Il y avait l’homme de 6 millions. Voici maintenant la société aux 10 millions. Avec son programme Stage V, l’organisme Québec Tech souhaite aider jusqu’à 15 jeunes entreprises chaque année à augmenter leur chiffre d’affaires à 10 millions d’ici un maximum de cinq ans. L’atout dans le trou : les exportations.
Québec Tech a dévoilé mercredi les cinq premières entreprises qui seront soutenues dans le cadre de la Phase V : Biointelligence Technologies, Ferreol Technologies, Flovver, Lime Santé et Maket. À l’image du secteur des nouvelles technologies québécoises, ces entreprises sont réparties dans différentes régions de la province et occupent des secteurs tels que l’intelligence artificielle, les technologies financières et de la santé ainsi que les matériaux de demain.
Comme plusieurs entreprises dans leur situation, ces cinq PME se retrouvent également entre deux présidents, constate le directeur général de Québec Tech, Richard Chénier. «Il existe une sorte de no man’s land pour les jeunes entreprises à fort potentiel de croissance, avant qu’elles n’aient accès à des services comme ceux d’Exportation et développement économique Canada (EDC) et des entreprises», a-t-il déclaré en entrevue avec La presse. 10 millions de dollars est un chiffre magique. Il existe des services qui deviennent accessibles à ce stade, comme ceux d’EDC. Nous nous occuperons d’amener les entreprises à ce niveau. »
L’objectif du Stade V est donc d’accompagner une quinzaine d’entreprises par an dans les années à venir. Cela signifie qu’il y a plus d’entreprises dans la province qu’on ne l’imagine, dont le chiffre d’affaires atteint déjà quelques millions de dollars par année et qui sont vouées à croître rapidement.
Le premier sondage de Québec Tech a identifié 54 candidats potentiels.
Un processus de sélection a été effectué pour sélectionner les premiers participants au programme, mais le bassin s’annonce prometteur pour l’avenir, même si Richard Chénier ne se fixe pas d’objectif précis.
« S’il y avait moins d’entreprises répondant à nos critères, nous en aurions moins de 15 », a-t-il déclaré. Nous voulons des entreprises dont les produits sont déjà sur le marché, ce qui demande un certain niveau de maturité, mais laissent la place à d’autres, qui attirent de gros partenaires stratégiques, mais dont le lancement sur le marché aura lieu plus tard. »
L’entrepreneur montréalais cite en exemple Ki3 Photonics, qui travaille sur la photonique quantique, une technologie qui, comme son simple nom l’indique, n’est pas encore à son apogée commerciale. Ki3 travaille toujours avec des clients prestigieux, à commencer par l’armée américaine.
Des champions aux fleurons
Québec Tech est née cet été des cendres de Startup Montréal. L’organisme a redéfini sa mission pour s’insérer un peu plus loin que son prédécesseur dans la chaîne québécoise de soutien aux nouvelles technologies. D’après les jeunes pousses, souvent surnommées commencerce sont les jeunes entreprises à forte croissance, que nous appelons grossir dans le jargon de l’industrie.
C’est là que Québec Tech voit un besoin croissant de soutien. Pas nécessairement financier, car à ce stade les entreprises génèrent déjà des revenus. Mais pour tout le reste : mise en réseau, aide à l’export, élaboration d’une stratégie commerciale. Ce sont en tout cas les outils qui seront proposés dans le cadre de la Phase V.
Richard Chénier espère qu’après la fin de ce soutien, ces jeunes entreprises pourront continuer à augmenter leurs revenus « au-delà de 100 millions voire d’un milliard » de dollars. « Nous voulons trouver nos futurs champions. Ce seront nos futurs produits phares, peut-être pas le prochain Couche-Tard, mais nous aurons peut-être les futurs Lightspeed, Hopper et autres. »
Un objectif ambitieux, alors que le Québec, comme le Canada, vit une grave crise entrepreneuriale : le pays manque d’entrepreneurs, tant pour développer de nouveaux projets que pour reprendre des entreprises existantes. On le voit, entre autres, dans le petit nombre de nouvelles entreprises québécoises qui tentent de s’introduire en bourse.
C’est quelque chose que Québec Tech espère corriger. « Notre objectif est de faire de l’entrepreneuriat un moteur de croissance pour l’ensemble de l’économie de la province », conclut Richard Chénier.