“Quand j’étais adolescent, j’aurais aimé entendre des mots comme ça.” Rencontre avec l’actrice Lula Paris qui ouvre la saison ATP de Nîmes

“Quand j’étais adolescent, j’aurais aimé entendre des mots comme ça.” Rencontre avec l’actrice Lula Paris qui ouvre la saison ATP de Nîmes
“Quand j’étais adolescent, j’aurais aimé entendre des mots comme ça.” Rencontre avec l’actrice Lula Paris qui ouvre la saison ATP de Nîmes

Rencontrez l’actrice Lula Paris, à l’affiche de Celui qui regarde le mondepar Alexandra Baldea, qui ouvre la saison ATP à Nîmes ce jeudi 3 octobre.

Qui est Déa, le personnage que vous incarnez Celui qui regarde le monde d’Alexandra Badea?

Déa est une jeune adolescente, en passe de passer son baccalauréat, qui vit dans le Nord de la France, non loin de Calais. Elle va rencontrer Ennis, un autre adolescent…

Ennis est un mineur non accompagné…

Nous ne le savons pas au début de l’histoire. Ce que j’ai aimé dans l’écriture d’Alexandra lors de ma première lecture du texte. Il y a une véritable intrigue. Petit à petit, le spectateur découvre et comprend ce qui se passe.

A partir de là, ce seront trois façons de voir le monde qui vont interagir, celle de Déa, puis celle d’Ennis. Ensuite, il y a la manière dont Déa voit le monde qui sera inculquée au commissaire.

Le processus créatif s’est nourri de rencontres…

Il s’agit davantage de l’écriture. Alexandra faisait partie d’associations et partait dans le Nord, dans des camps. Elle a rencontré des jeunes qui avaient l’âge de Déa, elle a été assez surprise de voir des adolescents, surtout beaucoup de filles, qui trouvaient plus de sens à être là qu’à suivre leurs cours. Elle a été touchée par ces jeunes qui disaient que les gens qu’ils aidaient leur apportaient bien plus que ce qu’ils leur donnaient.

Ensuite, elle a eu une commande d’écriture : si vous deviez dire quelque chose aux jeunes d’aujourd’hui, que diriez-vous ? Elle se souvient de ces jeunes, aussi parce qu’elle rencontre beaucoup d’adolescents dans les ateliers d’écriture et qu’ils n’ont pas beaucoup confiance ni en eux-mêmes ni en l’avenir.

Ensuite, nous en tant qu’acteurs, nous avons travaillé pour renouer avec l’adolescent que nous étions. Elle est enterrée, il faut aller la chercher, se rapprocher de cette énergie, la convoquer à nouveau, se souvenir de ce que c’était.

Ce moment charnière vous touche particulièrement ?

Profondément. Quand j’ai lu le texte, je me suis rappelé de moi-même à cet âge-là, c’était exactement ça. Il y a quelque chose qui ne marche pas dans ce qu’on nous dit, ce qu’on voit, dans le monde qu’on nous propose. Il y a une certaine colère, une insurrection. Je m’en souviens bien. Vous êtes perdu avec vous-même, mais vous êtes également perdu avec ce qui se passe. Vous avez encore une vision naïve, vous pensez que les injustices sont impossibles et ne devraient pas exister.

Quand j’étais adolescente, j’aurais aimé entendre des mots comme ça. C’est le moment où les auteurs parviennent à écrire ce qu’on ne peut pas dire. C’est drôle, car mon ancien professeur de français est venu me voir lors de la création. Elle m’a dit qu’elle m’avait reconnu.

J’ai une petite sœur qui a passé son bac pendant le Covid. Mon petit frère me dit que la planète brûle. Je ne peux pas lui dire le contraire, mais ça me dérange qu’il me le dise à son âge. J’ai l’impression d’avoir un peu plus d’espace pour l’insouciance

C’est une pièce qui parle de révolte, mais aussi de solidarité…

C’est une histoire d’entraide. C’est ce que dit Ennis, il y a ce qui est normal et ce qui est naturel. Il est normal de répondre à des règles, à des attentes, mais ce n’est pas naturel. La tendance naturelle des êtres humains est l’entraide et la solidarité.

Comme les adolescents, Déa n’a pas peur de prendre des risques…

C’est un âge où il faut absolument profiter de cette force vitale. Petit à petit, plus on grandit, plus ça commence à se fermer. On se calme. Pour créer la société, il faut que chacun soit dans sa case, certains doivent être exploités et soit on se fait exploiter, soit on continue à être un exploiteur. A cet âge-là, on a envie de tout brûler car l’injustice est partout. Et nous devons absolument chérir cela.

La vidéo intervient dans la mise en scène. Comment se passe le spectacle ?

Deux histoires s’entremêlent, la rencontre entre Ennis et Déa que l’on voit sur le plateau et en parallèle, une intrigue policière à l’écran, avec l’interrogatoire de Déa. C’est comme entrer dans un film. Nous sommes constamment sur le plateau et la vidéo est également permanente. Cela permet à l’histoire de se concentrer sur la relation entre les deux jeunes. Si nous avions eu le commissaire sur scène, Ennis aurait pris moins de place. Le fil ne coupe jamais, on continue à vivre, ça crée des images, ça donne deux ambiances. Les choses s’emboîtent.

Thursday October 3, 8 p.m. The Odéon, rue Pierre-Semard, Nîmes. €20, €10. 04 66 67 63 03.
 
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