Les déclarations présidentielles à Mayotte, jeudi 19 décembre, face à la colère des habitants pauvres après le passage du cyclone Chido, ont été vivement dénoncées de toutes parts.
François Bayrou avait déjà été critiqué lundi 16 décembre pour s’être rendu à Pau pour assister au conseil municipal de la ville dont il est maire plutôt que de rester à Paris pour assister physiquement à la réunion interministérielle de crise dédiée à Mayotte. C’est désormais à Emmanuel Macron de susciter la polémique sur son attitude à l’égard du département français. Le chef de l’Etat s’y rend depuis jeudi et jusqu’à ce vendredi, soit une petite semaine après la visite de Chido. Sur place, Emmanuel Macron a fait face à la méfiance des habitants en colère. Pris à partie et hué jeudi soir par une foule criant « Macron démissionne ! » A la fin de sa première journée dans l’archipel français dévasté, le président de la République s’emporte.
En manches de chemise, tenue dont il a fait sa marque de fabrique dans ce type de situation, il a répondu en disant : « Ne montez pas les gens les uns contre les autres ! Si on oppose les gens, on est foutus, parce qu’on est heureux d’être en France. Parce que si ce n’était pas la France, vous auriez 10 000 fois plus de problèmes ! S’écriant dans un micro, Emmanuel Macron a poursuivi en plaidant que“il n’y a pas [avait] « Il n’y a aucun endroit dans l’océan Indien où nous aidons autant les gens. » Plus tôt dans la journée, lors d’une altercation avec un Mahorais mécontent, le Président lui a dit que, même si d’autres personnes étaient là pour l’aider, “Vous venez ici pour crier après tout le monde et vous n’aidez pas.” Des propos qui n’ont en rien calmé les huées. Abasourdis, les habitants ont répondu : “Il ne faut pas nous en vouloir, nous n’avons rien fait, nous sommes blessés, nous avons tout perdu.”
« Un abandon institutionnel »
En France métropolitaine, les propos du chef de l’Etat ne passent pas non plus. « Emmanuel Macron est allé [à Mayotte] Dans […] une attitude arrogante et sermonne. […] Je l’ai vu en chemise disant : “Es-tu fier d’être français ?” […] En fait, ce n’est pas le sujet. a réagi la députée écologiste Sandrine Rousseau sur France 2. « Nous vivons la plus grande catastrophe humaine depuis la Seconde Guerre mondiale et nous faisons un spectacle Macron. Ce n’est pas à la hauteur. » elle a déploré.
Pour le président de la commission des finances de l’Assemblée nationale, Eric Coquerel, cet échange “n’a pas besoin de commentaire”. “Message à ceux qui estiment qu’il ne faut absolument pas partir : qui imagine que cela soit encore possible pendant trente mois ?” le député LFI a interrogé X. Du côté du RN, le député Sébastien Chenu a estimé, sur RTL, que ces propos n’étaient pas de nature à “pour réconforter nos compatriotes mahorais qui, à travers ce genre d’expression, ont toujours le sentiment d’être traités à part.”
Nassurdine Haidari, président du Conseil représentatif des associations noires, et Chahidati Soilihi, élue à Marseille, ont également réagi à cette séquence dans une tribune publiée par Libération. Ils ont dénoncé l’arrogance du Président de la République lors d’une scène « digne du - des colonies ». Les propos du chef de l’État sont “d’une grossière indécence et d’une incroyable indignité, [qui] a résonné comme une gifle dans l’esprit des habitants », ont déclaré les cosignataires. Pour les deux auteurs, qui parlent d’un “insulte” aux personnes traitées comme « sous-citoyens », « ces propos présidentiels ne sont pas que des mots ; ils incarnent un profond mépris, un abandon institutionnel.»
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