une décision « inquiétante » et « déconnectée des réalités sociales »

une décision « inquiétante » et « déconnectée des réalités sociales »
une décision « inquiétante » et « déconnectée des réalités sociales »

Le 31 décembre 2024, le nouveau préfet de La Réunion – Patrice Latron – a signé un arrêté constatant la réduction du financement des contrats aidés « Parcours emploi compétences » (PEC). Cette décision prise « en catimini » et « déconnectée des réalités sociales » est dénoncée par plusieurs élus. Cette baisse des financements de l’État suscite encore plus d’inquiétude, alors qu’à La Réunion le recours à ces contrats aidés est plus important qu’ailleurs en (Photo : www.imazpress.com)

Dans l’arrêté préfectoral, il est indiqué que « les aides de l’État aux formations professionnelles et aux contrats d’initiative pour l’emploi sont allouées en faveur des catégories les plus éloignées du marché du travail » au sens de « chômeurs rencontrant des difficultés sociales et professionnelles particulières ».

Si jusqu’ici tout semble bien se passer, il faudra se référer à l’annexe en dernière page pour comprendre la baisse des aides allouées par l’État.

Pour les PEC, le taux de soutien de l’Etat passe de 60% à 53%. De plus, la durée est réduite de 11 à 10 mois. Le nombre d’heures de travail hebdomadaire fond également comme neige au soleil.

Face à la délivrance de cet arrêté et sollicitée, la préfecture de La Réunion n’a pas encore répondu à nos questions.

– Moins de contrats face à un risque croissant d’épidémie de chikungunya –

Une partie des contrats PEC est dédiée aux espaces verts, principalement mobilisés dans la lutte anti-vectorielle – nécessaire en cette période pré-épidémique de chikungunya. Mais là encore, l’Etat réduit sa part et augmente à 54% le taux de financement.

“On veut lutter avec l’Agence régionale de santé contre les épidémies et en même temps – alors qu’il y a une augmentation des cas – on réduit les aides, c’est complètement contradictoire”, dénonce Natacha Chane-Kong, cheffe du service égalité de l’Agence régionale de santé. Direction de la Cohésion Sociale et de la Solidarité de la Région.

« Dans un contexte sanitaire alarmant, tant en matière de dengue que de chikungunya, la nécessité de maintenir les contrats PEC en matière de lutte anti-vectorielle est une urgence », estime Patrice Selly.

Dans la Région, en 2024 sur 59 projets d’espaces verts, pour 45 associations, 642 personnes étaient en contrats PEC en plus de 72 encadrants, pour un montant pris en charge par la collectivité de plus de 6,6 millions d’euros.

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– Un décret qui risque d’aggraver la précarité et le chômage à La Réunion –

Hormis les personnes employées dans les espaces verts, « la baisse des financements aura un impact pour ceux qui dépendent de la Région Réunion dans des secteurs comme les cantines, ou les assistantes de vie dans les écoles primaires », explique Natacha Chane-Kong.

« Aujourd’hui, nous finançons ces contrats à hauteur de 40 % plus les charges sociales patronales. Mais si l’État réduit ces aides, il y aura forcément un impact budgétaire sur la collectivité régionale et donc moins de contrats, moins de possibilités pour ces personnes de sortir de la précarité », estime-t-elle.

« La baisse de ces financements est un scandale pour la Région. Passer de 11 à 10 mois, même si ce n’est qu’un mois de moins, imaginez le circuit avec France Travail et le chiffre d’affaires», s’indigne le chef du service égalité du service Cohésion sociale et solidarité de la Région.

Au-delà du contrat et de sa durée, « c’est l’intérêt de ce contrat qui est remis en cause ». « Le contrat PEC permet de former ces personnes, mais comment faire avec une réduction de la durée de ce contrat ?

Sans un ajustement rapide, “ce décret menace des centaines de familles réunionnaises”, prévient la Région, dans une île où le taux de chômage est déjà de 114 330 personnes en recherche d’emploi et où 36% de la population vit sous le seuil de pauvreté.

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– Réduction des aides : une décision « prise sans concertation –

La découverte de cet arrêté préfectoral a suscité de vives réactions, à commencer par celle de la région Réunion.

Dans un communiqué envoyé ce lundi 6 janvier 2025, la Région fait part de sa « profonde inquiétude ». « Cela va sérieusement affaiblir l’efficacité d’un dispositif crucial pour l’insertion professionnelle et la cohésion sociale à La Réunion », prévient la collectivité.

« Cette décision, prise sans concertation avec les acteurs locaux, ignore les spécificités des territoires d’outre-mer », dénonce la Région.

Ces changements « risquent d’aggraver la situation de nombreuses familles déjà en situation de vulnérabilité et compromettront des initiatives locales essentielles dans un contexte inquiétant déjà marqué par une résurgence sanitaire avec le chikungunya, une inflation persistante et une précarité croissante, et un chômage endémique parmi les plus élevés de France.

Cyrille Melchior réclame le maintien du taux de financement des PEC par l’Etat. « Ces décisions auront des conséquences négatives majeures sur les familles des bénéficiaires des minima sociaux impliqués dans le système, qui constituent des groupes particulièrement vulnérables. Ces mesures impacteront également les finances des communautés déjà fragilisées et en proie aux incertitudes et au manque de stabilité qui prévalent à l’échelle nationale.

Plusieurs élus de La Réunion se sont joints à l’appel du Président de Région. « Surprise et inquiétude. C’est ainsi que mes collègues maires et moi avons accueilli l’arrêté préfectoral qui modifie significativement les modalités de financement du Programme Compétence Emploi (PEC)», réagit le président de l’association des maires de La Réunion, Serge Hoareau.

“Des mesures qui ont été prises de manière aussi brutale qu’unilatérale et qui pourraient avoir des conséquences économiques et sociales catastrophiques”, ajoute le président de l’AMDR.

Le député Frédéric Maillot avait déjà alerté le préfet lors de son entretien ce lundi 6 janvier. Il ajoute : « cette décision sans concertation avec les acteurs locaux plonge de nombreux Réunionnais dans une situation de précarité durable, notamment pour ceux qui œuvrent à l’entretien des espaces verts et à l’embellissement de notre territoire. environnement.”

“Cette lettre confirme la forte inquiétude qui règne parmi les présidents d’associations et les porteurs de projets d’insertion quant aux conséquences de ce décret”, ajoute-t-il.


« C’est toute l’architecture sociale, économique et sanitaire menacée » –

Le maire de Saint-Benoît, Patrice Selly, a également évoqué cette baisse. “Dans un contexte de crise politique, économique et sociale sans précédent en France, cette décision est totalement déconnectée des réalités sociales et des difficultés quotidiennes de nombreuses familles réunionnaises.”

Le Citizens Union Collective 974 dénonce à son tour cette réduction des financements. « Cela affaiblira dangereusement et sérieusement l’efficacité d’un dispositif crucial pour l’insertion professionnelle et mettra une épée de Damoclès sur la cohésion sociale à La Réunion. »

« C’est bien toute l’architecture sociale, économique et sanitaire de notre île qui est aujourd’hui menacée », prévient le collectif.

Face à cette situation alarmante, le Président de la Région, comme Serge Hoareau, a écrit au préfet et a appelé l’État à maintenir le taux de couverture à 60 % pour les territoires d’outre-mer, compte tenu de leurs spécificités, et à allonger la durée de couverture. La durée du contrat est de 11 mois afin de garantir des parcours d’insertion stables et un accès à la formation.

– Plus de 13 000 contrats PEC à La Réunion –

À La Réunion, le recours aux contrats aidés dits PEC (Parcours Emploi Compétences) est plus important qu’ailleurs. Selon les chiffres de l’Insee, en 2021, 13 300 personnes ont participé à un programme d’emploi qualifié (PEC), soit 2 200 de plus qu’en 2019.

Près d’un tiers des employeurs sont des associations et les deux tiers restants appartiennent à la fonction publique.

Les contrats aidés dédiés aux entreprises des secteurs marchands se multiplient également pour atteindre 2 500 entrées en contrat d’initiative pour l’emploi (CIE) en 2021, soit 400 de plus qu’en 2019.

A noter que l’insertion est particulièrement difficile pour les bénéficiaires d’un contrat aidé PEC. Selon l’INSEEE, seuls deux sur dix sont en emploi six mois après leur contrat.

ma.m/www.imazpress.com/[email protected]

Contrats Pec, Région, État

 
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