Tous les maires de France qui réclament un « un saut écologique qualitatif brutal » regardez avec envie les édiles de Strasbourg : la municipalité alsacienne a résolu de “dégénérer” cours d’école pour les rendre inclusives. Tout est parti d’un constat d’une portée anthropologique inaugurale : 80 % de l’espace d’une aire de jeux est occupé par seulement 20 % des enfants, tous de sexe masculin. Une expérience originale a donc été imaginée : les élèves portent désormais un gilet connecté, équipé d’un tracker GPS, afin de géolocaliser les mouvements sur la cour de récréation et surtout mesurer l’influence des garçons dans l’occupation de l’espace.
Cette innovation semble destinée, par sa force prescriptive, à devenir un standard. La pédagogie démiurgique entend combattre le fameux « masculinité toxique ». Chaque pousse d’un petit mâle est censée abriter un patriarcat en devenir. Le Conseil supérieur de l’éducation examinera, la semaine prochaine, le nouveau “programme d’éducation sexuelle”. C’est vraiment dommage que le premier ministre n’ait pas lu le livre de Sophie Audugé et Maurice Berger*.
Nous voulons arracher l’enfant à sa famille, c’est-à-dire au processus d’identification à son père, à sa mère
En pensant à leurs petits-enfants, nos ministres doivent savoir ce qui est prévu pour sexualiser leur maturation. Dès l’âge de trois ans, la scolarité obligatoire nourrira leur progéniture de la culture queer, de la culture éveillée. Il n’y a plus d’enfants, il n’y a que des adultes miniatures. On force la porte de leurs rêveries. C’est la victoire de l’idéologie sur la science, qui cherche à former un « éco-sexe, citoyen et inclusif et non genré ». Nous voulons arracher l’enfant à sa famille, c’est-à-dire au processus d’identification à son père, à sa mère. Dès le préambule de ce nouveau programme éducatif, nous parlons de « l’identité de genre et l’orientation sexuelle
Folie mortelle
La France s’enfonce dans cette folie meurtrière au moment même où l’Amérique en sort. Donald Trump a conquis le cœur de l’Amérique en annonçant sa ferme intention d’interdire la transition sexuelle aux mineurs et aux bloqueurs de puberté. Bref, le nouveau président tourne la page du militantisme transgenre à l’heure où la France encombre nos écoles de cette doxa hautement toxique, porteuse de l’insinuation inquiétante : “Peut-être que je suis né dans le mauvais corps”.
C’est un écoterrorisme qui se propage au nom d’une nouvelle gnose sur l’évaporation du corps et la fluidité du genre. Selon le théorème transgenre, la dichotomie femme-homme est une invention de l’esprit occidental. Le sexe serait une construction sociale. Le caractère conceptuel de « trans » s’impose comme le nouveau héros de notre époque pour avoir osé franchir la barrière ultime qu’est le corps humain.
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Enfin celle du Wokisme – c’est l’homme nouveau, libéré de la nature et de son propre corps
Ainsi, depuis la révolution du premier « homme nouveau » des évangiles, la pensée occidentale a successivement imaginé trois « des hommes nouveaux » : celui du rousseauisme – c’est l’homme nouveau affranchi de son héritage. Puis celui du Boboïsme – c’est l’homme nouveau libéré du lien social aliénant. Enfin celle du Wokisme – c’est l’homme nouveau, libéré de la nature et de son propre corps.
Fierté et désincarnation
L’homme ainsi régénéré tentera de vivre sans famille, sans nation, sans humus et sans lumière. Ici apparaît l’homme post-moderne et post-moral. Il tente de devenir son propre créateur et de retourner au jardin d’Eden. « Sicut dei eritis », « vous serez comme des dieux »le Serpent leur promet.
Sous les pas de l’homme d’Aristote, un abîme s’ouvre
Le XXe siècle a été le siècle de Prométhée, porté par la promesse du vol du feu, du feu nucléaire. Le 21ème siècle sera le siècle de Faust, porté par la promesse de voler la vie et de mettre fin à l’assignation de sexe à la naissance. C’est là que s’inscrit la logique du fameux « droits de l’homme ». Après l’homme désaffilié à la Révolution, l’homme libéré de ses attaches vitales de Mai 68, voici l’homme désincarné. Sous les traces de l’homme d’Aristote, un abîme s’ouvre.
* Sophie Audugé, Maurice Berger, L’éducation sexuelle à l’écoleArtège, 18.90 euros, 256 pages.
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