L’affaire Grégoire d’Italie
Détail sordide, la mort de l’adolescente et l’identité de son meurtrier avaient été annoncées à la mère en direct lors de l’émission télévisée. Qui l’a vu ?l’équivalent de Perdu de vue diffusé sur TF1 il y a bien longtemps : «On me dit que le corps de Sarah a été retrouvé… D’après les agences, ton beau-frère Michele a avoué… Si tu veux, Concetta, nous arrêterons le spectacle immédiatement… »
L’enquête va finalement révéler que ce n’est pas le beau-frère qui a tué Sarah Scazzi mais Sabrina, sa fille et meilleure amie de la victime, aidée par sa mère. En cause : une histoire sentimentale. Ils purgent tous deux des peines à perpétuité. Le beau-père a été condamné à huit ans de prison pour avoir caché le corps. Il a été libéré cette année.
L’affaire, sa dimension familiale, les rebondissements et le battage médiatique qui l’entoure, font de cette affaire l’affaire Grégory d’Italie !
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Disney condamné
L’histoire a inspiré la fiction sous la forme d’une mini-série de quatre épisodes qui devait être mise en ligne sur Disney+ le 25 octobre. C’était sans compter sur des poursuites judiciaires de la part de la petite ville où s’est déroulé le véritable drame. Il n’est pas question pour Avetrana et son maire de subir une publicité négative à cause du titre de la série du géant du divertissement. Parce que la fiction s’intitulait : Avetrana – ce n’est pas Hollywood, du nom de la commune concernée en question, ou, en anglais : Avetrana – Ce n’est pas Hollywood.
A noter qu’en français, le titre n’a pas posé de problème puisque la série en question s’appelle Sarah Scazzi – Le meurtre qui a déchiré l’Italienommé d’après la victime. Il est disponible sur la plateforme Disney+.
Fin octobre, la justice, saisie par le maire d’Avetrana, a donné raison à la petite commune italienne de 6.500 âmes. Elle a contraint Disney+ à retarder la sortie de son programme et à changer de nom. Désormais accessible sur la plateforme Disney+, il s’intitule simplement Ce n’est pas Hollywood.
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Un précédent qui pourrait avoir de lourdes conséquences
David bat donc Goliath, au grand désarroi de l’industrie du cinéma et de la télévision qui dénonce un « grave violation du principe de la liberté d’expression ». À y regarder de plus près, le jugement rendu en Italie pourrait avoir des répercussions bien plus larges. Elle constitue un précédent qui pourrait être brandi dès lors qu’une entité géographique est citée dans le titre d’un ouvrage. Imaginons qu’au lieu d’y voir une publicité bienvenue, les régions évoquées dans les différents épisodes de Meurtre à… venus se plaindre de l’image négative que donne d’eux la série ? Ou toutes les séries policières du genre Les Experts…
Plus inquiétant encore : qu’adviendra-t-il demain de la possibilité d’adapter à l’écran des films de fiction et des séries basées sur des événements réels ? D’ailleurs, l’affaire Avetrana n’est pas terminée. La justice doit encore trancher la question des dommages et intérêts réclamés par la municipalité…