Au programme cette semaine, Mégaphénix des Français, et un documentaire audio et vidéo sur le studio conçu par le guitar hero.
Mustang, Mégaphénix
Pour son cinquième album en quinze ans de carrière, le groupe Mustang a choisi de se réinventer. Le groupe compte un nouveau batteur en la personne de Nicolas Musset, collaborateur de Louise Attaque, Izia et Thomas Azier, également réalisateur de l’album qui nous concerne ici, Megaphenix. Après la pause solo du chanteur et auteur-compositeur du groupe Jean Felzine, il fait plaisir d’entendre cette formation – l’une des plus sous-estimées de notre paysage musical – revenir avec un album aussi fort. Comme le chante Felzine dans la très bonne chanson La porte au nez « tu es trop varié ou tu es trop spécial », Mustang échappe aux classements hâtifs actuellement en vigueur par les décideurs. Après avoir financé eux-mêmes l’album, les trois musiciens signent avec le label Vietnam de Franck Annese, homme de presse et passionné de musique.
Mégaphénix s’impose facilement comme le meilleur album du groupe depuis son premier, Un 71, sorti alors que le trio venait d’arriver dans leur Clermont-Ferrand natal. Alternant harmonieusement morceaux rock et ballades réussies, Megaphenix est le plus équilibré des disques de ce groupe inclassable. Jean Felzine, vite remarqué avec le tour de force de Pantalon, sa première chanson marquante, reste l’un des paroliers les plus inspirés de la scène, avec un humour et une férocité caractéristiques. Nous apprécions particulièrement les textes de La porte au nez et de chanson française, particulièrement caustique. Mais nous aimons aussi beaucoup le morceau instrumental Tyraïn, amen, qui bénéficie de la participation de Thomas de Pourquery au sax. Autre invité, Arthur Teboul de Feu!Chatterton sur Aéroport.
Jimi Hendrix, Electric Lady Studio : Une vision de Jimi Hendrix
On a appris à se méfier des albums posthumes de Jimi Hendrix, dont le nombre dépasse largement celui des disques sortis du vivant de ce génie du rock disparu en septembre 1970. Ce nouveau projet est d’une autre ampleur. Il s’articule autour d’un documentaire très complet consacré à la création du studio Electric Lady, conçu par Hendrix à la fin de sa vie. Inauguré deux mois avant sa mort, cet espace souterrain situé au cœur de Greenwich Village, à New York. C’est là, sans aucune contrainte de temps ni d’argent, que le chanteur-guitariste enregistre des heures de musique en 1970, avant de partir en tournée pour gagner l’argent qui servira à financer l’avancement de l’œuvre. Sur ce coffret 3 CD ou 5LP accompagné d’un DVD on entend des versions alternatives de titres répartis à travers les premiers albums posthumes de celui qui fut bien plus qu’un guitar hero. Avec Billy Cox à la basse et Mitch Mitchell à la batterie, Hendrix avait trouvé un équilibre puissant entre les disques Experience et l’expérience Band of Gypsys. Ce faisant, il invente une sorte de funk rock qui fleurit après sa mort. Tout comme le studio qu’il s’était imaginé prospère et devient un temple du rock des années 1970 jusqu’à aujourd’hui.