Les résultats obtenus sur le front du vaccin anti-Covid sont-ils vraiment la success story européenne décrite par Emmanuel Macron dans son discours à la Sorbonne ?

Les résultats obtenus sur le front du vaccin anti-Covid sont-ils vraiment la success story européenne décrite par Emmanuel Macron dans son discours à la Sorbonne ?
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Un homme se fait vacciner contre le Covid-19 pendant la crise sanitaire.

La pandémie n’est pas une crise, c’est un probable événement de santé publique

Ce qui en fait une crise, c’est la difficulté à la contrer et les erreurs évitables commises.

« Dans un contexte marqué par des crises multiples et sans précédent (Brexit, pandémie de COVID-19, retour de la guerre sur le continent européen), une Europe souveraine, unie et démocratique, à laquelle le Président avait réclamé en 2017, a su faire face à ces multiples crises. bouleversements en affirmant sa solidarité et son unité, ainsi que sa capacité à décider selon ses propres intérêts.

Sur le site de l’Élysée, le récit est encore codé : « des crises multiples et sans précédent ». Évidemment, si cela permet de se poser en sauveur (derrière l’image mythifiée de l’Europe), c’est loin de la réalité.

Jetons un coup d’œil au Brexit

Une organisation comme l’UE doit s’attendre à des arrivées et à des départs. Et si avec le nombre de fonctionnaires à Bruxelles et à Strasbourg un tel scénario n’est pas prévu c’est une double faute : d’abord sur le fond c’est bien l’erreur progressive d’une UE qui ne pouvait qu’« avancer »au sens historique et sur la forme même, une PME dispose de scénarios prêts en cas de départ d’un collaborateur ou d’un investisseur majeur. Surtout quand c’est annoncé depuis des mois (années).

Deuxième événement : la guerre

La guerre défensive est une guerre mais ce n’est pas une crise. Ici aussi, le discours « approuvé par l’UE » a été brisé par la réalité. Il n’y a pas de disparition de la guerre, nous n’avons pas atteint le moment « Fukuyama », pire l’UE, la France et l’Allemagne, du moins, se sont laissées berner par les régimes totalitaires qui nous font la guerre aujourd’hui, l’Iran, la Russie et la Chine. . Avoir désarmé était une erreur mais curieusement personne n’en est responsable. C’est trop facile. Trois remarques qui ne concernent pas que la défense militaire (nous y reviendrons plus tard) peuvent aider à comprendre.

– Au fond, nous avons trop misé sur la dissuasion nucléaire et cette stratégie a une faiblesse (mais pas le fait de disposer d’armes nucléaires stratégiques) car ni la France ni l’OTAN ne seraient les premières à appuyer sur le bouton dans un conflit conventionnel.

– C’est pourquoi les chars, les avions, l’artillerie et la marine sont essentiels face à des régimes totalitaires unis autour d’un objectif clair : détruire l’Occident. D’autant qu’ils pratiquent la guerre hybride, l’usure, la destruction massive des infrastructures, les tueries de civils. Pour se défendre, il faut au moins atteindre une taille suffisante et disposer d’une industrie de munitions très solide. Mais ce n’est pas une armée de 200 000 soldats d’active (sur une population de plus de 68 millions d’habitants) qui peut soutenir sur le long terme un assaut et une guerre conventionnelle.

– Enfin, la protection civile est très réduite avec 40 000 réservistes et une formation très mal évaluée.

Venons-en au virus

Ces considérations nous permettent d’introduire le troisième événement, après le Brexit, la guerre déclarée par la Russie au cœur de l’Europe, c’est une pandémie. Comme pour les autres événements, il n’y a rien de nouveau ici. Les virus respiratoires sont saisonniers ou continus, les coronavirus ont déjà déclenché de graves épidémies sporadiques en 2008 avec le Sars-CoV-1 et en 2013 avec le MERS…

Alors si l’association faite par le Président de la République est discutable dans son nom (une forme de polylalie du mot crise qui a également contaminé les médias), la survenance en série de ces événements permet de tirer des leçons car les contrôler il faut nécessaire, il faut faire appel à des politiques publiques souveraines.

VACCINS, ANTIVIRAUX LA QUESTION DE LA PRODUCTION EST PREMIÈREMENT LIÉE À L’INNOVATION

– Lors de son discours à la Sorbonne, Emmanuel Macron a évoqué la réussite de l’Europe, notamment sur la question sanitaire. Il a parlé de production de vaccins, parlant d’une « unité de santé stratégique ». Peut-on considérer que la France et l’Europe ont démontré une réelle réussite dans ce domaine ?

En réalité, il n’existe nulle part la preuve d’une « unité stratégique en matière de santé ». Ni avant, ni pendant, ni après la pandémie. S’agit-il d’agir comme si l’UE avait, face à l’urgence, réuni des acteurs majeurs existant dans différents pays, à l’instar de l’opération Warp Speed ​​de D. Trump ? L’Opération Warp Speed ​​​​(OWS) était un partenariat public-privé du gouvernement fédéral des États-Unis visant à faciliter et à accélérer le développement, la fabrication et la distribution de vaccins thérapeutiques et diagnostiques contre le Covid-19. Une telle opération n’a pas été organisée en Europe ou dans l’UE. T. Durand du CNAM met le doigt sur l’essentiel : « Beaucoup attribuent le succès américain dans la course aux vaccins anti-Covid aux investissements massifs dans la recherche. Cette vision est très imparfaite, voire erronée. Il y a bien eu un effort d’innovation exceptionnel outre-Atlantique pour développer un vaccin en douze mois, mais cet effort ne concernait pas la recherche et le développement : il concernait principalement la gestion d’une opération exceptionnelle articulant des compétences d’organisation publique. et privé pour accélérer tous les processus de prise de décision.

Dans cette pandémie, l’innovation biologique, médicale et organisationnelle a joué un rôle majeur. Mais le Président a raison : il émet l’hypothèse que la France est trop petite pour se lancer dans de telles aventures, non seulement sur le plan organisationnel mais aussi financier. Mais voici le Royaume-Uni avec son vaccin (Oxford) et l’essai randomisé emblématique sur la dexaméthasone prouve le contraire. Un pays européen a utilisé ses propres ressources pour développer un vaccin en un temps record et a tout aussi rapidement prouvé qu’un médicament efficace pouvait sauver des vies dans les formes graves.

VACCINATION, TRAITEMENTS MÉDICINAUX, QUEL EST LE RÉSULTAT ?

– Emmanuel Macron a également parlé de notre travail collectif (il parle ensuite de l’UE)« Et cela à travers certaines étapes, que je crois historiques, que nous avons accomplies ces dernières années » et de citer en matière de santé « l’unité financière pour sortir de la pandémie ». Peut-on dire que l’achat et la distribution du vaccin, à l’échelle française comme à l’échelle européenne, constituent une nouvelle fois un franc succès ?

Dans le verbatim du Président on note qu’il associe l’achat groupé de vaccins et le plan de relance de 800 milliards. Cependant, pour évaluer, il est nécessaire de se séparer.

L’achat conjoint du vaccin à ARN messager auprès de ModeRNA et Pfizer-BioNTech a été une opération réussie. Nous avions le meilleur vaccin en quantité suffisante. En revanche, ce que démontre l’analyse de la vaccination des Européens dans l’UE, c’est que des facteurs majeurs limitant l’efficacité de ces campagnes existaient selon les pays de l’UE. De manière générale, nos organisations de santé publique sont peu efficaces car les dépenses publiques sont concentrées sur le système de santé et très peu sur la prévention. Des erreurs ont également été commises par un dirigeant manifestement mal préparé. Citons le débat sur les vaccinodromes ou l’absence totale de technologies intelligentes pour proposer la vaccination à ceux qui en avaient le besoin le plus absolu et le plus urgent. Ensuite, il y a ce qui n’a pas été fait, bien que le législateur l’ait voté dans les lois. Les équipes mobiles de santé (maladroitement appelées brigades) n’ont jamais vu le jour, laissant un vide entre des technostructures déjà vétustes (ARS) et le citoyen des villes ou des campagnes. C’est là que un parallèle avec l’état de nos armées prend tout son sens car ces équipes médicales de réserve ne pourraient être organisées que sous l’autorité des militaires, par exemple des gendarmes qui savent le faire. Enfin, il faut souligner ce qui a compliqué la vaccination et fait perdre leurs chances à des milliers de patients. Je veux parler des attaques violentes et trompeuses contre le vaccin et contre les médecins qui, sur des bases scientifiques, l’ont recommandé. Nous savons aujourd’hui que le vaccin à ARN messager est probablement le plus sûr de l’histoire. Le nombre exact de victimes de cette campagne anti-vax n’est pas connu car ces recherches restent à faire. Il est très curieux que nos universités n’aient pas réalisé ce travail. C’est pourquoi nous pouvons considérer la mise en œuvre de la vaccination comme insuffisante et susceptible d’améliorations structurelles, dont nous ne voyons pas le début quatre ans après le début de la pandémie.

En ce qui concerne le plan de 800 milliards de l’UE, c’est un autre sujet qui nécessite plus que des « vœux pieux » pour savoir ce qui a fonctionné et ce qui a été gaspillé en matière de dette.

Ayant suivi les conséquences de la pandémie, il me semble important de s’interroger sur la faiblesse des changements proposés pour nous préparer à ce qui va arriver, une nouvelle pandémie. Le virus de la grippe aviaire démontre actuellement que le franchissement de la barrière des espèces par une zoonose est un événement probable et aléatoire. L’ode à l’UE ne peut constituer une échappatoire à une organisation de santé publique française opérationnelle. J’ai noté que G. Rozier, le data analyst qui a fait bouger les lignes d’une administration paralysée incapable de nous informer en temps réel au moins au début de la pandémie, faisait partie de l’équipe de l’Élysée. Il est urgent qu’elle puisse établir la disponibilité des données de santé publique en mode brut, pour tous et en continu. Nous en sommes loin, mais ce serait une réussite importante.

En utilisant l’association temporelle utilisée par le Président de la République, on peut dresser un bilan beaucoup moins optimiste et triomphaliste que celui qui nous a été longuement présenté hier. La France a été l’un des épicentres, sinon l’épicentre, de fausses rumeurs extrêmement néfastes pour les patients touchés par ce virus. On peut se tromper, certaines personnes persistent parfois à faire des erreurs, mais lorsqu’il s’agit de fraude lorsqu’il s’agit de manipulation de données c’est autre chose. Je n’ai pas entendu un mot dans ce discours sur ce sujet majeur. Nos universités doivent servir le pays en apportant leur expertise non pas sur la base inductive d’individus dits providentiels mais en construisant une coopération d’hôpitaux pour mener rapidement et parfaitement des essais cliniques vitaux. Là aussi ce serait une étape, pas historique, restons modeste, mais très utile.

En fin de compte, dans ce discours intéressant à plusieurs titres, il existe une forme de pensée désidérative qui peut plaire mais dont la capacité transformatrice est faible. Cependant, la réponse de l’État à ces événements successifs a démontré que la France doit changer et que l’UE ne peut remplacer notre inertie pour y parvenir.

 
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