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C’est le meilleur film pour comprendre le phénomène Trump.
COCKTAIL ET MUSIQUE LOUNGE
En 1960, le grand écrivain américain Norman Mailer assiste au congrès du Parti démocrate pour le magazine Écuyer.
Le rapport qu’il a rédigé – intitulé Superman arrive au supermarché – est considéré aujourd’hui comme l’un des plus grands textes journalistiques des années 1960 et apparaît dans toutes les anthologies du Nouveau Journalisme.
Si les démocrates ont choisi John F. Kennedy comme candidat, écrit Mailer, c’est parce qu’ils savaient que les Américains avaient besoin d’un héros.
Et dans les années 1960, la plus grande fabrique de héros aux États-Unis n’était pas Harvard, Wall Street ou les forces armées comme cela avait été le cas au cours des décennies précédentes, mais Hollywood.
C’est Hollywood qui a créé la nouvelle mythologie américaine.
Alors, pour conquérir le cœur des Américains, les démocrates ont alors choisi le candidat qui ressemblait le plus à un acteur !
Kennedy, écrit Mailer, était comme « une autoroute éclairée au néon » que l’on parcourait en écoutant du jazz.
Kennedy, c’était Palm Springs.
Un happy hour autour d’une piscine.
Un film Technicolor.
Une chanson de Burt Bacharach.
Le tintement d’un glaçon dans un verre à cocktail.
Bref, un super-héros taillé sur mesure pour le supermarché climatisé qu’était l’Amérique.
ASILE
Soixante ans plus tard, l’Amérique n’est plus un supermarché climatisé, mais un asile.
Et la bande originale du pays n’est pas du Smooth Jazz ou du musak, mais du death metal.
Ce ne sont plus les héros qui nous font vibrer quand on va au cinéma, mais les méchants.
Pourquoi se soucier de Batman ou de Superman quand on a le Pingouin et le Joker ?
Ils sont beaucoup plus amusants !
Et ils incarnent mieux que quiconque l’émotion la plus partagée du XXIe siècle.e siècle, c’est-à-dire la rage.
Les Américains en 2024 ne sont pas calmes et optimistes comme John F. Kennedy.
Ils sont furieux.
Ils ne veulent pas siroter des martinis en fumant du Pall Mall, mais jeter des poubelles dans les vitrines des magasins.
S’il y avait un film qui représentait parfaitement les années 60, c’était bien Petit-déjeuner chez Tiffany.
Sophistiqué. Charmant. Inoffensif.
Aujourd’hui c’est Le Joker.
Autant Kennedy avec ses voiliers, ses cardigans et son sourire Pepsodent incarnait le début des années soixante, autant Trump incarne les années 2020.
Un gars qui profite de la colère et des frustrations des masses.
Nous sommes passés de la série Des hommes fous à «Mad Man».
Qu’on le veuille ou non, qu’on l’aime ou non, pour beaucoup de gens, Trump est le « héros » de notre époque.
Un clown qui fait du désordre.
Qui jette une barre de métal dans la machine.
Un grand F**K YOU aux institutions.
Si Norman Mailer était vivant aujourd’hui, il écrirait un texte intitulé «Le Joker arrive au Nuthouse».
DÉTESTER
«Ce dont le monde a besoin maintenant, c’est d’amour, doux amour», chantait Burt Bacharach en 1965.
Il semble qu’aujourd’hui ce que souhaite la moitié des Américains, c’est la haine.
D’où Trump.