“C’est toujours hyper émouvant, on ne s’y attend jamais vraiment. C’est un horizon, c’est un graal quand on jeune”, se réjouit Lorraine de Foucher. À 38 ans, la journaliste a été choisie pour ses reportages et enquêtes publiés dans le quotidien sur l’affaire des viols de Mazan, les femmes migrantes violées, les victimes de l’industrie du porno, les jeunes filles exploitées sexuellement à Perpignan et encore les adolescents tueurs à gages.
Lorraine de Foucher “s’attaque à des sujets trop longtemps tus” comme les violences faites aux femmes, a salué le jury : la plume du Monde a remporté mercredi le 86e prix Albert Londres, récompense la plus prestigieuse du journalisme francophone. Le jury a rendu un vibrant hommage à cette pionnière : “Elle s’attaque à des sujets trop longtemps tus dans notre société” et “les traite avec curiosité, style et respect”, avec une écriture “haute couture”. “Moi, je me souviens, quand j’avais 20 ans, je ne voulais pas forcément gagner le prix. Je n’avais pas la prétention d’atteindre ce niveau-là. Mais je voulais faire des sujets qui pouvaient y concourir”, ajoure Lorraine de Foucher.
“Avant MeToo, dans les rédactions, vous arriviez devant un rédacteur en chef pour proposer des sujets qui touchaient l’intime, on vous regardait un petit peu comme une personne issue d’un magazine féminin”, se souvient Lorraine de Foucher, “on était contaminés par le regard sociétal posé sur la matière. Depuis 2017, il y a vraiment eu ce glissement, on a vu le sujet se déployer, on a vu le combat sur les mots, sur la sémantique, par exemple le mot féminicide qui a beaucoup progressé.”
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