Pendant 55 ans, Claire et Jessica ont vécu non loin l’une de l’autre, sans connaître la vérité, jusqu’à un test ADN proposé à Noël : “Une terrible erreur”

Pour la première fois outre-Manche, un cas d’échange de bébé à la maternité a été révélé, 55 ans plus tard. Les deux familles anglaises réclament aujourd’hui une indemnisation à l’hôpital, rapporte la BBC dans un article relayé par nos confrères de La Voix du Nord.

Illustration – Actualités photo

Tout est parti d’un simple test ADN offert à Noël 2021 au frère aîné de quatre enfants issus d’une famille comme il y en a des milliers en Angleterre. Mais lorsque les résultats reviennent, quelque chose ne va pas : au lieu du prénom de sa sœur, Jessica, celui d’une autre personne, du même âge : Claire. (Les prénoms ont été modifiés par la BBC.)


Il achète des tests ADN pour toute sa famille comme cadeaux de Noël et les résultats sont choquants !

L’homme va alors contacter Claire pour tenter de dissiper ses doutes. La quinquagénaire avait également procédé à un test ADN reçu par son fils en cadeau d’anniversaire deux ans plus tôt. Très vite, ils se rendent compte que Claire est née à la même époque et au même endroit que Jessica, 55 ans plus tôt. Et la théorie d’un échange de bébés à la maternité commence à émerger…

Des vies échangées

Ce dimanche 1967, la mère biologique de Claire, Joan, fut admise dans un hôpital des West Midlands. Elle voulait accoucher à la maison, raconte la BBC, mais son hypertension ne le lui permettait pas. Vers 22 heures, la neige tombait et une petite fille est née. Joan a rencontré son bébé quelques minutes avant qu’elle ne soit emmenée à la crèche pour le laisser se reposer.

Le lendemain, le petit lui fut ramené pour être présenté au reste de la famille. Elle a les cheveux clairs, contrairement à ses parents, mais Joan, trop heureuse d’avoir sa première fille, n’y a pas prêté attention. En réalité, ce bébé blond était Jessica, née quelques heures après Claire, juste après minuit.

Sans le savoir, Claire passait chaque jour par le village de ses parents biologiques pour aller travailler.

Pendant des années, Claire et Jessica ont vécu non loin l’une de l’autre mais pas dans la « bonne » famille. Claire passait également chaque jour par le village de ses parents biologiques pour aller travailler. Lors de sa première rencontre avec Joan, celle qui s’était toujours sentie « une imposteuse » dans une famille où elle ne ressemblait à personne a enfin pu voir de qui elle avait hérité de ses yeux. Cependant, elle ne connaîtra jamais son père biologique, décédé une dizaine d’années plus tôt.

Obtenir une réparation

Bien entendu, Joan et son fils aîné ont également dû prévenir Jessica. De son côté, Claire a aussi dû révéler la vérité à celui qui l’a élevée. Elle a également eu du mal à admettre à Joan que son enfance a été « très difficile » au cours de laquelle elle s’est retrouvée « dans une extrême pauvreté » et « souvent affamée ».

Soumettre un groupe de personnes à des tests ADN, sans qu’il y ait le moindre indice de culpabilité.Soumettre un groupe de personnes à des tests ADN, sans qu’il y ait le moindre indice de culpabilité.

Pourra-t-on bientôt contraindre tout le village à se soumettre à un test ADN ? C’est possible…

Aujourd’hui, les deux familles souhaitent obtenir une compensation. Le National Health Service (NHS), le système de santé publique du Royaume-Uni, a reconnu cette « effroyable erreur ». Deux ans après les révélations du test ADN, le montant de l’indemnisation est toujours en cours d’évaluation.

Pendant ce temps, Claire et Joan continuent de se découvrir et sont même parties en vacances ensemble. Jessica ne peut pas faire la même chose avec sa mère biologique : elle est décédée il y a environ un an.

 
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