Léna Haque3 décembre 2024
Le Noël des oubliés
Au pensionnat pour garçons de Barton, c’est le jour des vacances de Noël. Alors que tous les étudiants s’apprêtent à partir rejoindre leur famille, une poignée d’entre eux sont contraints de passer les vacances au lycée, en raison de l’indisponibilité de leurs parents. Sous la surveillance de leur professeur le moins apprécié, M. Hunham, un vieux garçon antipathique et très old school, les adolescents tentent bon gré mal gré de profiter de la situation.
Dès le début, WINTER BREAK assume son envie de nous montrer l’autre côté de la scène de Noël, et ce qui se passe quand on n’a nulle part où aller, pas de famille pour nous accueillir, et pas de sapin joliment décoré. En réunissant à l’écran une palette d’anti-héros convaincants (un professeur solitaire, des jeunes garçons peu débrouillards ou ayant connu un parcours scolaire difficile, une infirmière endeuillée), le film d’Alexander Payne dépeint une réalité qu’on ne voit pas. pas souvent à l’écran durant cette période, sans jamais tomber dans le pathos ou la complaisance.
Entre rires et larmes
Cependant, si WINTER BREAK n’a pas la bonne impression des comédies de Noël, elle reste empreinte d’une certaine douceur, pleine de nostalgie des années 1970 durant lesquelles se déroule l’action. Dehors, la neige tombe à gros flocons, et à l’intérieur, nous fumons la pipe dans une bibliothèque en nous demandant ce que l’avenir nous réserve. Cet équilibre entre chagrin et charme était très important pour Alexander Payne, le réalisateur, spécialiste des comédies dramatiques moyennes.
“Il y a un mot en grec, ‘harmolipi’, qui signifie bonheur et tristesse ensemble, mélangés”, a-t-il expliqué à propos de l’atmosphère de son film. « J’essaie de conserver une atmosphère comique dans mes films, même lorsque le sujet est dramatique, et de rester agile, charmant. La vie est comme ça, non ? C’est une image un peu mièvre, mais la vie n’est pas une suite de notes, c’est un refrain. Avec des notes mineures et des notes majeures. Harmolipi, doux-amer ».
(Re)faire une famille
WINTER BREAK ne propose donc pas aux spectateurs des réconciliations pleines d’émotion ou des épiphanies sur l’amour, mais plutôt une vision alternative de ce que peut être la famille, celle que l’on choisit (plus ou moins) et qui, parfois, nous convient mieux que celle que nous sommes. né dans. Ses héros, tous orphelins – de parents, conjoints, enfants, sont profondément seuls au début, mais parviennent bon gré mal gré à se comprendre et à se soutenir.
Porté par les très belles interprétations de Paul Giamatti, Da’Vine Joy Randolph (récompensée ici par l’Oscar du meilleur second rôle féminin) et Dominic Sessa, le film rappelle que, même dans les pires conditions, les fêtes de fin d’année sont ce qui que nous en faisons, et que chacun puisse y trouver un peu de joie à sa manière. Et ça fait du bien.
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