Anne Hidalgo choisit Rémi Féraud, fidèle parmi les fidèles, comme dauphin

Après des fuites dans la presse et des rumeurs dans les couloirs, enfin le doublage en bonne et due forme. La maire de Paris Anne Hidalgo, qui l’a annoncé mardi matin dans un entretien à Monde qu’elle ne briguera pas un troisième mandat, a désigné celui qu’elle compte voir lui succéder à la Mairie : Rémi Féraud. Quatre syllabes qui ne vous disent probablement rien. Pourtant, le sénateur parisien, qui dirige la majorité municipale depuis une décennie, est un fidèle parmi les fidèles, un membre historique du premier cercle.

« Je le connais bien, je l’apprécie depuis très longtemps ; c’est lui qui saura porter notre histoire et réinventer un avenir pour Paris »lui a dit le maire sortant. L’intéressé a confié très récemment à Figaro son désir de“écrire un nouveau chapitre du même livre”une manière d’orienter sa candidature en cohérence avec la politique menée par les socialistes depuis 2001.

Il estime que ce positionnement constitue la bonne stratégie pour gagner l’assentiment des électeurs parisiens lors du scrutin de 2026, les Jeux olympiques ayant à ses yeux couronné la réussite du palmarès d’Anne Hidalgo. “Je ne lâcherai pas la proie pour l’ombre”philosophe-t-il, heureux de pouvoir s’appuyer sur un quart de siècle de gouvernance socialiste. Il faut dire qu’il a été un acteur clé de l’ère Bertrand Delanoë (2001-2014), dont il a beaucoup appris, puis, plus encore, du double mandat d’Anne Hidalgo (2014-2026).

Une stigmatisation indélébile

Élu conseiller municipal en 2001, il devient maire du 10e arrondissement lors des élections municipales suivantes, en 2008. La même année, Rémi Féraud est propulsé à la tête de la fédération parisienne du Parti socialiste (PS), un poste éminemment stratégique qui qu’il occupe jusqu’en 2015. Cela l’a amené à codiriger la première campagne municipale d’Anne Hidalgo en 2014. Le cadre socialiste parisien va ensuite être nommé tête de liste pour les élections sénatoriales de 2017. Élu à la chambre haute, il laisse les rênes de la mairie d’arrondissement à Alexandra Cordebard.

Son mandat de neuf ans à la tête du Xe arrondissement a été marqué par les attentats du 13 novembre 2015. La barbarie djihadiste frappe dans les rues, tuant ses électeurs à bout portant, dans un effusion de sang et de larmes. Un stigmate indélébile. Rémi Féraud évoque également un combat politique qui démontre, selon lui, une forme de courage. Il est le premier à avoir expérimenté l’installation de salles de shoot souhaitée par le gouvernement socialiste de Jean-Marc Ayrault en 2013. “J’ai tenu bon malgré une opposition farouche”il témoigne aujourd’hui.

Déficit de notoriété

Ce parcours marqué par un attachement à la vie locale, outre une fidélité sans faille à la maire de Paris depuis le début des années 2000, a convaincu Anne Hidalgo de choisir cette quasi-inconnue pour tenter, avec son soutien, d’en prendre la suite. « Il a la solidité, le sérieux et la capacité nécessaires pour rassembler, » croit-elle dans son entretien au Monde. Rémi a toujours su entretenir une relation respectueuse mais ferme avec les partenaires de gauche qui font partie de notre équipe et, en tant que sénateur depuis 2017, il a aussi une dimension nationale.

Reste que le chemin vers la mairie de Paris, réputée la plus belle de la République, est encore long et sera sans doute semé d’embûches. Outre une opposition municipale à couteaux tirés, Rémi Féraud devra croiser le fer avec son ancien ami Emmanuel Grégoire, qui s’est déclaré candidat dissident. Il lui faudra aussi rassembler le plus largement possible la gauche parisienne, à l’exception, prévient-il, de La France insoumise, qu’il déteste par «principe moral». Mais Rémi Féraud se dit certain que son travail de fond pour Paris depuis plus de vingt ans portera ses fruits, malgré son manque de notoriété.