C’est peu dire que pour sa première saison sous les couleurs de l’équipe Visma | Louer un vélo, Cian Uijtdebroeks a connu une année 2024 compliquée, tant au niveau des résultats que de la santé. Arrivé sous le feu des projecteurs suite à son départ mouvementé du BORA-hansgrohe envers l’équipe néerlandaise, la pépite belge n’a pas vraiment réussi à confirmer les grosses attentes nées de son 8ème place sur Le retour 2023. Malgré des premières courses encourageantes en soutien à Jonas Vingegaardle grimpeur de 21 ans a ensuite connu la malchance sur tous ses grands objectifs, avec des maladies et des abandons sur le terrain. Giro Alors Le retour. Lors d’une visioconférence de presse organisée par le Visma ce jeudi midi, Uijtdebroeks a pris la parole pour la première fois depuis plus de deux mois pour faire un point complet en français sur les différents soucis de santé qui l’ont handicapé cette année, et envisage avec optimisme la saison à venir.
Vidéo – Cian Uijtdebroeks en conférence de presse… en français !
“Parfois on a de la chance, parfois on n’a pas de chance, et cette année nous n’avons vraiment pas eu de chance…”
Cian Uijtdebroeks, vous sortez d’une saison 2024 compliquée, pouvez-vous revenir sur les différents problèmes qui ont impacté votre année, notamment au niveau du dos ?
Il y en avait beaucoup, c’est sûr ! Le Tour de Catalogne, le Tour de Suisse, La Vuelta, et même à Burgos, c’était toujours les mêmes symptômes. C’est très clair, ça venait toujours du même problème au dos. C’était déjà là au début de la saison, et ça a empiré par la suite. Et puis il y a eu mon infection pulmonaire au Giro. Je me souviens d’avoir été alitée avec une fièvre de 39° le soir, c’était très dur mais il faut l’accepter. J’en ai ressenti les effets pendant un moment, j’ai dû prendre mon temps pour m’en remettre. Sur La Vuelta, ça se passait à nouveau bien, mais mon problème de dos était toujours là et on ne savait pas de quoi il s’agissait. Et en plus j’ai eu le Covid… Parfois on a de la chance, et parfois pas du tout, et cette année là-dessus, nous n’avons vraiment pas eu de chance. Mais il faut quand même en retirer des choses positives.
Et qu’a-t-on fait pour régler ce problème de dos depuis votre abandon de La Vuelta ?
Nous avons fait beaucoup d’examens après la saison pour identifier l’origine du problème, et finalement nous l’avons trouvé. Parmi les nombreux nerfs qui parcourent mes jambes, certains étaient coincés, ce qui me faisait perdre de la force et des sensations dans mes jambes. Même si une nouvelle opération n’a pas été nécessaire, nous avons dû la soigner dans les semaines suivantes, faire beaucoup d’exercices et de traitements avec le kiné pour retrouver mon ancien niveau. Cela ne peut pas être résolu en deux semaines, mais je serai prêt pour les premières courses de la saison, même si mon programme ne sera établi que dans les prochaines semaines.
Comment se relever après des coups durs comme celui-là ? Travaillez-vous avec un psychologue ou avez-vous les ressources pour voir les choses de manière positive, comme c’est un peu dans votre nature ?
Oui exactement. Naturellement, ce n’est pas agréable. Au Giro, ça se passait bien, et puis il y a eu cette infection pulmonaire. Ensuite, vous essayez de revenir, mais vous rencontrez le même problème à chaque course, et vous ne savez pas ce que c’est. Évidemment, ce n’est pas facile. Dans ces moments-là, l’équipe et la famille sont les deux choses les plus importantes. L’équipe m’a toujours dit qu’elle croyait en moi et qu’elle savait qu’il y avait quelque chose. C’est pareil avec ma famille, ils sont toujours là pour moi. Dans ce genre de situation, tu as besoin de gens comme ça autour de toi, qui croient en toi et qui te soutiennent. Et j’ai vraiment ressenti ça cette saison, avec Visma et ma famille bien sûr.
« J’ai acquis une certaine maturité. J’ai appris à rester calme dans ces situations, à les accepter”
Vous avez une ferme près de chez vous où vous vous rendez parfois, est-ce que cela vous a aidé à vous vider la tête et à penser à autre chose après La Vuelta ?
Oui, parfois je fais quelque chose de complètement différent. Aller à la ferme, aller voir un rallye, ou encore jouer de la guitare… Je fais souvent ça pour penser à autre chose. Mais d’un autre côté, le vélo reste ce que j’aime le plus. Quand je suis malade, que je ne me sens pas bien ou autre, au bout de quelques jours, j’ai déjà mon prochain objectif en tête. Et après cette période, cela reste exactement pareil.
Sur quel point pensez-vous avoir le plus progressé lors de votre première année chez Visma ?
Je pense déjà qu’il est très important pour les prochaines années et le reste de ma carrière que l’on trouve l’origine du problème. Nous savons ce que nous devons faire à l’avenir pour supprimer ces symptômes. Mais sinon, ça m’a appris à rester calme dans ces situations, à les accepter. Sur La Vuelta, nous sommes restés calmes et positifs, même si j’ai ensuite dû abandonner à cause du Covid. J’ai acquis une certaine maturité.
Et en termes de contre-la-montre, considérez-vous que vous avez progressé cette année ?
Oui, à ce niveau-là, c’est sûr. Cela s’est vu un peu dans les résultats, je me souviens que sur le Giro, je n’ai pas passé un si mauvais moment compte tenu de mes capacités. C’était en tout cas mieux que par le passé. Mais on a pu le voir aussi à l’entraînement, ma position s’est améliorée et est devenue beaucoup plus rapide, je peux développer davantage ma puissance et perdre moins de force. Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir et de progrès à faire, mais je me sens beaucoup plus à l’aise et aérodynamique sur la moto. Nous continuerons à travailler là-dessus dans les semaines à venir.
« Nous avons un projet avec Visma… et je pense que nous avançons comme nécessaire pour le réaliser »
Vous n’avez pas gagné depuis votre passage chez les professionnels, votre dernière victoire remonte au Tour de l’Avenir 2022 où vous aviez l’habitude de gagner beaucoup chez les jeunes, est-ce que cela pèse sur votre moral ou arrivez-vous à l’ignorer ?
Non, je ne pense pas que cela m’affecte. Le niveau chez les pros, c’est autre chose. Les courses auxquelles je participe, ce sont presque toujours les plus grandes. Naturellement, ce n’est pas facile de gagner… Et il faut aussi faire des choix. Si on veut disputer les classements généraux, c’est super parce qu’on se bat contre les meilleurs pilotes du monde, mais d’un autre côté c’est aussi plus compliqué de viser la victoire. En tout cas, je reste serein là-dessus, je ne me mets pas plus de pression que ça, même si j’espère bien sûr gagner. Nous avons un projet avec l’équipe, qui est de devenir le meilleur coureur possible sur les Grands Tours, et je pense que nous avançons comme il le faut pour y parvenir.
Pas de courses d’un jour en 2024 : avez-vous vraiment renoncé aux Classiques ?
Non pas du tout. Mais c’est toujours compliqué de tout combiner au sein d’un programme. Si je fais le Giro, je préférerai faire un parcours en altitude plutôt que d’aller à La Flèche Wallonne ou Liège-Bastogne-liège. Mais naturellement, je dois parfois penser à faire autre chose, pour apprendre à rouler dans des situations plus nerveuses. Il reste donc une possibilité de faire des courses d’une journée l’année prochaine.
«Beaucoup de motivation pour 2025»
Vous vous mettez au service de Jonas Vingegaard en 2024 au sein de cette très grande équipe qu’est Visma. On sait que vous êtes un très bon coureur, dans le bon sens du terme, mais n’est-ce pas parfois au détriment de vos ambitions personnelles ?
Non, je ne pense pas. L’équipe veut aussi encourager mes ambitions. Cette saison, j’étais encore l’un des leaders du classement général du Giro et de la Vuelta. Je pense donc qu’en ayant cette chance à mon âge, l’équipe croit en moi et me donne les chances de réaliser mes ambitions.
Finalement, comment abordez-vous mentalement cette saison 2025 après une 2024 aussi compliquée ?
Plutôt motivé pour l’année prochaine ! Je ne veux pas m’attarder sur la déception de cette année, j’ai donc beaucoup de motivation pour 2025.