Le nouveau locataire de Matignon met en avant depuis plusieurs années le problème de la résolution de la dette et du déficit français.
“Personne ne connaît mieux que moi la difficulté de la situation politique et budgétaire”, a déclaré vendredi le nouveau Premier ministre François Bayrou lors de la passation du pouvoir avec son prédécesseur Michel Barnier à Matignon. “Je ne sais rien de l’Himalaya qui s’offre à nous, des difficultés de toutes sortes”, a déclaré le nouveau locataire de Matignon.
“C’est une question qui pose un problème moral, pas seulement financier”, a-t-il ajouté au sujet du déficit et de la dette, lui qui devra doter la France d’un budget l’année prochaine, dans une Assemblée nationale sans majorité. .
Lors de l’élection présidentielle de 2007, qui l’a vu dépasser les 18 % dès le premier tour, le candidat du MoDem a axé sa campagne sur la réduction de la dette et du déficit, un sujet particulièrement impopulaire. Dix ans plus tard, il estime que « l’avenir de notre pays est compromis si nous continuons à vivre à crédit ». Nous ne pouvons pas continuer à faire semblant, à faire croire aux gens que la dette n’est pas un problème », a-t-il ajouté.
Dans le cadre de ses dernières fonctions, de Haut-commissaire au Plan, François Bayrou a également traité de cette thématique, notamment à travers une note intitulée « Face à la dette Covid, une stratégie de relance ».
Un Premier ministre pro-PME
Soutenant Emmanuel Macron depuis 2017, le président du MoDem a soutenu la loi Travail et la réforme de la formation professionnelle tout en plaidant pour la protection des travailleurs les plus vulnérables. Il souhaite également instaurer un environnement économique favorable aux petites et moyennes entreprises. A ce titre, la CPME a souligné vendredi que les petites et moyennes entreprises attendaient de François Bayrou “qu’il crée les conditions pour retrouver de la visibilité, de la lisibilité et de la stabilité”, le mantra de la Confédération depuis des mois.
« Le ralentissement économique actuel risque de se transformer en une véritable crise économique dont les prémices se font sentir », prévient la CPME.
La Confédération des petites et moyennes entreprises appelle également à « l’adoption rapide d’un budget », et à « traduire enfin en actes les mesures de simplification tant attendues ». Une loi contenant de nombreuses mesures de simplification pour les entreprises, lancée en début d’année par l’ancien patron de Bercy Bruno Le Maire, a vu sa discussion au Parlement stoppée par la dissolution. Finalement adopté par le Sénat en octobre, il devrait arriver à l’Assemblée nationale début 2025.
Réserves sur la réforme des retraites
L’intense épisode social autour de la réforme des retraites a été l’illustration la plus significative des distances que peut prendre François Bayrou avec le président de la République. Bien qu’il ait soutenu le projet visant à rendre le système de retraite plus durable, il a qualifié la réforme de « mal préparée, mal expliquée » et a déploré « le passage en force » qu’a constitué le déplacement de l’âge légal de la retraite. de 62 à 64 ans. De même, il recommande d’impliquer les entreprises via une « très légère augmentation des cotisations patronales » afin de financer la réforme.
Le nouveau Premier ministre est également un défenseur de l’écologie qu’il considère comme « un levier d’innovation et de création d’emplois ». Vendredi après-midi, la ministre démissionnaire de la Transition écologique et de l’Énergie Agnès Pannier-Runacher s’est également félicitée de sa nomination à Matignon. En tant qu’ancien ministre de l’Éducation nationale, François Bayrou prône également des mesures favorisant l’innovation et en adéquation avec le monde du travail au sein du territoire scolaire.
Une solution à la colère agricole ?
Enfin, la nomination de François Bayrou intervient aussi dans une nouvelle période de colère agricole, lui qui met souvent en avant ses origines paysannes. Lors d’une visite au salon de l’agriculture en 2018, le président du MoDem se définissait comme « très proche, très intime » des agriculteurs. Il a ensuite partagé au moins en partie leurs craintes quant à un éventuel accord de libre-échange UE-Mercosur – un sujet six ans plus tard à nouveau au cœur de leur mobilisation.
“Je pense qu’ils ont raison sur un point : on ne peut pas imposer aux agriculteurs européens des règles qui ne soient pas respectées par les autres”, a-t-il déclaré, faisant notamment référence à l’utilisation de certains pesticides en Amérique du Sud.
Dès vendredi, la FNSEA a demandé « une réunion d’urgence » avec le nouveau chef du gouvernement, dont le premier syndicat agricole exige « un engagement fort » en faveur de l’agriculture « dès sa prise de fonction ». « Il connaît toutes les solutions qui sont sur la table. Je lui ai envoyé une lettre pour le lui rappeler. Revenus, moyens de production, simplification… Il nous faut de toute urgence des résultats concrets, de la visibilité et de l’engagement sur ces mesures », a énuméré le président de la FNSEA Arnaud Rousseau.
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