L’institut de beauté itinérant de la Fondation L’Oréal s’arrête à Limoges auprès des femmes les plus vulnérables

Ce ne sont pas des clients réguliers des salons de beauté. C’est souvent la première fois qu’ils peuvent avoir une heure rien que pour eux.

La porte du bus L’Oréal s’ouvre et des sourires apparaissent sur les visages de Vanessa, Aïcha, Zahira et les autres. Elles viennent de participer à un atelier sur le thème des soins du visage, animé par une socio-esthéticienne, Morane Tricard.

“Je suis heureux. C’est la première fois que j’ai l’opportunité de prendre soin de mon visage. Entre mes enfants, dont un handicapé, et mes problèmes de paperasse, je n’ai pas de temps pour moi. Sans parler du coût », souligne Zahira. « J’ai la peau sèche et sensible, donc c’était vraiment agréable », ajoute Aïcha. Comme elles, trente-deux femmes par jour en bénéficieront à ce jour, grâce à la Fondation L’Oréal.

Par le biais d’associations

« Les femmes inscrites aux ateliers viennent d’associations, de centres sociaux, de maisons de quartier… Elles se retrouvent dans une situation de précarité économique, d’isolement, elles sont victimes de violences… », explique Lana Breuzé, chef de mission Banlieues Santé, partenaire opérationnel .

«Un soin du visage peut paraître banal mais il fait beaucoup de bien», assure Morane Tricard, la socio-esthéticienne de Limoges.

. «C’est un premier pas pour prendre soin de soi, retrouver l’estime de soi et la confiance qui va avec», poursuit Lana Breuzé.

Pendant une heure, Morane Tricard a accompagné ces femmes pour leur apprendre à réaliser chaque étape : nettoyage de la peau, exfoliation en profondeur, application d’un masque hydratant, application d’une crème de jour.

Le but : refaire à la maison

« Je commence toujours par expliquer simplement que les actions doivent être menées avec délicatesse, qu’elles doivent prendre leur temps. Le but est qu’ils apprennent des choses et puissent les refaire à la maison. Ailleurs, parmi les conseils, je leur explique aussi comment fabriquer eux-mêmes les produits car les cosmétiques coûtent cher”, indique la socio-esthéticienne, qui s’adapte au public devant elle.

« Il n’y a évidemment aucun objectif commercial. L’Oréal propose des produits pour le traitement, mais des conseils pour le faire soi-même sont les bienvenus », précise Lana Breuzé.

Certaines femmes qui viennent ont du mal à se regarder dans le miroir et au bout d’une heure, elles y parviennent enfin. C’est une petite victoire pour Morane Tricard qui lui rappelle une autre anecdote. « Je me souviens d’une femme à qui j’ai appliqué du vernis à ongles. Elle m’a dit que c’était « réparateur » parce que son mari lui interdisait d’utiliser du vernis à ongles. Pour elle, c’était une vengeance même si ce n’était qu’un vernis à ongles. Certes, mais finalement, bien plus qu’un simple vernis à ongles ou un soin du visage inoffensif… L’organisation ?

L’association Banlieue Santé est le partenaire opérationnel du salon de beauté itinérant de la Fondation L’Oréal. C’est elle qui est en contact avec les associations locales qui ont « étoffé » les femmes qui participent aux ateliers. « C’est la première fois que le bus traverse la Nouvelle-Aquitaine. Nous traverserons une dizaine de villes. Après Bellac, le mercredi 6 novembre, Limoges, les jeudi 7, vendredi 8 et mardi 12 novembre, le bus se dirigera vers Brive -la- Gaillarde. Nous nous appuyons sur les associations locales, ici à l’ARSL, SAMSAH-Prism, Hestia, Habitat et Humanisme et Adoma. », explique Lana Breuzé, responsable du projet Banlieues Santé.

La Fondation met à disposition, dans la mesure du possible, des socio-esthéticiennes locales pour intervenir à bord du salon itinérant


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Questions à Pauline Avenel-Lam

Pauline Avenel-Lam est directrice du programme Beauté Inclusive à la Fondation L’Oréal.

Pauline Avenel-Lam.

Quelle est la genèse de ce salon de beauté ambulant ?

La Fondation L’Oréal s’engage depuis 2007 pour permettre aux femmes en situation de fragilité (maladie, précarité, violences…) de bénéficier de soins socio-esthétiques. Concrètement, nous soutenons financièrement une centaine d’associations de la région pour leur permettre de mettre en œuvre cette aide. En 2019 nous avons souhaité compléter ce dispositif par une approche mobile avec cette fameuse foire itinérante dont l’idée est d’être au plus près des femmes là où elles se trouvent sur le territoire : dans les quartiers prioritaires ou dans les zones rurales isolées. Le but est de leur permettre de prendre soin d’eux pendant une heure, de profiter d’une bulle un peu hors du temps, loin des problèmes du quotidien. Dans un premier temps, en 2019, nous avons testé le concept, avec un mois de tournées en Île-de- et dans les Hauts-de-France. Puis malheureusement il y a eu la crise du Covid qui nous a empêché de le faire en 2020 et 2021. Le spectacle itinérant a repris la route en 2022 pour un mois de tournée, puis, en 2023, nous sommes passés à trois. Et cette année, la tournée a commencé mi-avril et se terminera fin novembre. Nous avons pu visiter de nouvelles régions dont la Nouvelle-Aquitaine.

La Fondation s’occupe-t-elle des femmes d’une autre manière ?

Nous avons trois domaines d’engagement : le premier est « les femmes et la science », dont l’idée est de permettre au plus grand nombre de femmes d’occuper pleinement leur place dans la science. Nous intervenons auprès des plus jeunes, des lycéennes… Jusqu’aux plus performantes avec un prix que nous décernons chaque année l’UNESCO pour créer des « modèles » et démontrer que ces femmes scientifiques du plus haut niveau contribuent à résoudre les grands défis de demain. Nous avons un autre axe autour de la question climatique, car les femmes et les filles sont les premières victimes du réchauffement climatique. Dans toutes les régions du monde directement touchées, les filles abandonnent l’école plus rapidement, parcourant chaque jour des kilomètres pour aller chercher de l’eau… Le programme « Femmes et Climat » vise à accompagner les femmes qui réfléchissent à des projets de lutte contre le réchauffement climatique et à les proposer, les aider à l’évolution de leur projet puis les rendre visibles. Et enfin, nous avons ce troisième pilier qui s’appelle « Beauté Inclusive ». Il comprend le salon itinérant, l’aide aux associations mais il y a aussi un autre volet : la formation aux métiers de l’esthétique et de la coiffure. Nous les organisons dans une trentaine de pays des ONG pour permettre à des femmes très éloignées du travail, en grande difficulté, de pouvoir accéder à cette formation et d’accéder au travail.

 
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