“Les femmes ne sont pas la propriété des hommes” : C’est avec cette citation de Gisèle Halimi que s’ouvre cette nouvelle journée du procès pour viol de Mazan. Ce lundi 25 novembre, douzième semaine d’audience au tribunal correctionnel du Vaucluse, les réquisitions du ministère public commencent. La salle d’audience est bondée, signe que les enjeux sont importants.
Gisèle Pelicot est présente, assise aux côtés de son guide de l’association France Victimes. Tous les accusés sont également présents avec leurs avocats. Leurs peines seront individualisées en fonction de leurs éventuels antécédents criminels et du nombre de fois où ils se sont rendus au domicile Pelicot. Quatre y sont allés six fois, six y sont allés deux fois et les autres une seule fois. L’un des représentants du ministère public, Jean-François Mayet, prend la parole en préambule pour souligner l’efficacité de la justice dans ce procès » hors norme ». « 59 volumes d’informations judiciaires contenant des milliers de rapports traités en 31 mois », insiste-t-il.
Le terme extraordinaire s’applique aussi à l’ampleur des faits et à leur gravité évidemment. “20 000 photos et vidéos ont été retrouvées révélant plus de 200 faits sur une seule et même femme, toujours au corps inerte”il décrit. “Je salue votre courage et votre dignité”dit-il à Gisèle Pélicot. Au sujet du huis clos, il est même d’accord avec lui, lui qui souhaitait initialement un procès sans audience pour le ” protéger “. “Vous aviez raison Madame, les dernières semaines ont montré l’importance de diffuser des vidéos pour que la honte change de camp”dit-il.
“La perversion de Dominique Pelicot s’étend au-delà de sa relation avec sa femme”
La deuxième avocate générale Laure Chabaud revient pendant de nombreuses minutes sur la genèse des faits. Une manière sans doute de faire revivre l’horreur de cette affaire. Elle évoque l’homme qui est la clé de voûte de l’affaire, Dominique Pélicot, un homme aux « personnalité si complexe » et dont “la déviance voyeuriste se déplace sur sa fille et ses belles-filles”. Elle revient également sur le caractère extraordinaire de ce dossier, de toutes les violences verbales et physiques qu’il contient. Ce Dominique Pelicot, qui a reconnu avoir agi sans le consentement de son épouse » soumettre une femme rebelle et pour laquelle il opte donc pour la soumission chimique ».
Il s’agit donc d’un homme dangereux à qui on prescrit du Temesta et qui inflige la plus forte dose à sa femme. « Le pronostic vital peut alors être engagé »insiste l’avocat général. Une victime dans un état proche du coma qui « je n’aurais absolument pas pu ingérer volontairement ces anxiolytiques », explique-t-elle, faisant ainsi taire ceux qui souhaitent faire peser une once de culpabilité ou de responsabilité sur Gisèle Pelicot. Non, elle ne pouvait pas savoir ce qui lui arrivait en privé ni décoder les pseudo-signes.
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Peine maximale de 20 ans requise
Quant aux motivations de l’ex-mari, pour Laure Chabaud, rien de très évident ne ressort des auditions : la question du contrôle semble difficile à jauger. Le scénario d’une vengeance après l’infidélité de Gisèle est plausible. Enfin, seule vraie certitude du Directeur Juridique : Dominique Pelicot est un « pervers « . Égocentrique et incapable d’entretenir des relations saines avec les autres, il peut assumer la responsabilité de tous les faits sordides mais aussi déclarer son amour et son respect à son épouse lors des audiences. « Toutefois, il ne souffre d’aucune pathologie et sa responsabilité est donc pleine et entière »declares Laure Chabaud.
Elle estime donc que l’avenir est sombre pour le septuagénaire, dont la dangerosité pénale a été évaluée comme élevée. Elle requiert donc la peine maximale pour les faits reprochés : 20 ans. ” C’est à la fois beaucoup et trop peu au vu des faits commis et répétés. », conclut-elle en regardant fixement Dominique Pelicot.
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