l’Américaine Anne Rearick, taille de la photo expose son Pays Basque

l’Américaine Anne Rearick, taille de la photo expose son Pays Basque
l’Américaine Anne Rearick, taille de la photo expose son Pays Basque

Jusqu’au 2 novembre 2024, la salle d’exposition de la médiathèque de Biarritz sert d’écrin aux images de la photographe américaine Anne Rearick. Une rencontre avec elle est proposée le 26 octobre (1), juste avant que son œuvre – rassemblée sous le titre « Gure bazterrak » (Nos paysages), comme son nouveau livre – parte pour être exposée à Saint-Sébastien.

A découvrir dans l’exposition, une trentaine de photographies argentiques en noir et blanc profond. Choisis parmi la centaine regroupée dans l’ouvrage, ils racontent l’histoire du Pays Basque rural au plus près de ceux qui le font. L’événement est rare. Le travail d’Anne Rearick est reconnu internationalement, mais, en 34 ans de séjours réguliers dans ces lieux où elle a noué des liens profonds, elle a rarement eu les honneurs d’une exposition.

Vous êtes arrivé à Saint-Jean-Pied-de-Port en 1990 parce que vous aviez obtenu une bourse. Quel était votre projet ?

Dans l’Idaho, où j’ai grandi, il y avait beaucoup d’immigration basque. J’ai toujours été intéressé et intrigué par cette culture, par l’histoire, la langue, les danses… Mon projet était de photographier la vie quotidienne basque. J’ai obtenu une bourse d’un an pour le faire et c’est comme ça que je suis arrivé ici. Je n’aime pas vraiment les villes. Je voulais aller dans une zone rurale. Je suis descendu du train à Saint-Jean-Pied-de-Port un peu par hasard, car c’était le dernier arrêt. Ce n’était pas facile. Je parlais très mal français. Je me souviens avoir menti sur mon niveau de langue dans ma candidature. Mais heureusement, j’ai tout de suite été très bien accueilli.

Dans les photos de l’exposition, qui datent en partie de ce premier séjour, on ressent une proximité avec ceux que l’on photographie. Comment avez-vous rencontré tous ces gens ?

Il faut ressentir les choses, savoir prendre le temps. Je suis arrivé mi-octobre et j’ai vraiment commencé à prendre des photos en décembre. J’ai d’abord rencontré un groupe de femmes qui travaillaient pour le syndicat ELB et, petit à petit, grâce à elles, j’ai créé des liens avec d’autres personnes, etc. Je n’avais pas de voiture donc je faisais beaucoup d’auto-stop aussi, ça me permet de rencontrer du monde… J’ai commencé à faire des photos d’enfants, c’est souvent le plus simple car ils ont souvent le temps. C’est un peu pareil avec les anciens. Ils acceptent plus facilement.

Il y a des photos posées ou spontanées, des moments de vie à la ferme, des jeux d’enfants, des gens posant à la maison, des scènes prises en extérieur. Vous photographiez les autres en vous mettant à leur hauteur. Cependant, dans l’exposition, une photo se démarque. Nous vous voyons avec une dame âgée. Qu’est-ce qu’elle a de spécial ?

Le premier soir de mon arrivée, j’étais assis sur un banc et cette dame – Mme Hatoig – est venue me parler. Elle m’a dit que je pouvais venir chez elle quand je le voulais. Le lundi suivant, jour de marché, il pleuvait abondamment. Je suis allé frapper à sa porte pour me mettre à l’abri. Elle m’a ouvert la porte, m’a tendu des serviettes et des pantoufles, elle m’a préparé du thé. Nous avons mangé des madeleines. Beaucoup de gens ont été très généreux par la suite. Elle était la première. Tout l’hiver, je passais tous les mercredis soir chez elle. Nous avons regardé « Sacred Evening »… Elle est devenue comme une deuxième grand-mère. Cette photo a été la dernière que nous avons prise ensemble, des années plus tard dans sa maison de retraite. Elle est décédée peu de temps après. J’espère que nous y voyons de l’amour.

Vous voyagez beaucoup. Vous avez des projets dans différents pays ou villes mais vous revenez toujours ici chaque année depuis votre premier séjour. Pour quoi ?

Quand je suis venu la première fois, je ne m’attendais à rien de particulier. Je savais que j’avais de bons contacts bien sûr, mais je ne m’attendais pas à être aussi gâtée, accueillie comme un enfant du coin. J’ai trouvé une autre famille. Bien sûr, la culture basque, la langue particulière, le rapport aux racines, tout cela me fascine ici. Mais il y a surtout les gens, le lien avec la terre, les odeurs, tout.

Cours

Les images d’Anne Rearick, dont l’œuvre s’inscrit dans la grande tradition photographique documentaire, sont entrées dans de grandes collections publiques internationales comme celles de la Bibliothèque de , du Centre national de l’audiovisuel du Luxembourg ou du Museum of modern art de San Francisco. Membre de l’agence VU’, elle a reçu des prix et bourses prestigieux, dont la bourse Guggenheim – pour son travail sur la boxe amateur – et le prix Roger-Pic, décerné par la Scam, pour sa série sur les townships d’Afrique du Sud.

(1) À 11 heures, à la médiathèque de Biarritz.

 
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