A la X, la ministre de la Culture Rachida Dati a salué la mémoire d’un “monstre sacré de la chanson française”.
La carrière de ce trompettiste de formation prend un tournant décisif au début des années 1960, lorsqu’il convainc la star Édith Piaf d’interpréter une de ses compositions.
« Non, je ne regrette rien » est devenu depuis un standard inoubliable de « La Môme », connu dans le monde entier.
“Ma mère m’a donné naissance mais Édith Piaf m’a donné naissance”, raconte ce musicien né à Cahors le 26 mars 1929. “Sans elle, je n’aurais jamais fait tout ce que j’ai fait”, assurait-il à l’AFP en 2015.
Cependant, il a fallu un long chemin avant que Piaf accepte de mettre sa voix impertinente sur le morceau.
C’est en 1956 que les notes de ce qui deviendra l’une des chansons françaises les plus connues au monde sortent du piano de Charles Dumont, alors musicien méconnu de 27 ans.
Mais le chanteur n’est pas convaincu. “Piaf m’avait déjà viré trois fois, je ne voulais plus la revoir”, racontait Charles Dumont à l’AFP en 2018. “Mais Michel Vaucaire, qui a écrit les paroles, m’a convaincu de réessayer en 1960. Lorsqu’il a su qu’il Je serais là , a-t-il crié, exigeant que le rendez-vous soit annulé.»
« Nous nous sommes quand même présentés chez lui. Il nous a laissé entrer. J’ai joué le morceau au piano. Et… nous n’avons jamais rompu », a-t-il déclaré. « À l’époque, elle était au plus mal et ce titre a conduit à sa résurrection. »
Commence alors une collaboration qui durera plusieurs années, jusqu’à la mort de Piaf en 1963, qui donnera naissance à plus de 30 chansons, dont « Mon Dieu », « Les floflons du bal » et « Les Amants ».
“Si je suis devenu un compositeur international, c’est grâce à Edith”, dit Dumont, qui travaillait alors avec l’Américaine Barbra Streisand.
« C’est le destin qui m’a frappé aux fesses. Un éditeur m’a conseillé de lui offrir une de mes compositions. Je suis allé à New York. Je l’ai joué au piano dans sa loge à Broadway (…). Il m’a dit : +J’aime vraiment ça.
“Le Mur”, chanté en français sur la face A, et sa version anglaise intitulée “I’ve been Here”, sur la face B, figurent sur le huitième album de la star, “Je m’appelle Barbra”, sorti en 1966.
La carrière de chanteur de Dumont est également marquée par sa compagnie avec Piaf, pour qui il fait parfois la première partie.
« Un soir, en sortant de scène, je lui ai dit que le public n’était pas bon. Elle m’a regardé droit dans les yeux et m’a dit : « Ce n’étaient pas eux qui étaient mauvais. C’est toi qui n’étais pas bon+. J’ai alors compris que ce n’est pas le public qui fait notre succès, c’est ce qu’on donne qui marche.”
À la mort de Piaf, il reprend le micro avant d’abandonner ses chansons contestataires pour adopter un registre de crooner, terme qui ne lui plaît pas. « Laissons le soin aux Américains, qui le font si bien ! », a-t-il déclaré.
Il a une série d’albums dans lesquels l’amour se taille la part du lion.
Jusqu’en 2019, il a continué à se produire sur scène. “Quand vous revenez devant un public, qui vient vous voir comme il y a 20, 30 ou 40 ans et vous fait le même accueil, alors il vous rend vos 20 ans”, a-t-il expliqué.