ce jeune chef normand fait des vagues en Irlande

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Pierre Boissonnat

Publié le

25 novembre 2024 à 6h00

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Dans la famille Expulsédemande au neveu. Après Jacques, qui a créé Erisay Réceptions, avant que Frédéric n’en prenne la relève et ne la fasse grandir, la troisième génération commence à naître. Gagnant23 ans

Le jeune homme, originaire de Bouafles, entre Gaillon et Les Andelys (Eure) qui exerce le métier de chef à Dublin chez Chapitre unl’un des restaurants les plus célèbres de l’île, a remporté le prix Concours Euro-Toques, Jeune Chef de l’Année 2024 (jeune chef de l’année 2024).

Même s’il ne courait pas après les concours culinaires, le chef avait quand même envie de s’essayer à l’aventure « de rivaliser avec les autres ». Mais “je ne m’attendais pas à ce résultat”, confie-t-il. “J’étais déjà content d’atteindre la finale.”

Victor Erisay avec le jury et les autres participants au concours. ©RUTH CALDER-POTTS

Bien qu’il ait grandi dans une famille où la cuisine joue un rôle plus qu’important, Victor Erisay n’imaginait pas au départ en faire son métier. « J’ai eu une éducation traditionnelle entre Bouafles, Les Andely et Vernon avant d’arriver à Liceo André-Malraux à Gaillon”, dit-il.

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Institut Paul-Bocuse, Régis Marcon et Deauville

Ce n’est qu’après l’obtention de son baccalauréat scientifique qu’il décide de se consacrer à la cuisine. «J’ai postulé pour rejoindre leInstitut Paul Bocuse à Lyon et j’ai été sélectionné dans cette prestigieuse école», poursuit le jeune homme.

En 2019, il quitte la Normandie à laquelle il est tant attaché – comme en témoigne le drapeau léopard encore brodé aujourd’hui sur sa veste de cuisinier – pour la capitale des Gaules.

«Ça a été très enrichissant et ça m’a ouvert des portes grâce aux stages», explique celui qui a ensuite fait ses armes auprès du chef triplement étoilé Régis Marcon au Clos des Cimes pendant trois mois au terme d’une première année marquée par les débuts de la pandémie.

Durant les trois années d’études au sein de l’institution créée par le plus célèbre représentant de la cuisine lyonnaise, Victor Erisay poursuit son apprentissage, dont un passage à Deauville. Profite de l’occasion pour rencontrer Camilleson associé, spécialisé dans le room service, puis passe ses vacances scolaires à aider dans l’entreprise familiale basée à Saint-Aubin-sur-Gaillon.

Victor Erisay avec les membres du jury du concours Euro-Toques de l’Année. ©RUTH CALDER-POTTS

Pour leur stage de fin d’études, Victor et Camille décident de quitter temporairement la et de s’essayer à l’Irlande. «Le stage de six mois s’est transformé en travail et nous sommes là depuis 2022», explique celui qui fut le premier à passer un an dans les cuisines du restaurant bistronomique. Le Merrione Ha Dublin avant de rejoindre Chapitre un.

Canard irlandais

Sous le contrôle de Mickaël ViljanenChef du restaurant dublinois, Victor décide de tenter l’aventure Euro-Toques en décembre 2023.

« Nous avons travaillé ensemble pour constituer le dossier que nous avons envoyé en janvier. Comme tous les candidats nous avons dû travailler autour du thème de la régénération des produits”

Victor Erisay.

Après avoir créé une recette, passé un entretien devant le jury du concours pour défendre sa place, le chef normand est finalement sélectionné parmi les 14 candidats pour les demi-finales. « Ils ont eu lieu pendant l’été. Il fallait créer une recette en une heure avec une boîte mystère contenant les ingrédients que nous avions découverts. Il suffisait de faire des gnocchis », se souvient Victor.

De quatorze, le nombre de candidats passe à sept pour la finale. « Nous avons eu deux mois pour créer une entrée et un plat à base d’abats mettant en avant le canard irlandais. Mon patron et moi avons travaillé sans relâche pour trouver les bons éléments », explique Victor Erisay.

C’est le magret de canard cuit, sauce à l’orange servi avec des carottes et des betteraves, qui a fait la différence en faveur de Victor Erisay. ©RUTH CALDER-POTTS

Pour les 80 ans de sa grand-mère

Le jour de la finale du concours, dimanche 6 octobre, Victor est prêt à sortir ses deux assiettes.

«C’était le 80e anniversaire de ma grand-mère. J’étais le seul à ne pas pouvoir participer. Cela m’a donné une motivation supplémentaire.”

Victor Érisay

Cependant, rien n’a été réalisé. « Le jury n’a pas beaucoup apprécié ma candidature et m’a attribué une note de 6/10 », glisse le jeune chef. Mais c’est la cuisson de son magret de canard cuit sur magret de crapaud qui a fait la différence grâce à sa sauce à l’orange « classée 3 étoiles ».

C'est le magret de canard cuit sur le magret, sauce à l'orange servi avec des carottes et des betteraves, qui a fait la différence en faveur de Victor Erisay.
C’est le magret de canard cuit sur le magret, sauce à l’orange servi avec des carottes et des betteraves, qui a fait la différence en faveur de Victor Erisay. ©RUTH CALDER-POTTS

Lorsque la nouvelle est arrivée, Victor Erisay ne s’y attendait pas du tout. « C’était encore plus fier de remporter cette compétition, poursuit-il.

« Durant cette période, c’était très intense. J’ai même pensé à abandonner. Ce n’était pas facile avec beaucoup de stress. Ce n’était pas forcément facile pour mon entourage et surtout pour Camille qui m’a bien soutenu”

Victor Érisay

D’autres voyages avant de retourner en Normandie ?

Après ce premier succès, certains pourraient être tentés de poursuivre sur le chemin des concours culinaires. Pas forcément pour Victor Erisay. « Beaucoup de sacrifices sont encore nécessaires mais je ne ferme pas la porte. Et avec Camille nous avons d’autres envies. » Si le couple compte rester encore quelques temps sur l’île celtique, « on pourrait penser à revenir en Normandie pour ouvrir notre propre établissement ». Et inscrire ainsi davantage le nom d’Erisay dans le panorama gastronomique normand.

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