“Nous payons tous le prix fort de cette précarité budgétaire”, a-t-il déclaré, alors que la France a déjà vu sa note dégradée par l’agence de notation Moody’s la nuit même qui a suivi sa nomination au poste de Premier ministre, le 13 décembre.
Mais face à la situation dégradée des finances publiques, « une épée de Damoclès » pour le pays dont il a imputé la responsabilité à tous les partis de la majorité comme de l’opposition, le chef du gouvernement est resté très vague sur les contours des économies souhaitées. comme sur les impôts qui toucheraient les grandes entreprises et les particuliers fortunés.
Cancre de la zone euro, avec le troisième taux d’endettement le plus élevé derrière la Grèce et l’Italie, la France vise désormais un déficit public de 5,4 % du PIB en 2025 (contre 5 % pour le gouvernement précédent). L’objectif est maintenu de le réduire en 2029 au maximum de 3% prévu par les règles européennes.
– Croissance en berne –
En 2024, le déficit public devrait atteindre 6,1% du PIB, un dérapage important qui a valu à la France d’être pointée du doigt par Bruxelles pour déficit excessif. Fin septembre, la dette publique atteignait 113,7% du PIB à 3 303 milliards d’euros.
Dans le même temps, la prévision de croissance du gouvernement est abaissée à 0,9% cette année, et alignée sur celle de la Banque de France, contre 1,1% avant la censure.
Le ministre de l’Économie, Eric Lombard, a indiqué début janvier qu’il visait un effort budgétaire de 50 milliards d’euros en 2025, qui reposerait principalement sur des économies plutôt que sur des hausses d’impôts.
François Bayrou a promis « des économies importantes » pour y parvenir. Un effort financier de 2,2 milliards d’euros sera demandé aux collectivités locales.
Contre ces économies, il a cependant renoncé à la mesure de déremboursement des médicaments qui avait déjà été abandonnée par Michel Barnier sous la pression du RN.
– “Le compte n’est pas là” –
Concernant la fiscalité, M. Bayrou a estimé que les entreprises doivent être « protégées contre les augmentations exponentielles des impôts et taxes ». Son prédécesseur visait une surtaxe sur les bénéfices des grandes entreprises, censée rapporter 8 milliards d’euros.
Il n’a rien dit sur un éventuel impôt ciblant les hauts revenus, inapplicable sous la forme envisagée par M. Barnier en raison des règles empêchant la rétroactivité. L’idée ne serait toutefois pas abandonnée et pourrait faire l’objet d’une loi fiscale distincte.
M. Bayrou a encore affirmé dans la soirée que le gouvernement travaillait sur une « taxe anti-optimisation pour les particuliers fortunés » qui pourrait figurer dans le projet de budget 2025.
Pour gagner du temps, le gouvernement a souhaité que l’examen du projet de budget de l’Etat pour 2025 reprenne mercredi au Sénat, où il avait été interrompu par la censure.
Pour éviter le même sort, il a engagé la semaine dernière des discussions étroites avec la gauche (hors LFI), qui réclame au moins une suspension de la réforme des retraites. M. Bayrou a accepté de le revoir, tout en prévenant qu’il serait maintenu si les partenaires sociaux ne parvenaient pas à s’entendre.
Pour le patron des socialistes Olivier Faure, le PS censurera le gouvernement jeudi à moins qu’il n’obtienne “une réponse claire” sur sa demande de soumettre dans tous les cas la question des retraites au Parlement.
Le leader de LFI, Jean-Luc Mélenchon, a moqué les concessions « grotesques » accordées au PS, allié des Insoumis au sein de l’alliance fragile du NFP.
Quant aux organisations patronales, la première d’entre elles, le Medef, a salué le « volontarisme économique » du discours et a assuré qu’elle participerait de manière « constructive » aux discussions sur les retraites. Même son de cloche de la part de la CPME, qui a toutefois exigé que « les actions suivent », « et vite ».
Le Premier ministre a également prôné une réduction de la « bureaucratie » et une simplification de la vie économique, et a annoncé la création d’un fonds spécial « entièrement dédié à la réforme de l’État ».
Related News :