Le vote d’une motion de censure et le limogeage du gouvernement seraient un coup dur pour l’Armée française privée d’augmentation budgétaire, prévient le général Vincent Desportes. Avec de « graves conséquences », en pleine guerre en Ukraine et avec le retour de la menace jihadiste après la prise de la ville d’Alep en Syrie.
La censure du gouvernement et son limogeage, annoncés après le recours au 49.3 lundi par le Premier ministre Michel Barnier, pourraient avoir de graves conséquences sur l’armée française. C’est l’alerte lancée ce mardi sur RMC et RMC Story par le général Vincent Desportes, ancien directeur de l’École de guerre, professeur de stratégie à Sciences Po et HEC, alors que la guerre en Ukraine fait rage.
Pour les militaires, ceux qui votent pour la censure sont « irresponsables » : « Je suis plus qu’inquiet. La France reconstruit péniblement ses armées depuis 2017. C’est un coup très dur pour les armées. En matière de défense, voter aujourd’hui pour la censure est irresponsable et ceux qui le feront en porteront la responsabilité et les conséquences seront graves », prévient le général.
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« Notre armée sera affaiblie »
Vincent Desportes estime également que la censure pourrait avoir des conséquences pour la France, l’industrie française de défense mais aussi pour l’Ukraine, en guerre avec la Russie depuis février 2022. La censure poserait des problèmes de matériel, de munitions, de blindés : « Il y aura un vide et un retard. La crédibilité de la France en Europe est menacée », juge-t-il.
« Notre armée de 2025 sera affaiblie par rapport à 2024 », prévient le général.
Le parti pris : Censure, quelles conséquences pour les armées ? – 03/12
Reconstruire ou continuer à aider l’Ukraine
Le lancement du porte-avions successeur du Charles de Gaulle pourrait être retardé, les avions de combat ne pourraient pas être livrés et la flotte blindée, « dont on a cruellement besoin comme on le voit en Ukraine », ne sera pas renouvelée. Les commandes qui devaient être passées avec ce budget ne le seront pas et la France devra réduire ou annuler les grands exercices prévus avec l’OTAN en 2025.
Et la France, qui a promis 3 milliards d’euros d’aide à l’Ukraine, devra choisir entre dépouiller ses armées ou poursuivre son effort, en raison d’un budget constant bloqué par l’absence de gouvernement et de budget : « Avec cet argent, nous avons dû renflouer nos réserves. stock de munitions et racheter les canons César que nous avons donnés à l’Ukraine, mais nous n’y parviendrons pas.»
Une nouvelle menace en Syrie
Les conséquences industrielles pourraient également entraîner une augmentation du chômage. « L’industrie de défense française représente plus de 200 000 emplois dans 4 000 entreprises réparties sur tout le territoire qui recrutaient parce qu’il y avait un effort de défense. Cet effort va s’arrêter brutalement et une partie de ces emplois est directement menacée», craint l’ancien directeur de l’École de guerre.
Armée phare de l’Europe et moteur de défense selon le général, la France « face à la menace, a choisi de bloquer son effort de défense », déplore-t-il, alors qu’une nouvelle menace grandit dans le nord de la Syrie depuis la prise d’Alep par les rebelles jihadistes : « Il va falloir déployer des soldats en masse dans les rues de France. Et c’est alors que certains irresponsables veulent censurer, en prenant ce risque, le Premier ministre”, conclut le général.
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