Brigitte Fontaine sort un nouvel album, « Pick-up »

Brigitte Fontaine sort un nouvel album, « Pick-up »
Brigitte Fontaine sort un nouvel album, « Pick-up »

Brigitte Fontaine fait partie de cette catégorie d’humains qui aiment découvrir, s’étonner. Le fil d’Ariane de ce voyage à la fois rock et magique sur terre et dans les airs reste la poésie et ce qui la constitue, c’est-à-dire les mots. A cette personnalité atypique, il faut aussi ajouter que l’objectif à atteindre coûte que coûte est toujours resté le même. Il s’agit du sentiment de liberté. Aujourd’hui, elle revient avec la création dans son répertoire discographique de l’album Ramasser.

franceinfo : L’album Ramasser c’est entre transe, rock, garage, psyché chaâbi. C’est un clin d’œil au retour du vinyle. Est-ce une ode à la vie et à l’amour ?

Brigitte Fontaine : Oh non! C’est une ode à rien du tout. Je ne crois en rien. Ni à l’amour, ni à la vie. Je ne crois en rien.

Il n’y a rien qui vous donne envie d’écrire, par exemple ?

Oh oui! L’amour des mots me frappe comme l’envie de faire pipi.

Quel rapport entretenez-vous avec votre temps ?

Vous pouvez dire que je suis poète, ou vous pouvez aussi dire, parce que cela date du Moyen Âge, poète, que j’accepte. Mais ce que je ne peux pas tolérer, c’est un écrivain. C’est absolument moche, ridicule et les femmes écrivains ont toujours existé. Un écrivain est un écrivain comme une gazelle est une gazelle, même si elle est de sexe masculin. C’est tout ce que je dirai à ce sujet.

Vous avez en vous ce côté toujours féministe. Comment vous définissez-vous ?

Féministe, non ! Même si j’ai commencé bien avant le féminisme. J’ai commencé à me consacrer à la cause des femmes, si l’on peut dire, bien avant le terme féministe.

“J’ai commencé à écrire spécialement pour les femmes, pour l’honneur, pour aider à honorer les femmes humiliées.”

Brigitte Fontaine

sur franceinfo

Et c’est douloureux, comme la plupart des colonisés, ils sont humiliés bien sûr, et c’est l’une des choses les plus douloureuses de la colonisation. C’est mon avis.

Depuis 60 ans, vous jouez avec les mots, les vers, les histoires, les émotions. Vous êtes l’inclassable, l’indomptable. Si tu devais te décrire, que dirais-tu ? Qui est Brigitte Fontaine ?

Une pauvre petite fille qui a peur. De plus, la couverture de Ramasserc’est moi quand j’avais environ deux ans et demi et j’ai dit avec mes bras sur mes oreilles : « peur, peur, peur, peur ». Déjà.

Vous êtes né dans le Finistère. Enfant, quand vous étiez tout petit, que vous ont transmis vos parents ?

Ils ne m’ont rien donné sauf de l’affection. L’affection est très importante.

Alors, qu’est-ce qui vous a donné envie de partir très vite et de commencer à jouer ?

Bien avant, j’avais envie d’abandonner le lycée, et le directeur de la compagnie de théâtre qui parcourait la Bretagne est venu quand j’avais 12 ans demander à mes parents : «Quand elle aura 16 ans, pourra-t-elle venir avec nous ?«Et c’était mon rêve, je les aimais. Je les ai attendus pendant des semaines et des semaines. Et non seulement elle a refusé, mais en plus elle ne m’a pas prévenu. Alors je lui en veux. ailleurs, elle s’en voulait aussi beaucoup. Ma vie entière aurait été changée et je n’aurais pas subi toute cette misère et ces nombreux avortements, etc.

« Petite fille, je rêvais de faire du théâtre avec des gens que j’aimais beaucoup et de parcourir tous les pays de Bretagne. »

Brigitte Fontaine

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Les mots vous aident-ils à vous améliorer ? On a le sentiment que tu as toujours été un battant.

Oui. Finalement ils me permettent d’être heureux. Quand je termine quelque chose, si c’est bon pour moi, je suis heureux. Je suis toujours plutôt gentil, je pense. Je suis un combattant, un guerrier et quand j’étais petit, j’aurais voulu qu’on me traite de garçon manqué. Mais personne ne l’a dit parce que j’étais vraiment déjà une petite femelle, donc je n’étais pas contente.

Vous dites que vous êtes déprimé, mais vous chantez quand même le désir dans cet album. Il y a parfois quelque chose de très charnel.

Je ne sais pas vraiment ce qu’est l’amour, c’est un peu comme croire. L’amour et la foi sont des cousins ​​germains. Je n’ai pas la foi et peut-être que je n’ai pas d’amour non plus. Je ne sais pas.

Peut-on dire de ce bilan que c’est une manière de continuer à mener une révolte ?

Oui, on peut le dire.

 
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