A Genève « La Fleur Bleue » de Frank Martin, une création mondiale sortie d’un grenier

Jean-Jacques Roth

journaliste

Publié le 20 octobre 2024 à 21h26

Il arrive que des commémorations d’artistes donnent lieu à des événements où le sens du devoir l’emporte sur l’élan du désir. Avec le « Frank Martin Odyssey », c’est l’inverse. Le compositeur genevois né en 1890 à Genève, dixième enfant d’un pasteur, est décédé il y a 50 ans. Même s’il est l’un des musiciens suisses les plus importants du XXe siècle, personne n’aurait pensé à marquer cette date avec une pierre blanche. Le chef d’orchestre Thierry Fischer décide de lui construire une cathédrale, profitant de cet anniversaire pour jouer et interpréter l’essentiel de l’œuvre du compositeur. Non pas dans un festival étalé sur quelques jours, mais au fil des années et des passions rassemblées autour.

Ce n’était pas une tâche facile, il le savait. « Il faut ignorer pour agir » : la phrase de Valéry lui sert de mantra. Il a réuni tout un comité de compétences qui est tombé amoureux de l’entreprise. Et une fondation genevoise bien dotée a fourni les fonds nécessaires au décollage de la fusée. «C’est un processus», explique le chef d’orchestre genevois dont la carrière s’étend aujourd’hui au Brésil et en Espagne. Tout le monde travaille jour et nuit, la Ville et l’Etat de Genève nous aident, mais nous ne savons pas si nous pourrons interpréter une centaine d’œuvres de Frank Martin. Tout doit être construit chaque jour.