Dans les rues de Damas (Syrie), l’aube annonce des changements : neuf membres du groupe jihadiste syrien Hayat Tahrir al-Sham (HTS) sont apparus dimanche matin à la télévision publique pour annoncer « la libération de la ville et de tous les prisonniers injustement détenus dans les prisons du régime », ainsi que « la chute du tyran Bachar al-Assad ». Ils ont immédiatement décrété l’instauration d’un couvre-feu dans la ville jusqu’à lundi à 5 heures du matin.
A l’annonce de la prise de la capitale syrienne par les rebelles, des élans de joie ont retenti parmi les Damascènes et des invocations religieuses ont résonné à travers les haut-parleurs des mosquées. “Je n’arrive pas à croire que je vis ce moment”a confié en larmes un citoyen syrien à l’AFP : “C’est une nouvelle histoire qui commence pour la Syrie”. Dans plusieurs villes du pays, des habitants ont démoli et piétiné les statues d’Al-Assad père et fils, Bashar et de son père Hafez, ancien dictateur syrien de 1971 à 2000.
Le retour de la « Syrie libre »
Après cinquante-quatre années de pouvoir, dont treize (2011-2024) de guerre civile sanglante et plus d’un demi-million de morts, la « maison Assad » (père Hafez puis fils Bachar à partir de 2000) a fini par s’effondrer. Acculé depuis douze jours par une offensive éclair du HTS depuis la province d’Idlib (nord), Bachar al-Assad a quitté la Syrie dans la nuit de samedi à dimanche en s’envolant depuis l’aéroport international de la ville, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, basé à le Royaume-Uni. Avec leurs alliés pro-turcs de l’Armée nationale syrienne (ANS), les rebelles du HTS se sont successivement emparés d’Alep (la deuxième ville du pays), de Hama plus au sud, puis de Homs cette nuit, avant d’entrer dans la capitale.
La fuite de Bachar al Assad et de sa famille, réfugiés à Moscou, selon les agences de presse russes, a précédé le retrait des forces armées et de sécurité du régime qui ne cherchaient pas à défendre la capitale. Avant les premières lueurs du jour, cinq puissantes explosions ont retenti à Damas, sans que personne ne sache quel site était visé. Les combattants ont ensuite repris la sinistre prison de Sednaya – qualifiée d’« abattoir humain » – et libéré tous les détenus, dont certains membres de l’organisation État islamique, Daesh.
Dans leur déclaration télévisée, les rebelles ont également appelé les Syriens vivant à l’étranger à rentrer chez eux et à trouver la paix. « Syrie libre ». Sur les six millions de citoyens syriens qui ont fui le pays depuis le début de la guerre civile en 2011, un tiers ont trouvé refuge au Liban, selon les autorités libanaises. Le chef du HTS, Abu Mohammed al-Jolani, son nom de guerre, qui apparaît comme l’homme fort du pays, a exhorté ses troupes à ne pas pénétrer dans les bâtiments de l’État, c’est-à-dire à ne pas être détruits ou pillés.
Selon l’AFP, la résidence de l’ancien despote a toutefois été vandalisée par des civils. Une salle de réception du palais présidentiel de Damas aurait également été entièrement incendiée. La télévision d’État iranienne a rapporté dimanche que des assaillants inconnus avaient attaqué l’ambassade iranienne en Syrie, peu après que les diplomates eurent évacué les lieux.
Selon des images diffusées sur les réseaux sociaux, ce sont des hommes du HTS qui ont protégé le dernier Premier ministre, Mohammad al-Jalali. Ce matin, il s’est déclaré disposé à coopérer avec le ” direction “ que choisira le peuple syrien? Une déclaration et une protection qui montrent que les négociations se sont très certainement déroulées sous l’égide de la Turquie.
Quel avenir après Bachar al-Assad ?
Ankara apparaît comme le grand gagnant de ce changement de régime en Syrie. Des discussions ont eu lieu au Qatar entre la Turquie, la Russie et l’Iran mais ces deux derniers pays n’avaient sans doute pas grand-chose en main pour négocier ni le maintien de ses bases navales et aériennes pour Moscou, ni le maintien de ses milices sur place pour Téhéran. Fébrilement, le Kremlin s’est contenté d’évoquer la « démission » d’al-Assad. Le président turc Erdogan en profitera certainement pour « régler » la question kurde. Les troupes du SNA, entraînées par la Turquie, attaquent déjà Manbij, défendue par les Forces démocratiques syriennes (FDS) à majorité kurde.
Côté français, le Quai d’Orsay, par la voix de son porte-parole, “appelle tous les Syriens à l’unité, à la réconciliation et au rejet de toute forme d’extrémisme”. « L’état de barbarie est tombé. Enfin”, a salué le chef de l’Etat Emmanuel Macron sur le réseau social, il agit dans l’intérêt du peuple syrien.”
Dans un communiqué, Amnesty International a demandé que « les auteurs présumés de crimes et d’autres violations graves des droits humains » commis sous le régime d’al-Assad fassent « l’objet d’une enquête » et qu’ils soient « poursuivis pour leurs crimes dans le cadre de procès équitables ». Bachar al Assad est tombé, reste à savoir si la Syrie retrouvera une nouvelle stabilité ou au contraire se balkanisera, ce que préférerait Israël, dont les bombardements incessants contre le Hezbollah en Syrie ont permis aux jihadistes du HTS de lancer leur offensive et , finalement, pour atteindre Damas.
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