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« Dissolution », dans les coulisses d’un tremblement de terre

C’est cet événement qui a poussé le pays vers l’inconnu. Pour 2, trois journalistes et un historien reviennent avec les protagonistes sur cette crise inédite du 9 juin. Le documentaire est diffusé ce jeudi soir.

«C’est une réflexion sur la façon dont un président sort d’une crise grâce à la Constitution. » « Je pensais que tu allais dire « tire-toi une balle dans le pied » ! » Jean Garrigues et Patrice Duhamel se moquent d’un mot d’esprit qui a tout de l’analyse politique. À leurs côtés, Michèle Cotta et Pauline Pallier sourient. Les trois journalistes et l’historien ont achevé, quelques semaines plus tôt, le tournage du long-métrage « Dissolution. Histoire d’un tremblement de terre politique. Mi-document historique, mi-thriller politique, ce quatrième documentaire façonné par l’équipe Duhamel-Cotta-Pallier, qui devait être diffusé le 12 décembre sur France 2 mais a été programmé en catastrophe ce jeudi après la motion de censure qui a fait tomber Michel Barnier. , retrace les mois d’incertitude depuis l’été post-dissolution jusqu’à la nomination d’un Premier ministre début septembre.

Un marathon de dix-neuf entretiens, exceptionnels par leur durée et leur rareté. De Laurent Fabius à Yaël Braun-Pivet en passant par Gérard Larcher, François Hollande, Nicolas Sarkozy, Laurent Wauquiez, Élisabeth Borne, Marine Le Pen ou encore Jean-Luc Mélenchon, les principaux acteurs politiques de la scène actuelle se sont pliés à l’exercice, au moment précis où la France vivait une situation institutionnelle sans précédent. « Nous avons été surpris d’avoir autant de témoignages. Enfin, sans compter Emmanuel Macron et Alexis Kohler [secrétaire général de ­l’­Élysée depuis 2017, NDLR]seul Gabriel Attal a refusé », relate Patrice Duhamel, auteur – entre autres – de « Le Chat et le Renard. Présidents et Premiers ministres, je sais deux ou trois choses à leur sujet.

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Négociations

Ce document propose des éléments de compréhension amusants et essentiels. Telle est l’épineuse question de la constitutionnalité d’une dissolution décidée à la hâte, au soir des élections européennes, le 9 juin. L’article 12 de la Constitution ne prévoit-il pas, par avance, que le Président de la République consulte les présidents des les assemblées ? L’impératif aurait été à moitié respecté selon le président du Sénat, qui s’est toutefois gardé de donner un coup de pied dans la boîte. « Personnellement, je pense qu’il m’a manqué un peu de réflexes dans l’application de l’article 12 », s’amuse a posteriori Gérard Larcher. Il s’agit aussi des négociations entre partisans de la gauche en vue de la création du Nouveau Front populaire, comme les (breves) atermoiements confiés par François Hollande au sujet de son alliance « qui ne allait pas de soi ». » avec la France insoumise, de la rencontre entre les représentants du nouveau cartel de la gauche et Emmanuel Macron, mi-juillet, racontée avec naïveté par une Lucie Castets encore déconfite, ou de l’aplomb avec lequel Laurent Wauquiez revendique la paternité de l’hypothèse Barnier à Matignon. Un objet télévisuel titanesque.

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Installée sur un banc du restaurant Le Bourbon, haut lieu des meetings politiques et antichambre officieuse du pouvoir, situé à proximité de l’Assemblée, l’équipe raconte huit mois de travail précipité. « Les trois précédents documentaires que nous avons réalisés avec Pauline portaient sur la façon dont les présidents devaient gérer les crises », se souvient Michèle Cotta, dont le livre « Les Derniers Grands » vient de paraître. Une série de trois films intitulée « Président : le prix à payer », portant autant sur le contrôle de la rue que sur le terrorisme ou encore sur le vote de réformes liées à l’évolution des mœurs. Cette dernière, initialement centrée sur l’histoire de la dissolution sous la Ve République, devait s’inscrire pleinement dans les traces de ses grands frères. L’étonnante décision du chef de l’Etat a “légèrement réorienté” le programme initial, c’est le moins qu’on puisse dire, Patrice Duhamel. Bouleversant jusqu’au tournage lui-même. « Le 6 juin, Jean [Garrigues] Je tournais avec Manuel Valls et j’étais avec Édouard Philippe, atteste Michèle Cotta. Pour un travail de ce type, la durée normale est de quatre à six mois, mais nous avons tourné en deux mois jusqu’à la mi-septembre. » Défi relevé, avec brio et humour.

 
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