“Une violation de ma vie privée”, déclare Saâda Arbane

“Une violation de ma vie privée”, déclare Saâda Arbane
“Une violation de ma vie privée”, déclare Saâda Arbane

La presse grand public en , de Monde a Valeurs actuellesen passant par Libération et Le pointdénonce par avance toute remise en cause littéraire ou idéologique des propos et écrits de celui qui vient de recevoir le Goncourt pour son Houris (Gallimard, 2024). Mais cette mise en accusation venue d’Algérie, si elle était avérée, serait de nature à briser sur le plan éthique cette unanimité médiatique autour de »le roman le plus féministe de la rentrée» (Frédéric Beigbeder) par lequel « un jeune survivant […] de la guerre civile algérienne [mettrait] enfin des mots sur son histoire» (Elle 04/11/24).

SurUn téléviseurSaâda Arbane estime en effet que cet auteur qui prétend donner la parole aux femmes de son pays contre les islamistes le ferait en réalité « dépossédé une victime du terrorisme de son histoire, de sa vie, contre son gré», et malgré « les refus catégoriques de ses parents de leur vivant».

Elle assure que l’auteur algérien aurait « exploité son histoire personnelle sans son consentement », ou encore en abusant de confidences recueillies dans un cadre médical. Ayant “il a fallu plus de vingt-cinq ans pour oublier» fils «traumatisme», estime-t-elle, ce que Kamel Daoud aurait «a attisé les blessures »d’unhistoire qu’elle considérait comme ” le seul à décider comment [elle devait] sortir ».

«Ma famille et mon entourage, qui savaient que je ne voulais pas parler de cette histoire, ont été choqués.», témoigne-t-elle, ajoutant que cette histoire, « C’est quelque chose qui me dérange dans ma vie.Tout le me disait : «C’est bizarre ce que tu as fait » « . Après la publication deHouris « On m’a même appelé pour me demander combien j’avais été payé pour le livre « . UN ” ami vivant à Paris» avait du mal à croire que « J’ai laissé mon histoire être utilisée de cette façon. ».

Le secret médical balayé ?

Elle-même a été marquée : «Quand j’ai commencé à lire le livre, je n’ai pas dormi pendant trois jours« . Et d’ajouter : «Cela fait 25 ans que je cache mon histoire, que je cache mon visage, que je refuse qu’on me montre du doigt. C’est horrible…»

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Elle ajoute cette accusation plus grave contre l’écrivain concernant «détails de sa vie personnelle» qu’elle ne confiait qu’en thérapie : «Il a tout pris à sa femme […].Nous ne pouvons pas parler ainsi tant que nous n’en avons pas fait l’expérience. […].C’est ma vie, c’est mon passé. Moi seul peux juger du résultat. Ce n’est pas à lui de faire ça. Ce n’était pas à lui de me jeter comme ça. En plus, il souille ma réputation».Houris«est une violation de ma vie privée».

Au-delà du droit incontestable et légitime de l’écrivain à la fiction et à la libre création, ces déclarations soulèvent de sérieuses questions d’éthique tant littéraire que médicale.

Dans l’émission “Hourisla contre-enquête », la jeune femme affirme que la vie de Fajr ressemblerait étonnamment à la sienne : «Ma cicatrice. Ma canule. Conflits avec ma mère. L’opération que j’ai dû subir en France, la pension que je reçois en tant que victime [du terrorisme islamiste]. Avortement, je voulais avorter. La signification de mes tatouages [au niveau de la nuque et du pied]. Le salon de coiffure, j’avais un salon de coiffure et d’esthétique et c’est dans le livre. Lycée Lotfi. L’allusion romantique à ma passion pour l’équitation», énumère-t-elle au journaliste.

Quelle est l’origine de ces informations ?

Comment des faits aussi précis ont-ils pu parvenir au romancier ? Selon elle, ce serait un «violation du secret médical» par son ancienne psychiatre, Mme Daoud. Elle affirme qu’elle aurait été suivie par cette dernière, de 2015 jusqu’au départ de la famille Daoud vers la France, dans plusieurs établissements médicaux d’Oran, d’abord pour une thérapie de groupe avec sa mère, puis seule.

La rescapée du massacre de Djelfa insiste sur le fait que lors de ses consultations avec Mme Daoud, ses propos étaient totalement libres : «je n’avais pas de filtre [je parlais] sans tabous, j’ai tout dit. Pour moi, c’était ma psychiatre. Il y avait le secret médical, j’ai tout dit.» Lors de son entretien, elle précise que «il y a trois ans et demi, l’écrivain [lui] demandé la permission de dire [s]nous racontons dans un livre. Mon refus fut catégorique. J’étais chez lui, a cité Hesnaoui. Sa femme m’avait invité à prendre un café et à discuter de ma thérapie.»

Après, continue-t-elle, quand «sa femme m’a dit qu’il écrivait un livre, je lui ai dit : «Fais attention, je ne veux pas que ce soit sur moi». Elle m’a dit : «Non, il ne s’agit pas du tout de toi». Plusieurs fois lors de mes consultations, j’ai répété à sa femme : «Attention, je refuse de le laisser faire ça« ».Mme Daoud l’aurait rassurée en répondant : «Pas du tout… Je suis là pour te protéger.»»

Un roman trop réel

Aujourd’hui, et après avoir luHouriselle juge qu’elle n’aurait été protégée d’aucune façon par son médecin. “J’ai raconté tous ces détails à sa femme en tant que psychiatre […] Je ne l’ai jamais dit à personne[d’autre]», dit-elle. Son intime conviction est que Kamel Daoud aurait eu accès »a [s]nous racontons» par l’intermédiaire de sa femme et de son psychiatre.

Selon elle,Hourisserait un “divulgation du secret médical» : «Je n’ai jamais communiqué mon dossier médical à Kamel Daoud.[…]Je n’ai jamais permis à Kamel Daoud ou à sa femme, ma psychiatre, de raconter mon histoire.» La jeune femme estime en outre que l’écrivain aurait «attendu la mort de [s]tu as les deux parents pour faire ça».

L’intérêt de la presse, des médias et des écrivains pour l’histoire de Saâda Arbane n’est pas nouveau. En 2009, dit-elle : «quand j’ai gagné la médaille d’or aux Championnats équestres du Maghreb […],J’ai commencé à recevoir les premières demandes pour raconter mon histoire« . Depuis, pour elle comme pour ses parents parkafala(Forme musulmane de «adoption), le refus de raconter son histoire fut catégorique.

“Ma vie privée a été dévoilée”

«Depuis 25 ans, poursuit-elle, j’ai refusé qu’on raconte mon histoire à ma place. C’est ma vie privée, c’est mon histoire.[…]J’ai refusé que mon histoire soit partagée“, plus “il l’a bien révélé,[…] ma vie privée a été révélée« . Et si elle décidait de parler aujourd’hui, ce serait «pour dénoncer les abus que Kamel Daoud a commis dans son livre de mon histoire».

Selon elle, Mme Daoud s’est rendue chez elle en octobre dernier pour lui remettre une copie duHourisportant une dédicace signée de l’écrivain : «Notre pays a souvent été sauvé par des femmes courageuses, et vous en faites partie, avec mon admiration.»

Ce dernier aurait «a parlé du projet de film et de son éventuelle implication dans le scénario» ce qui pourrait lui faire «gagner beaucoup d’argent» par lequel elle pourrait «achetez votre appartement en Espagne« . Saâda Arbane dit avoir compris cette proposition »comme une tentative de l’acheter et de le faire taire».

Egalement devant le journaliste deUn téléviseurson mari considère que la publication deHouriset sa couverture hypermédia”j’ai frotté le couteau dans la plaie» de l’histoire familiale de son épouse et que, depuis, «elle a extrêmement du mal à se nourrir et à dormir», «souffre de graves maux de tête« . Selon lui, le roman «ça m’a rappelé de mauvais souvenirs» et cela pourrait avoir un impact négatif sur leur fils de huit ans.

L’écrivain n’a pas encore réagi à ces déclarations.

Crédits photos : Kamel Daoud – ActuaLitté CC BY SA 2.0

Par auteur invité
Contact : [email protected]

 
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