A l’occasion de sa visite en Corse, le pontife s’est exprimé au Palais des Congrès d’Ajaccio. Il a défendu une laïcité « qui n’est ni statique ni figée » tout en reconnaissant que la foi et la pratique catholiques étaient en déclin en Europe.
Les Corses attendent avec impatience la visite du souverain pontife depuis qu’elle a été annoncée début décembre. Et pour cause : selon les chiffres communiqués par le Vatican, l’île compte 80 % de catholiques pour 350 000 habitants. Pourtant, lors de son discours dimanche au Palais des Congrès d’Ajaccio, le pape François a constaté une pratique en déclin à l’échelle européenne : «Aujourd’hui, surtout dans les pays européens, la question de Dieu semble s’estomper» a-t-il concédé face aux nombreux religieux et théologiens présents dans la salle. Comme le souligne Le Parisien, le pape a cependant invité à ne pas faire d’analyses.»précipité« de ce déclin et mis en garde contre »des jugements idéologiques qui opposent parfois, aujourd’hui encore, culture chrétienne et culture laïque« .
Des mots forts contre l’identitarisme
Le pape François a également, dans son discours, plaidé pour une conception de la laïcité qui ne soit pas «statique et gelé“, plus “évolutif et dynamique“, une laïcité”capable de s’adapter à des situations différentes ou imprévues, et de promouvoir une coopération constante entre les autorités civiles et ecclésiastiques pour le bien de l’ensemble de la communauté, chacune restant dans les limites de sa compétence et de son espace.« .
Le thème choisi pour ce discours étant celui de la religiosité populaire en Méditerranée, le Pape s’est réjoui de la vigueur de cette dernière, notamment en Corse. Mais il s’est également alarmé de «risqué“qu’il en soit ainsi”contaminé“par”croyances fatalistes ou superstitieuses” ou “exploités par des groupes qui entendent renforcer leur identité de manière polémique, en alimentant les particularismes, les oppositions, les attitudes d’exclusion« . Des propos forts alors que l’extrême droite gagne du terrain sur l’île, notamment avec l’apparition du mouvement Mossa Palatina, qui revendique son identité catholique et s’oppose au débarquement des migrants ayant traversé la Méditerranée. Un discours aux antipodes de celui du pape François, qui défend l’accueil des migrants.
publié le 15 décembre à 12h28, Sabrina Guintini, 6Médias
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