Quels souvenirs gardez-vous de votre enfance, à Beyrouth, dans la communauté arménienne ?
Essentiellement, ceux d’avant-guerre et ceux de la guerre. J’y ai vécu entre 9 et 16 ans. Et j’en garde encore de bons souvenirs.
Que représente votre personnage, Marwan, qui est le guide-chauffeur du réalisateur incarné par Laurent Lafitte ?
C’est un passant, quelqu’un qui guide l’étranger, l’accueille, l’accueille. C’est celui qui ouvre les portes de son pays, de sa culture, de son histoire aux autres.
On le sent à la fois révolté et résigné par cette guerre qui déchire le Liban.
Il est plutôt fataliste mais reste fidèle à ses valeurs humanistes ancestrales. Elle appartient au peuple druze, soucieux de préserver son intégrité religieuse et philosophique. Ses racines sont solides, notamment dans les temps de guerre qui révèlent les hommes. Il reflète la barbarie, la sauvagerie des uns et l’humanisme et la bienveillance des autres. Hier comme aujourd’hui, personne ne comprend vraiment rien à cette guerre très opaque que j’ai vécue et où les alliances se font et se défont à la fois, où l’ennemi d’hier devient l’allié d’aujourd’hui. ‘aujourd’hui.
Pour vous, qui avez débuté au Théâtre du Soleil avec Ariane Mnouchkine, que signifie cette idée folle de mettre en scène « Antigone » au milieu des bombes à Beyrouth ?
Antigone est le courage incarné. Quelqu’un qui rejette l’injustice et l’idée qu’un monde meilleur est impossible. Je viens du théâtre et je pense qu’il a des vertus qui remontent à l’Antiquité. Elle peut éclairer les esprits, endiguer la folie humaine qui consiste à s’entre-tuer. C’est l’un des derniers bastions à éviter de sombrer complètement dans la folie. L’art est un phare dans la nuit.
Mais Marwan n’a-t-il pas du mal à comprendre la démarche de ce réalisateur français ?
Il n’est pas obligé de le comprendre. Je pense qu’il est un peu surpris mais convaincu de la sincérité du projet. L’idée est folle mais elle semble belle de réunir des artistes palestiniens, druzes et chrétiens autour d’un projet artistique.
Que représente le général De Gaulle que vous incarnez dans le biopic en deux parties d’Antonin Baudry qui sortira cette année ? Une fresque historique centrée sur les années 1940 à 1944, avec Niels Schneider, Thierry Lhermitte et Karim Leklou.
Je n’ai pas le droit de vous en parler maintenant mais je peux vous dire que sa personnalité, sa vision de la guerre, ses écrits, son action de résistance m’ont beaucoup impressionné lorsque j’incarnais ce personnage hors du commun.
Qu’avez-vous ressenti lorsque Missak Manoukian et son épouse Mélinée sont entrés au Panthéon le 21 février 2024 ?
J’étais fier, non pas parce qu’il est arménien mais parce que, tout d’un coup, un homme est mort, intègre dans ses idées et a été reconnu des années plus tard pour être mort pour des causes qui lui semblaient nobles. Après, s’il l’a fait pour des raisons politiques, je m’en fiche. Les Arméniens ont le virus de la résistance.
* « Le Quatrième Mur », en salles le 15 janvier 2025.
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