[PHOTOS] 80 aînés à travers l’objectif du photographe Jacques Nadeau pour « Vénérables », une collection émouvante sur la vieillesse

Contraint de respecter des délais exigeants tout au long de sa carrière, le photographe Jacques Nadeau a cette fois-ci pris son temps. Il est allé à la rencontre de 80 personnes âgées pour créer le livre Vénérablesun recueil touchant racontant les beaux et les moins beaux côtés de la vieillesse.

Jacques Nadeau a passé cinq décennies à mettre son objectif au service de l’actualité pour divers médias tels que Devoir et La Presse Canadienne et sa passion pour la photographie ne l’a pas quitté après sa retraite. Il lui est alors venu à l’esprit de capter la richesse des aînés québécois.

“En photojournalisme, le délai est la chose la plus importante”, explique-t-il lors d’un entretien téléphonique. Là, je me suis dit que je n’en avais pas. C’était tout le contraire de ma façon de travailler.

Pas un livre de recettes

Habitué à accompagner un journaliste, Jacques Nadeau s’est rendu seul chez ses sujets, dont l’âge et la notoriété varient, sans préparer aucune question. Il les observait simplement et les laissait s’exprimer sur des sujets qui leur tenaient à cœur.

“Ce n’est pas un livre d’information, un livre de recettes pour vieillir”, poursuit l’homme de 71 ans. Il ne s’agissait pas de poser des questions, mais simplement de laisser partir la personne. C’est un peu mon grand journal de vie, ce que je ressens par rapport aux êtres humains.

Parmi les noms bien connus apparaissant dans cet ouvrage de quelque 200 pages, on retrouve les artistes Armand Vaillancourt et Françoise Sullivan, le comédien Marcel Sabourin et le chroniqueur Guy Fournier, pour ne nommer que ceux-là. Si chacune de ces rencontres l’a marqué, il a été particulièrement touché par sa visite chez Kim Yaroshevskaya, la créatrice de la poupée Fanfreluche. Rayonnante, elle apparaît en couverture de Vénérables.

« Je suis resté je ne sais combien de temps avec elle », se souvient-il. Je la regardais juste. Elle m’a lu une histoire à sa manière. J’en suis ressorti totalement secoué. J’étais comme amoureux d’elle.

Des témoignages remarquables

Epuré, l’ouvrage contient une à trois photos et un court texte pour chaque aîné rencontré. On y retrouve notamment des immigrés qui rêvent encore de leur terre natale, des personnes en perte d’autonomie et d’autres qui impressionnent par leur grande forme. La mort, la sexualité et la solitude font partie des thèmes récurrents de Vénérables.

En deuil de son frère Michel, récemment décédé d’un cancer agressif, Jacques Nadeau a vu son rapport à la mort évoluer au cours de cette période de trois ans où il a côtoyé des personnes qui avaient entamé la dernière partie de leur vie, un baume sur « l’excès un deuil difficile.

Sans tomber dans la complaisance, il a voulu « faire quelque chose de très positif » et mettre en lumière la diversité des points de vue de nos bâtisseurs, que nous gagnerions à écouter davantage.

« J’ai mis ces gens au sommet de la montagne », conclut-il. Ils m’impressionnent et le simple fait de les écouter me fascine. Nous devons les respecter si nous voulons être nous-mêmes respectés. Nous allons tous être vieux.

• Jacques Nadeau, VénérablesLes Éditions Cardinal, en librairie le 8 octobre.