Julien Favreau a été confirmé au poste de directeur artistique de la compagnie, qui fait face à des pertes estimées à 1 million de francs suisses.
C’est un soleil : Julien Favreau incarne ce type de danseur charismatique comme les aimait Maurice Béjart. Splendide, engagé, généreux, capable de porter derrière lui la ferveur du public et des autres danseurs. Nommé directeur par intérim, après le licenciement de son prédécesseur Gil Roman pour harcèlement le 2 février 2024, Julien Favreau, 46 ans, relève le défi de ramener la compagnie aux joies de la danse. Il a été confirmé comme directeur artistique vendredi matin.
Il ne reste plus qu’à inventer une saison, alimenter les tournées, commander des créations, remonter des ballets… Déjà le BBL a fait salle comble au Palais de Beaulieu à Lausanne à la mi-juin sur le dernier programme de Gil Roman, deux créations confiées à des chorégraphes. qui avait un lien avec la technique Béjart, et Julien Favreau sur la table de Boléro en apothéose finale. Il ne nous reste plus qu’à continuer. Plus facile à dire qu’à faire.
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Car si la confirmation de Favreau au poste de directeur artistique réjouit, elle s’accompagne malheureusement d’une nouvelle assez sombre. L’entreprise accuse, selon une enquête de la chaîne suisse RTS, un million de pertes sur un budget de 10 millions de francs suisses, subventionné à hauteur de 5,3 millions par la ville de Lausanne.
En fait, la compagnie peine à se relever de l’audit mené en 2021 à la suite de plaintes pour harcèlement contre Roman. Pourtant, à l’issue de cet audit, tout était censé redémarrer en trombe : Roman, repenti, avait été confirmé, mais encadré par un directeur général, un directeur des ressources humaines et un directeur financier. Soit deux postes et demi créés. Dans la foulée, les danseurs avaient bénéficié d’une augmentation. Une augmentation de 600 000 euros des charges de personnel, indique la RTS. Une situation intenable, sans nouvelles recettes, avaient alors fait état les responsables du ballet. A moins d’augmenter le nombre de tournées, ce qui fut fait. A moins de trouver des mécènes, la compagnie n’en avait plus. Nommé directeur général, GianCarlo Sergi était censé en apporter. Mais cet homme qui a joué au basket n’a absolument pas les connaissances de la danse ou des ballets de Béjart pour faire rêver les mécènes. Il n’a pas non plus les qualités relationnelles nécessaires pour convaincre dans la culture. Julien Favreau devra sans doute mener cette partie aussi.
Licenciements
Incapable de trouver ces ressources et d’avoir une passion pour la danse, Sergi a licencié.Certains postes BBL ont été supprimés. Il s’agit de garantir que les ressources disponibles correspondent aux besoins de l’entreprise.», a-t-il déclaré à la RTS. Ainsi, pour l’instant, le secrétaire du directeur artistique, que Maurice Béjart avait chargé de s’occuper de la compagnie après son décès, a été licencié, ainsi qu’Azari Plissetski, professeur de danse et pianiste de la compagnie. Ils seront désormais rémunérés à la représentation, ce qui ne devrait pas affecter la performance artistique de la compagnie. Juichi Kobayashi reste maître de ballet, Domenico Lebre et Elisabeth Ross comme répétiteurs. Y aura-t-il d’autres licenciements ? Sergi se réorganise et n’exclut rien.
Le président par intérim du conseil de fondation du BBL, le syndic de Lausanne Grégoire Junod, a demandé de continuer à puiser dans les réserves du ballet pour faire face à ce million de dettes. “Nous l’avons déjà fait et ils sont vides“, confie une personne informée qui préfère garder l’anonymat.Celui qui reste, était intouchable sur ordre de Béjart ; c’est l’argent qu’il destinait à la reconversion des danseurs“Combien de temps peut-elle tenir ? Le soleil de Favreau brillera-t-il suffisamment pour éclaircir ce ciel lourd ?”
