l’industriel Eno tente d’échapper à un col dangereux

l’industriel Eno tente d’échapper à un col dangereux
Descriptive text here

L’économie après le Covid-19 a redémarré par à-coups parfois violents. De ces chocs brutaux, l’industriel niortais Eno a été en quelque sorte la victime : depuis février 2024, il fait l’objet d’une procédure de sauvegarde ouverte par le tribunal de commerce de Niort. Eno est le leader mondial des appareils de cuisson pour le nautisme et le premier fabricant de planchas en France.

“On était saturé, c’était bouillant”

Printemps 2020. Nous sommes en plein confinement. Les Français prennent soin de leur maison. Et leur budget loisirs est intact : on ne peut plus sortir nulle part. Résultat : les ventes de planchas sont en plein essor. Le chiffre d’affaires d’Eno bondit : 11 millions d’euros en 2020, 14 millions en 2021, 17 millions en 2022. Et il pourrait encore grimper encore si Eno parvenait à suivre. Mais « nous avons été confrontés à la fois à la difficulté de recruter et de nous approvisionner »explique Laurent Colas, co-réalisateur d’Eno.

Les clients, jardineries et magasins de bricolage de toute la France mettent la pression. D’autant que dans le même temps, les produits importés de Chine n’arrivent plus. « On était saturé, c’était bouillant. Nous avons fait un effort colossal mais nous n’avons pas pu satisfaire toute la demande”rapporte Laurent Colas.

Les clients demandent du stock pour ne pas se retrouver dans la même impasse la saison suivante. Mais au printemps 2023, le marché s’inverse brusquement : les produits asiatiques reviennent par lots. Au contraire, Eno fait face à une série d’annulations de commandes. L’industriel se retrouve avec un stock gigantesque sur les bras qui ne se vend pas : la trésorerie est dangereusement étirée.

Dans le même temps, en 2023, la facture d’électricité d’Eno a quintuplé et celle de gaz a été multipliée par six. Le secteur industriel, avec ses fours de cuisson de plaques émaillées, a des besoins énergétiques élevés.

L’usine tourne à rythme modéré : le stock accumulé en 2023 devra être écoulé en 2024.
© (Photo NR, Jean-André Boutier)

Une négociation de six mois avec le partenaire bancaire n’a pas abouti. Fin août, Eno est entré en conciliation avec le tribunal de commerce. Ce qui finit par ouvrir une procédure de sauvegarde le 20 février 2024. Une mesure de protection réservée aux entreprises qui peuvent prouver qu’elles ne sont pas en cessation de paiement : elle a été conçue pour intervenir avant qu’il ne soit trop tard.

De 120 à 70 salariés

La dette est gelée. De quoi reconstituer la trésorerie. Le stock devrait se dégonfler avec la saison 2024. Mais c’est autant de matériel que le fabricant n’aura pas à produire. L’usine fonctionnera donc à rythme modéré : Eno, qui employait jusqu’à 120 personnes, n’en compte désormais plus que 70. « Nous avons dû nous séparer des intérimaires et nous avons lancé un appel aux départs volontaires », indique Laurent Colas. Le chiffre d’affaires 2023 est tombé à 14 millions d’euros.

Une période d’observation s’est ouverte qui durera jusqu’en juillet 2024. Un plan de secours devra alors écrire le scénario de sortie de crise. « 95 % de nos fournisseurs ont été payés »insiste Laurent Colas qui assure : «Nous sommes aujourd’hui dans une situation financière plus favorable qu’avant la procédure de sauvegarde. »

Un champion du « made in France »

Eno fait partie du paysage industriel local depuis très longtemps : la première usine de Niort date de 1906. Elle a été fondée par Arthur Haineaux. En 2003, l’activité est reprise par Laurent Colas et Antoine Thomas. Trois ans plus tard, Force 10, le leader canadien des réchauds pour bateaux en Amérique du Nord, est acquis.

Ces dernières années, Eno a fait du « made in France » son credo. En 2020, dans le cadre d’une exposition nationale, la plancha Eno a été présentée à l’Élysée.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV deux mécanismes pour l’expliquer
NEXT Les chauffeurs-livreurs d’Uber Eats en grève à Bruxelles les 30 avril et 1er mai