de leur faire oublier le costume, puisque c’est l’histoire qui est importante avant tout.

Verser Le bazar de charitévos costumes ont dû brûler pour la fameuse scène d’incendie…

Ce qui était compliqué, c’était de ne pas tourner les séquences dans l’ordre chronologique, puisqu’on commençait par l’incendie, avant de filmer les arrivées à l’extérieur. J’ai donc dû réaliser chaque tenue en double, ce qui représentait plus de 400 pièces. J’ai réalisé des séries avec 4 hauts différents, 4 jupes ou encore 4 vestes, avec des tissus uniques. Il fallait aussi tenir compte du feu, donc tout devait être fabriqué à partir de matériaux naturels, qui se transforment en cendres, et surtout pas de matériaux synthétiques, qui peuvent coller à la peau. Rien que pour cette scène, nous avons collaboré avec 40 habilleurs pour habiller 300 personnes en deux heures. C’était assez impressionnant.

On imagine que ce travail se fait aussi les acteurs et actrices…

Nous travaillons avec tous les postes. D’abord avec le réalisateur, qui me donne sa vision, et à qui j’apporte mes idées, mais aussi avec les décors. Finalement, à un instant donné, tous les métiers se rejoignent dans cet énorme rouage qu’est l’image. Avec les comédiens, nous travaillons autour du physique et du caractère de leurs personnages. J’essaie de leur faire revêtir une peau différente de la leur, pour qu’ils puissent entrer dans une autre vie. Et quand on voit enfin les costumes pendant le tournage, c’est vraiment magique : d’un coup, on entre dans le rêve.

 
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