Après 35 ans d’enquête, l’identité du « Grêlé », tueur en série actif dans les années 1980 et 1990, a finalement été déterminée en 2021 grâce à une procédure impliquant près de 800 policiers.
Son histoire a été largement commentée et est considérée comme l’un des grands cold cases de ces cinquante dernières années. Le tueur en série connu sous le pseudonyme de « Grêlé » a été le cauchemar des enquêteurs et de la justice pendant près de 35 ans. Traqué par la Brigade criminelle de Paris dans le cadre de plusieurs affaires de viols et d’homicides, Grêlé n’a été identifié qu’en 2021 grâce à une vaste opération menée dans toute la France.
Lorsque la juge d’instruction Nathalie Turquey s’est saisie du dossier en 2014, cela faisait déjà vingt-huit ans qu’une information judiciaire pour « viols sur mineur, meurtre, tentative de meurtre, vol à main armée, usage de fausse identité, enlèvement et séquestration » avait été ouverte par le parquet de Paris et était restée sans résultat. Mais la magistrate allait réussir à trouver une issue à cette affaire classée vieille de 35 ans.
En mai 2021, et alors que la piste d’un membre des forces de l’ordre ou d’un agent de sécurité était explorée depuis le début des investigations, Nathalie Turquey a ordonné le prélèvement d’ADN auprès de 750 gendarmes en activité en Île-de-France dans les années 1980 et 1990. Une idée plutôt étonnante, compte tenu de l’ampleur du protocole à mettre en place et de l’agacement suscité au sein des forces de l’ordre.
C’est pourtant grâce à cette procédure lancée par le magistrat qu’un suspect a pu être formellement identifié. Il s’appelait François Vérove, un ancien gendarme qui avait servi dans la Garde républicaine et était alors à la retraite de la police. Il ne s’est pas présenté à sa convocation à la Direction territoriale de la police judiciaire de Montpellier pour subir le test ADN ordonné par le magistrat parisien. Le père, qui semblait en bonne forme à tous égards, s’est en fait suicidé après avoir pris connaissance de sa convocation, mais avant de mourir, il a pris soin de laisser une lettre d’aveux dans laquelle il avouait ses crimes et disait se « sentir recherché par la police ». Il a ajouté qu’il n’avait pas tué depuis 1997, période où il a rencontré sa compagne.
Il est accusé de 6 viols et de 4 meurtres
Un premier meurtre lui a été attribué en 1986, celui de Cécile Bloch, une fillette de 11 ans. La jeune fille avait été violée, étranglée et poignardée alors qu’elle s’apprêtait à quitter son domicile pour se rendre à l’école. Son corps avait ensuite été retrouvé dans un local technique au sous-sol de sa résidence, caché sous un tapis.
Un an plus tard, en 1987, le nom de Le Grêlé, en référence au portrait-robot du suspect qui signalait des problèmes de peau, émerge dans un double homicide. Dans le quartier du Marais à Paris, les policiers découvrent les restes de deux personnes : Gilles Politi, un homme de 38 ans, retrouvé les membres attachés par des ceintures, et Imgard Müller, une Allemande de 20 ans qui travaillait comme jeune fille au pair pour la première victime. La jeune femme était à moitié nue, la gorge tranchée et pendue par les bras. Des traces de brûlures ont également été découvertes sur son corps.
La même année, il est identifié comme le violeur d’une jeune femme dans le XIVe arrondissement de Paris, la laissant cette fois en vie et cambriolant son appartement. Son nom est à nouveau cité dans deux affaires, un meurtre et l’enlèvement et le viol d’un enfant, en 1994. Au total, pas moins de six viols et quatre meurtres ont été imputés à François Vérove grâce à diverses comparaisons ADN. Ce mardi soir, France 2 diffuse les deux premiers épisodes d’une série documentaire qui lui est consacrée.