Comment jugez-vous cette équipe de France, séduisante sur le papier ?
« Le contexte est différent de certaines années où on avait le favori en course. Mais nous avons un jeu de base super dense. Les huit coureurs ont un niveau général très élevé et peuvent tous avoir un rôle à jouer dans la course. Nous n’avons pas de favori ultime, mais nous avons ce qu’il faut pour créer des situations pour avoir la force du nombre.
Quel rôle comptez-vous jouer à cet égard ?
« Je m’intègre vraiment dans ce collectif, dans le sens où je pense faciliter les situations qui peuvent nous être bénéfiques. Je ne me considère pas comme la carte principale de la finale mais j’espère jouer un rôle et avoir un impact. Je sais que, si je suis à mon niveau, la distance et les difficultés sont à mon avantage. Je peux être quelqu’un qui joue un rôle suffisamment tôt dans la course pour rendre les choses difficiles.
« Il y aura une grosse partie tactique »
Que pensez-vous du cours ?
« C’est très finement tracé pour s’adapter à autant de scénarios que possible. Ce n’est pas facile, mais je n’ai pas trouvé non plus rien d’interdit, vu le niveau global du peloton, de faire une sélection énorme. La dernière partie du circuit favorise le regroupement, mais les 15 premiers kilomètres sont vraiment durs et propices au mouvement. Il y aura une grosse partie tactique. En prenant de l’avance sur un circuit comme celui-là, dans un bon groupe, on peut aller loin.
Votre carrière est associée au Tour de France mais vous avez également eu de bons résultats en sélection, comme lorsque vous êtes devenu vice-champion du monde en 2018 ?
« Courir en équipe de France est un évènement particulier. Trouver des affinités particulières avec les coureurs français contre lesquels nous courons tout au long de l’année et que nous rencontrons pour une plus grande cause est particulier. Même si nous sommes tous passionnés, nous faisons quand même un travail chaque jour. Il y a plus, je ne dirais pas de fantaisie, mais un côté plaisir. C’est vraiment une expérience unique.
« J’avais très envie d’arrêter alors que j’étais à mi-chemin. C’est le cas »
C’est aussi votre dernière sélection, cela vous fait un pincement au cœur ?
« Non, pas du tout. J’aurais pu le prolonger. Mais je voulais finir dans une excellente condition physique. Et je suis content de ma saison. J’avais vraiment envie d’arrêter alors que j’étais en pleine position. C’est. Avec la même envie, sans lassitude. C’est également le cas. Il faut savoir s’arrêter au bon moment.
Avoir remporté une étape sur le dernier Tour de France signifie que vous avez déjà réussi votre sortie ?
” Oui. Et puis, il y a Liège aussi (Liège-Bastogne-Liège où il a terminé deuxième derrière Tadej Pogacar en avril, NDLR). Pour moi, c’est un moment aussi fort que le Tour de France. Je n’ai pas gagné mais j’ai réussi à utiliser 100% de mes capacités physiques le jour J. C’est ce qui m’a animé tout au long de ma carrière. Sur le Tour, c’était bien sûr super spécial car je courais après cette dernière victoire d’étape depuis 2017. Je suis aussi fier de la façon dont, avec mon jeune équipier (Frank van den Broek de l’équipe DSM), je pense que c’est unique dans le sport.
« Décrocher une dernière médaille serait exceptionnel »
Finir ces Mondiaux est-il un excellent moyen de boucler la boucle ?
“Cela prouve que je suis toujours là.” C’est une dernière occasion de briller avec l’équipe de France. Je suis assez confiant. Il y a une excitation et une motivation particulières que je ne ressens pas souvent pendant la saison. C’est ce qui peut permettre, comme lors de la finale liégeoise, de ne plus sentir les pédales. Je n’ai rien à perdre, rien à prouver. Bien sûr, décrocher une dernière médaille serait exceptionnel. Mais honnêtement, faire entre 4 et 10 Mondiaux, je m’en fiche. Je veux bien finir.