Mimoun Bihi est un agent municipal « marocain, musulman et ajaccien », et pour lui l’arrivée historique du pape François à Ajaccio dimanche est « un cadeau de Noël que toute la Corse attendait ».
Dans les rues de la ville impériale, désertées par les voitures en raison des interdictions massives de stationner, c’est l’effervescence à quelques heures de l’arrivée dimanche du souverain pontife, première visite d’un pape dans cette île méditerranéenne de 350 000 habitants.
La ville portuaire se pare, petit à petit, du jaune et du blanc, les couleurs papales, parfois associées à la bandera, le drapeau corse, composé d’une tête de maure sur fond blanc.
Sur la façade d’un hôtel, une immense croix en tissu rouge, haute de quatre étages, a été installée.
Quelque 2 200 renforts de policiers, gendarmes et autres CRS et militaires de la sécurité civile, qui s’ajoutent au millier de policiers présents en permanence sur l’Île de Beauté, sont arrivés, s’est félicité Jérôme Filippini, le préfet de Corse. 800 personnes resteront à bord du bateau Corsica Linea qui les a amenés.
Le souverain pontife sera accueilli dimanche matin à 9 heures à l’aéroport avec des chansons enfantines en corse, avant une balade en « papamobile » sur le front de mer de la ville.
Il se rendra ensuite au palais des congrès pour clôturer la conférence sur « la religiosité populaire en Méditerranée », qui a réuni samedi 250 personnes.
Evoquant l’arrivée du pape, le père Georges Nicoli, curé de la paroisse Notre-Dame de Lourdes à Bastia, a assuré à l’AFP que « rien que sa présence dynamiserait les gens. Il y aura de l’adrénaline mais je ne veux pas que ce soit un éclair d’adrénaline et puis rien de plus. J’espère que cela nous rappellera que la foi chrétienne doit s’enraciner dans un mode de vie.
“Il vient vers les pauvres et les petits, c’est très populaire”, s’est réjouie Hélène Politi qui chantera pour la grand-messe en public avec 250 choristes.
A la cathédrale Notre-Dame de l’Assomption, dont la façade vient d’être repeinte, le pape s’adressera au clergé autour de la prière de l’Angélus, après des chants devant l’édifice par deux artistes locaux, Patrick Fiori et Alizée, a précisé le cardinal François- Xavier Bustillo.
– Le clergé en rose –
Près de l’église, une fresque colorée de style street-art, réalisée par un collectif d’artistes ajacciens, représente François sur fond de vitraux et d’une carte de la Corse en couleurs.
“Cette visite est énorme”, confie à l’AFP Mathias Flori, un restaurateur bastiais de 34 ans qui vient d’acheter l’un des 10 000 kits souvenirs (tee-shirt, veilleuse…) mis en vente par le diocèse pour financer la visite.
Des stands de vente tenus par des bénévoles ont fleuri dans les rues de la ville.
Il n’a cependant pas réussi à obtenir une des 9.000 places pour assister au point culminant de la visite papale dimanche après-midi, la messe en plein air au grand théâtre Casone où chantera Pascal Obispo et les confréries corses feront une procession.
Sur cette esplanade dominée par une haute statue de Napoléon, une grande croix en bois avec un socle en forme d’ancre a été installée ainsi que des écrans géants. Une banderole blanche avec les mots « A Pace » (« Paix » en corse : NDLR) surplombe la scène où le pape présidera la messe.
“Nous sommes fiers, c’est un privilège qu’il vienne ici plutôt qu’à Paris”, a déclaré à l’AFP Paule Negroni, bibliothécaire de 52 ans originaire d’Ajaccio.
“C’est un événement mondial” sur “une terre très pieuse, très religieuse, la Corse”, s’enthousiasme aussi Jean-François Ferrandini, retraité de 68 ans.
Pour son 47e voyage international depuis son élection en 2013 et le troisième en 2024, le pape délivrera “un message de paix, dix jours avant Noël”, a indiqué l’évêque de Corse, François-Xavier Bustillo, précisant que prêtres, évêques et diacres seront habillés de rose, comme l’exige la liturgie du milieu de l’Avent, période où les fidèles se préparent à célébrer Noël.
« Il ne vient pas ici pour faire de la politique, il vient pour être pasteur parmi son peuple », a-t-il résumé.
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