Le compte à rebours a commencé : le Festival International du Film de Marrakech, prévu du 28 novembre au 7 décembre, propose plusieurs nouveautés, dont l’animation du centre M Avenue situé à l’Hivernage, qui remplace les projections en plein air pour le grand public sur la place Jamaa El- Place Fna, exclue du programme pour la deuxième année consécutive.
La compétition officielle présentera 14 films, évalués par un jury prestigieux présidé par le réalisateur italien Luca Guadagnino.
Parmi les autres innovations, évoquées dans cet entretien avec Ali Hajji, coordinateur général et membre du comité de sélection du FIFM, il y a l’élargissement de la section « Conversations », qui accueillera désormais 15 personnalités du cinéma au lieu de 10. La liste comprend réalisateurs et acteurs de renom, récompensés par des Oscars, des Golden Globes et des prix prestigieux aux festivals de Cannes, Venise et Berlin.
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Ali Hajji: le festival s’ouvrira avec « L’Ordre» de Justin Kurzel, un thriller politique d’une maîtrise extraordinaire, avec un Jude Law en grande forme et situé dans le milieu suprémaciste blanc américain des années 1980.
Durant les 9 jours du festival, les spectateurs seront invités à découvrir une sélection très diversifiée de genres et de nationalités : 71 films en provenance de 32 pays composent cette année la sélection, dont 12 films marocains et 9 films en avant-première mondiale ou internationale. La compétition officielle, section phare du festival, dédiée à la découverte de jeunes cinéastes du monde entier, présentera 14 œuvres qui seront exposées au jury international présidé par le réalisateur italien Luca Guadagnino (« Call Me by Your Name»« Challengers»). A ses côtés on retrouvera, entre autres, l’acteur anglo-américain Andrew Garfield (« The Social Network »), l’actrice belge Virginie Efira (« Victoria»), le réalisateur iranien Ali Abbasi (« L’Apprenti»), l’actrice marocaine Nadia Kounda (« Volubilis»), ou encore l’acteur australien Jacob Elordi (« Euphoria»).
Parmi les films de gala on peut citer le très attendu « Tout le monde aime Touda» de Nabil Ayouch, porté par l’interprétation vibrante de Nisrin Erradi ou encore «Les graines du figuier sauvage » de l’Iranien Mohammad Rasoulof, un film courageux et puissant.
« Le programme Conversations connaîtra une montée en puissance notable, avec 15 rendez-vous programmés cette année, contre 10 l’an dernier. La liste des talents participants cette année est exceptionnelle et comprend des réalisateurs et acteurs lauréats d’un Oscar et d’un Golden Globe de Cannes, Venise et Berlin.
— Ali Hajji, coordinateur général et membre du comité de sélection du FIFM
Cette année, le festival rend hommage à 3 personnalités emblématiques du cinéma, dont le parcours d’excellence, de talent et de générosité a marqué plusieurs générations : la grande dame du cinéma marocain, décédée le mois dernier, Naïma Elmcherqui, la double actrice américaine Oscar le gagnant Sean Penn et le réalisateur culte canadien David Cronenberg.
Le programme « Conversations ».» verra une montée en puissance significative, avec 15 réunions attendues cette année, contre 10 l’an dernier. La liste des talents de cette année est exceptionnelle et comprend des réalisateurs et des acteurs lauréats d’un Oscar et d’un Golden Globe de Cannes, Venise et Berlin. Pour n’en citer que quelques-uns : le réalisateur américain Tim Burton (« Beetlejuice, Beetlejuice »), le réalisateur mexicain Alfonso Cuarón (« Roma»), la réalisatrice française Justine Triet (« Anatomie d’une chute ») ou encore le réalisateur américain Todd Haynes (« Mai décembre»). Un échange sur leurs premiers films aura lieu avec les jeunes cinéastes marocains Alaa Eddine Aljem, Yasmine Benkiran, Ismaël El Iraki et Kamal Lazraq.
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La programmation professionnelle du festival connaît cette année des évolutions. Pouvez-vous nous dire en quoi consistent ces nouvelles fonctionnalités ?
Les laboratoires Atlas»la programmation professionnelle du festival dédiée aux réalisateurs marocains, arabes et africains continue de se développer et propose de nombreuses nouveautés. Ils se dérouleront sur 5 jours au lieu de 4 l’année dernière, pour explorer des domaines plus professionnels et artistiques. Une nouvelle rubrique, intitulée « Atlas Station»sera lancé pour accompagner les jeunes réalisateurs et producteurs marocains qui souhaitent perfectionner leurs compétences pour s’ouvrir à l’international. Et lors de cette septième édition des « Ateliers de l’Atlas » se tiendra une journée dédiée à la distribution.
Nous organisons également un atelier d’initiation et de perfectionnement à la critique cinématographique pour les étudiants pendant le festival, suite au succès de celui organisé pour les journalistes travaillant au Maroc l’été dernier.
Qu’est-ce qui a déterminé le choix des films pour la sélection officielle de cette édition 2024 ?
Avec le comité de sélection, nous avons cette année passé au crible plus de 1 000 films pour en sélectionner 71. Il s’agit autant de regarder le plus de films possible pour dénicher les pépites et révéler de nouveaux réalisateurs prometteurs, que de solliciter davantage de films auprès du public des administrateurs généraux. identifié. Nous sommes à chaque fois attentifs à la singularité d’un regard, aux questions morales et politiques posées par un film et à leur résonance dans nos sociétés contemporaines, ainsi qu’aux qualités de la mise en scène et de la narration.
« Avec « La Mer au loin », Saïd Hamich réalise un film émouvant qui suit le parcours d’un émigré clandestin marocain à Marseille dans les années 1990. Le film a reçu le soutien des Ateliers de l’Atlas avant d’être présenté à Cannes en mai dernier lors de la Semaine de la Critique.
— Ali Hajji, coordinateur général et membre du comité de sélection du FIFM
Ensuite, chacune des 6 sections du festival a sa spécificité : la compétition est dédiée à la découverte de jeunes cinéastes du monde entier qui réalisent une première œuvre ou un deuxième long métrage ; les « Gala Screenings » présentent une sélection des films internationaux les plus attendus de l’année, en présence de leur prestigieux casting ; les « Séances Spéciales » présentent des films contemporains de réalisateurs salués par la critique ou par les plus grands festivals internationaux ; le « Panorama du cinéma marocain » propose de découvrir une sélection de fictions et documentaires récents issus de la production nationale ; le « Onzième Continent » présente des films audacieux qui bouleversent les représentations cinématographiques ; enfin, la section « Jeunesse & familles » est composée de films destinés aux enfants et adolescents de 4 à 18 ans et au public familial.
Deux réalisateurs marocains seront en compétition pour l’Étoile d’Or. Qu’est-ce qui justifie ce choix ?
Avec « La Mer au loin », Saïd Hamich réalise un film émouvant qui suit le parcours d’un émigré clandestin marocain à Marseille dans les années 1990. Le film a été soutenu par les Ateliers de l’Atlas avant d’être présenté à Cannes en mai dernier à la Semaine de la Critique. C’est une œuvre qui se démarque par son ampleur et qui est réalisée par un acteur dont on fera de plus en plus parler, Ayoub Gretaa. Il est rare, dans le cinéma marocain, de voir des films se déroulant entre les deux pays, la France et le Maroc. Hind Meddeb est une cinéaste d’origine marocaine par sa mère, dont le documentaire “Sudan, Remember” est une coproduction entre la France, la Tunisie et le Qatar. Tourné au Soudan, le film est un hymne poétique à la résistance de la jeunesse soudanaise qui décrit avec une grande sensibilité le quotidien des personnages communs de la révolution qui a secoué ce pays. Il a également bénéficié du soutien des Ateliers de l’Atlas et a été présenté en première mondiale à la dernière Mostra de Venise.
« Le festival se distingue par un concours dédié à la découverte des jeunes auteurs. En exposant ces œuvres devant des jurys prestigieux, elle crée une rencontre unique entre cinéastes débutants et les plus grands noms du cinéma mondial.
— Ali Hajji, coordinateur général et membre du comité de sélection du FIFM
Les projections sur la place Jamaa El-Fna reviendront-elles après deux ans d’absence ?
Cette année, le festival s’ouvre autrement sur la ville à travers un nouvel équipement sur l’avenue M, où de nombreuses animations sont prévues pour le grand public et les cinéphiles. L’organisation de « Conversations » au théâtre Meydene permettra également à un plus grand nombre de festivaliers de rencontrer de grands noms du cinéma mondial, offrant à chacun une expérience enrichissante et encore plus inclusive. Le festival reste accessible à tous les publics. Il suffit de vous inscrire sur le site pour accéder à toutes les projections et aux différentes conversations proposées.
Où se positionne aujourd’hui le FIFM dans la cartographie des principaux festivals de cinéma dans le monde ?
Le FIFM jouit d’une grande crédibilité internationale et est considéré comme l’un des événements les plus importants de la région. Chaque année, les plus grandes personnalités du cinéma mondial y participent et plusieurs centaines de professionnels du monde entier se déplacent pour présenter leurs films ou participer aux séances proposées par les « Ateliers Atlas ». Le festival se distingue par un concours dédié à la découverte des jeunes auteurs.
En exposant ces œuvres devant des jurys prestigieux, elle crée une rencontre unique entre cinéastes débutants et les plus grands noms du cinéma mondial. Pour un jeune auteur, recevoir un prix décerné par un jury présidé par Scorsese ou Coppola est un formidable élan pour sa carrière, en plus d’être un souvenir inoubliable. Gardons tous en tête l’image historique de la 20ème édition : Asmae El Moudir recevant l’Étoile d’Or des mains de Jessica Chastain. Cette image est emblématique de l’esprit du festival de Marrakech et de la magie qu’elle peut créer.