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Vélo. Au niveau national, les équipes de Nouvelle-Aquitaine sont à la peine

Les équipes professionnelles françaises peinent aujourd’hui à résister sportivement et financièrement à la puissance des grandes équipes étrangères (Team UAE, Visma, etc.), mais l’antichambre de cette élite du cyclisme français traverse également un passage très difficile. On navigue ici au plus haut niveau amateur, là où les futures fissures sont censées se trouver, en Division Nationale 1, 2 ou 3. Et cette intersaison a fait de gros dégâts. Trois des meilleures équipes françaises ont ainsi mis la clé sous la porte, emportées par les perspectives de subventions en chute libre : Morbihan Adris et Cré’Actuel Marie Morin (qui figuraient dans le top 5 du classement de première division) ainsi que l’historique Saint- Etienne Loire ne redémarrera pas en 2025. «C’est la preuve que même les meilleurs ne sont pas à l’abri», résume Arthur Bauchaud, le directeur sportif de l’équipe charentaise Océane Top 16, qui restera en N2 la saison prochaine et ambitionne de monter jusqu’à la N1.

Vélos vendus

Au total, une dizaine d’équipes françaises disparaissent cet hiver ou ont choisi d’être reléguées à l’échelon inférieur pour des raisons budgétaires. En Nouvelle-Aquitaine, deux formations sont concernées. Les Charentais-Maritimes de l’Apogé et les Périgourdins du CC Périgueux Dordogne, qui évoluaient jusqu’ici en N2, n’ont pas renouvelé leur demande de label à ce niveau pour 2025. Et pour Cyprien Bricout, président de l’Apogé (Association POns-GEmozac ), c’était un minimum… « Même en descendant d’une division, on n’est pas sûr d’en sortir. Nous divisons notre effectif par deux (de 16 à 8 coureurs), nous vendons nos vélos, nous réduisons le forfait vestimentaire et nous ne savons pas encore comment boucler le budget… »

A Périgueux, le récit est quasiment le même : « le cahier des charges de la FFC prévoit un budget de 150 000 euros pour une N2, mais ce n’est pas suffisant, car il y a de longs trajets, de gros besoins en matériel (une voiture, un camion etc.) . En descendant, il nous faut un budget de 80 000 euros mais il va falloir réduire notre hygiène de vie », résume Yohan Poirier, le directeur sportif des hommes en rose et noir. « Nous ne fournirons plus de vélos à nos coureurs, et nous sélectionnerons nos déplacements. Par exemple, nous n’irons pas aux deux week-ends basques Essor début février. On passe de 18 à 12 coureurs et on ne pourra plus rien leur donner… On va juste faire en sorte qu’ils ne perdent pas d’argent en vélo. »

Des subventions en chute libre

Comment expliquer une dégradation aussi soudaine de la situation ? « C’est principalement lié à la baisse des subventions publiques », résume Cyprien Bricout. Officiellement, jusqu’à présent, la Région Nouvelle-Aquitaine payait 15 000 euros pour une N1, 7 500 pour une N2 et elle n’est pas reconduite pour la saison prochaine… Quand les régions n’avaient pas été regroupées, Poitou-Charentes payait 1 500 euros pour une Nationale 3… Quant au Département de Charente-Maritime, il a annoncé à toutes les associations qu’il réduisait de moitié ses subventions. »

Mais alors à quoi ça sert pour que ces équipes continuent d’évoluer au niveau national ? « C’est une bonne question », sourit Cyprien Bricout. « L’avantage d’être en N3 est discutable. On voit les obligations budgétaires, les contraintes administratives, mais on n’en voit pas vraiment les avantages.» Yoan Poirier, le Périgord, tente de garder un ton un peu plus optimiste. « Même si nos moyens sont limités, je veux croire que jouer au niveau national représente un défi sportif, avec l’envie de se mesurer aux meilleurs, de progresser et de finir le plus haut possible au classement. »

Il n’en demeure pas moins que les opportunités sont de plus en plus incertaines pour les équipes, comme pour les coureurs : monter d’un niveau sportif, c’est se mettre en danger financièrement pour l’équipe. Quant aux coureurs, ils rêvent désormais moins de devenir pro en passant par le secteur amateur d’élite. Les équipes professionnelles ont pris l’habitude de puiser dans leurs propres équipes de réserve U19 et/ou U23 et recrutent de plus en plus de jeunes. Mais Arthur Bauchaud, patron d’Océane Top 16, veut toujours croire en l’attractivité de son équipe de N2 : « Le championnat de est l’un des meilleurs et nous sommes reconnus pour cela. Nous recevons encore beaucoup de CV de coureurs étrangers (notamment anglais et australiens) qui souhaitent venir chez nous. Cet hiver, une vingtaine de coureurs français sont passés professionnels, dont environ la moitié sont issus d’une équipe amateur. »

 
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