484 pour, 69 contre et une seule abstention, celle de la charentaise députée du Cognacais, seule dans son groupe (avec Elisabeth Borne qui a voté contre le rejet de la proposition). Un vote qui lui vaut un tacle de Barthélémy Martin, son rival déchu aux législatives et référent départemental du parti d’Eric Ciotti, qui accusait « un vote inexcusable ». « Incompréhensible » pour Frank Olivier, président de la Coordination rurale de Charente. « Il y a des choses intéressantes dans cet accord pour une grande partie des productions françaises », défend le parlementaire. A commencer par la filière du cognac (lire ci-contre).
“Il faut pouvoir garantir à nos filières françaises qu’elles pourront exporter”
« Il s’agit de respecter les AOC, de sécuriser les échanges pour nos filières et de réduire les droits de douane. Il faut pouvoir garantir à nos secteurs qu’ils pourront exporter. La Charente vit grâce aux exportations, non seulement de cognac mais aussi de céréales. » Elle se dit même favorable à des traités négociés avec « les États-Unis ou la Chine ». »
« Protéger le marché européen »
Position opposée aux « petits » éleveurs charentais qui craignent la concurrence des volailles ou du bœuf sud-américains bon marché et de moindre qualité, le député assure « qu’on a actuellement deux fois plus de bœuf et de volailles importés du Mercosur sans accord si nous en avions un et nous ne contrôle rien. » Sauf qu’en l’absence de clauses miroir, qui imposeraient les mêmes normes européennes strictes que plaide l’agriculture, il ne sera pas question de contrôle.
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C’est ce que souligne René Pilato, député de la circonscription d’Angoulême, qui à l’unisson avec son groupe LFI a voté contre la proposition de rejet du gouvernement. “Parce que nous ne sommes pas contre le traité tel qu’il est, mais contre tout traité.” « Aujourd’hui, nous ne pouvons pas contrôler si la viande qui arrive en France a été élevée aux hormones. » Sandra Marsaud répond que les contrôles ont conduit, en octobre, à l’interruption des importations de bœuf brésilien, éventuellement traité avec une hormone interdite en Europe depuis 1981. Mais pour combien de bœufs brésiliens sont arrivés en France sans contestation ? « L’idée, c’est aussi de faire confiance », argumente le député majoritaire. Je ne pense pas qu’il y ait des pays qui vont exporter vers l’Europe et dire ‘on va leur envoyer de la merde’.» Il s’agit cependant de renforcer les garanties.
« Mon obsession, c’est de réduire les flux, poursuit René Pilato. Si nos céréales parcourent 6000 km pour revenir sous forme de viande, cela me pose un problème. » Au contraire, il appelle « à protéger le marché européen » et encourage la filière du cognac, qu’il doit rencontrer, à « moins dépendre des exportations et à se diversifier, mais pour cela, il faut les soutenir ». »
Sans surprise, Caroline Colombier, députée RN du nord Charente, a voté le rejet du texte.
Cognac plutôt favorable
Les petits producteurs risquent de perdre leur argent. Les grands groupes pourront s’en sortir. Lactalis par exemple mais aussi la filière du cognac. Les droits de douane de 27% avec l’Amérique du Sud pourraient disparaître. Sur France Info, Tatiana Mais, directrice du syndicat des maisons de cognac (que nous n’avons pas pu contacter ce mercredi), a affirmé qu'”il est important de pouvoir accéder à de nouveaux marchés”, à l’heure où l’on taxe les inquiétudes chinoises et américaines. Le sujet est cependant un peu sensible. “La grande priorité, ce sont les Etats-Unis et la Chine”, estime Florent Morillon, président du BNIC. Mais en principe, nous sommes favorables aux accords. Il faut préparer l’avenir, nous regardons cela de près. » Il précise cependant que « les agriculteurs ont aussi besoin d’être aidés ». Anthony Brun, président de l’UGVC, le syndicat des vignerons, tempère ce propos. “Nous ne voulons pas promouvoir un système qui présenterait des avantages pour nous mais qui enterrerait d’autres secteurs.”
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