« En sciences, comme chez nos enfants, on passe notre temps à faire des erreurs »

« En sciences, comme chez nos enfants, on passe notre temps à faire des erreurs »
« En sciences, comme chez nos enfants, on passe notre temps à faire des erreurs »
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Laure Saint-Raymond, dans son bureau de l’Institut des hautes études scientifiques, à Bures-sur-Yvette (Essonne), le 1er septembre 2024. CHRIS PEUS/IHES

Première femme professeur permanent à l’Institut des hautes études scientifiques, la mathématicienne Laure Saint-Raymond, 49 ans, est mère de six enfants. Après nous avoir donné son accord pour participer à la rubrique « Vie des parents », elle a regardé la liste des questions habituellement posées. “Le questionnaire m’a mis extrêmement mal à l’aise”il nous a écrit.

“La pire chose que ton fils t’ait dite”, « votre meilleure qualité en tant que parent »… Cela lui semblait être l’usage de superlatifs déplacé. Qu’y a-t-il entre le meilleur et le pire ? Pour elle, les questions étaient trop fermé. « Cela manque de nuance et suppose qu’on ait un retour immédiat sur ce qu’on fait, dit, propose, autorise, interdit… »

Scientifiquement, ce n’était pas très rigoureux. Il nous a donné rendez-vous à l’Académie des sciences, dont il est membre, pour nous donner ses réponses à d’autres questions.

Vous avez six enfants, âgés de 15 à 25 ans. Les avez-vous élevés de la même manière ?

On ne relance pas le premier comme le dernier. Oui, car j’ai eu mon premier enfant à 24 ans et nous ne sommes plus les mêmes qu’à 50 ans. En tant que parents, nous aussi, nous changeons. Pour les plus grands nous suivons à la lettre le programme de diversification alimentaire. Le dernier, il a pris des frites dans l’assiette de ses frères et sœurs à 6 mois. Le plus âgé, s’il joue, on veille à ce qu’il pratique les gammes tous les jours. Pour ces derniers on comprend qu’il faut choisir ses combats et on ne se fixe plus les mêmes priorités, ce qui fait dire aux plus âgés que les derniers sont chers.

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Je suis moi-même l’aînée d’une famille de sept enfants, et je sais qu’on n’a pas le même rapport aux adultes selon qu’on arrive premier ou dernier. Pour les personnes âgées, il existe une forme de culpabilité si nous ne suivons pas ce que nous pensons que nos parents attendent. Les plus petits se sentent plus libres. Les personnes âgées vivent sous le regard des adultes, tandis que les plus jeunes peuvent prendre exemple sur les personnes âgées. On l’a notamment remarqué pendant le confinement : les plus jeunes étaient exposés aux personnes âgées, qui effectuaient leur travail médical ou juridique.

Quelle différence une famille nombreuse fait-elle en termes d’éducation ?

Il y a moins de différence d’âge entre mon fils aîné et mon jeune frère qu’entre moi et mon jeune frère. Formons une sorte de tribu ! Dans ma famille nous avons cette culture de la proximité, du se voir, du être ensemble… Cette proximité est une force aussi bien au quotidien que dans les épreuves de la vie.

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