Arrivé au Mans en juin dernier, l’ex-entraîneur de Furiani-Agliani revient sur son parcours et ses méthodes de travail, au sein d’une équipe sarthoise plus efficace à l’extérieur qu’à domicile, lors de la réception d’Orléans lors de la 13e journée de National, vendredi (7 : 30h).
Patrick Videira, 47 ans et entraîneur du Mans FC depuis juin dernier, a déjà beaucoup vécu. Formé au Paris Saint-Germain, il a joué en D1 au Portugal (d’où sont originaires ses parents) à Chaves avant de revenir en France à Martigues en L2 et à l’AS Cannes et Nîmes en National. A 27 ans, il a frôlé la mort dans un accident d’avion au-dessus de la Méditerranée alors qu’il se rendait de Rodez à Bastia en novembre 2004 : la portière latérale a explosé en plein vol et la ceinture de sécurité que Patrick Videira venait de retirer s’est attachée. lui a sauvé la vie alors qu’il était aspiré. Il se forme comme entraîneur à Istres en 2016, puis s’installe en Corse pendant quatre ans, où il prend la direction de l’équipe de Furiani Agliani à partir de 2018. Il la fait passer de la N3 à la N2, passe son BEPF (Brevet d’Entraîneur de Football Professionnel) et signe son premier Contrat national dans la Sarthe.
La 13ème journée de National (19h30) à suivre vendredi sur FFF.tv et sur Live Scores
LA COUPE DE FRANCE
« Les victoires engendrent les victoires »
« J’y attache beaucoup d’importance car c’est une belle compétition. Nous sortions de deux défaites (contre Nancy et Aubagne en National) et il fallait entamer une spirale positive. La Coupe de France est tellement belle ! Cela nous permet de vivre des émotions dont nous nous souviendrons tout au long de notre carrière. Mais pour ça, il faut passer par des matchs pièges, comme samedi (victoire 2-1 à Vannes, club de N3). Pour moi, la Coupe de France est importante et comme je le dis souvent, les victoires engendrent les victoires. C’était l’objectif : se qualifier pour arriver dans le meilleur état mental face à Orléans vendredi. J’essaie d’impliquer le plus de joueurs possible, depuis le début de la saison tout le monde a eu du temps de jeu à part mon troisième gardien. Je suis un entraîneur qui dit ‘on joue en s’entraînant’, donc c’est le ressenti à l’entraînement qui compte. C’est important pour un joueur, lorsqu’il commence la semaine, qu’il ait le sentiment qu’il peut débuter le prochain match, peu importe ce qui s’est passé avant. »
La conférence de presse, un exercice travaillé dans le cadre du BEPF (photo LE MANS FC).
AMI RéGIS BROUARD
“On va se chatouiller sur le banc !” »
« Régis Brouard (actuel entraîneur du FC Rouen)il reste mon meilleur ami dans le football. On a joué ensemble à l’AS Cannes (en 2003-2004)quand il est devenu entraîneur de Rodez, il m’a emmené avec lui. On a fait un voyage ensemble dans un avion dont la porte avait explosé (voir ci-dessous)puis il m’a appelé à Nîmes (en 2005-2006). Nous sommes deux garçons avec un fort caractère. Quand il était entraîneur au Sporting Bastia et moi à Furiani, et que nous jouions amicalement l’un contre l’autre, nous pouvions gravir les échelons très rapidement. Je sais qu’on risque de se chatouiller sur le banc en janvier (lors du FC Rouen-Le Mans, pour la 16ème journée) mais c’est toujours avec gentillesse. »
VINGT ANS APRÈS
«Je n’ai plus a encore volé pendant treize ans »
« L’accident d’avion s’est produit il y a vingt ans, le 5 novembre. Cela m’a provoqué une période compliquée dans les mois qui ont suivi, avec une paralysie totale. Après cela, je n’ai plus pris l’avion pendant treize ans. J’ai arrêté ma carrière professionnelle en 2006, puis je suis revenu dans le monde amateur mais physiquement je n’étais plus le même joueur, ce n’était plus la même intensité, ça n’avait plus rien à voir. J’ai rencontré des gens qui m’ont énormément soutenu. Mes parents vivent au Portugal, sans prendre l’avion c’était dix-sept heures de route ! Ma femme et mes enfants adorent voyager, nous avons fait des croisières en bateau mais je n’avais pas le droit de leur imposer ça. Quand je suis arrivé à Furiani (en 2018)Je n’avais pas le choix : toutes les deux semaines, nous allions jouer sur le continent. J’ai franchi une étape. Je ne vais pas vous dire aujourd’hui que je prends l’avion sereinement, ce n’est pas vrai mais je ne fais pas de cauchemars, ça fait partie de ma vie, des voyages que j’ai fait. J’ai continué. »
LE BEPF
« Une opportunité de grandir »
« Formation au BEPF (Certificat d’entraîneur de football professionnel) me permet de grandir, on entre dans beaucoup de détails. Par exemple, pour les conférences de presse, en National c’est chaque semaine avant et après le match. Dans le monde amateur, on n’est pas habitué à ça. Pour le Brevet, nous sommes prêts. Pour moi, c’était l’occasion d’évoluer, de pouvoir côtoyer des clubs professionnels, au Havre, à Rennes, de faire des stages à l’étranger, de rencontrer Raffaele Palladino, qui fut l’entraîneur de Monza et qui est aujourd’hui à la Fiorentina. Ce fut une année très enrichissante mais très fatigante, nous avons eu des séances dans différents clubs. J’ai eu la chance de faire partie d’un club, l’AS Furiani, où les managers m’ont laissé travailler et m’ont donné beaucoup de confiance. Ils sont venus me chercher quand j’étais à Istres (en 2018) et m’a donné, je cite, les clés du club. Depuis six ans, malgré des moyens limités, en travaillant sérieusement et sereinement, de manière continue et sur le long terme, on peut faire de très belles choses. »
2
Points pris par Le Mans lors des quatre matches à domicile cette saison (2 nuls, 2 défaites). Seul Paris 13 Atletico a fait de même.
12
A l’extérieur, Le Mans est la meilleure équipe (avec Nancy) : 4 victoires et 3 défaites, soit 12 points obtenus.
6 278
La meilleure affluence cette saison au stade Marie-Marvingt du Mans, face à Nancy le 1er novembre.
9
La meilleure place obtenue par Le Mans en 2007-2008 lors de ses six saisons en Ligue 1 (entre 2003 et 2010).
ARRIVAL AT LE MANS
“Le ressenti s’est bien passé”
« Le Mans m’a contacté par l’intermédiaire de mon agent Pierre Ducrocq (ancien joueur du PSG). Les managers m’ont reçu et puis, pour moi, Le Mans est devenu une suite logique. Lors de notre entretien avec Olivier Thomas (responsable du recrutement) ou le président Thierry Gomez, le ressenti s’est bien passé. C’est là que je voulais venir travailler. En conférence de presse en tout début de saison, un supporter m’a demandé, car il y avait pas mal d’entraîneurs qui venaient ici sans rester longtemps : ”Vous venez ici pour entrer dans le monde professionnel et en sortir dans un an, ou vous souhaitez travailler sur le long terme ?” Le long terme est ma façon de fonctionner, il faut de bonnes bases pour mettre les choses en place. Après, cela dépend des clubs, si on vous donne la possibilité de le faire ou pas. »
Patrick Videira (à droite) avec son adjoint Yohann Feurprier (photo LE MANS FC).
LA MÉTHODE
“Je parle très rarement de systèmes”
« Mon expérience en tant que joueur m’aide tout le temps. Lorsque les joueurs agissent d’une certaine manière, vous avez toujours une longueur d’avance, car vous avez déjà été dans la même situation. Mais entraîneur et joueur restent deux expériences complètement différentes : quand on est joueur, on ne s’occupe que de soi, alors qu’avoir un groupe à gérer, c’est s’occuper de tout le monde, beaucoup de nuits sans dormir, trouver la meilleure solution pour le club. Ce qui compte, c’est le collectif. Quelle est la meilleure chose pour que le club puisse continuer à avancer ?
Le football est un jeu d’échecs, lorsqu’un joueur bouge, que doit faire l’autre dans l’espace libéré ? Il faut avoir des joueurs très intelligents au niveau des mouvements de chacun. Je parle très rarement de système, c’est l’animation qui est importante. Je me retrouve avec un latéral droit en sentinelle, la sentinelle peut aller sur le côté et me faire une double largeur, ça ne me pose aucun problème. C’est ma façon de voir le football mais cela demande beaucoup de réflexion et d’exigence. Ce n’est pas facile pour les joueurs à qui on n’a jamais posé cette question. »
LE DÉBUT DE SAISON
« Notre marge de manœuvre est minime »
« Le premier mois a été difficile (1 victoire, 2 nuls et 3 défaites) car nous sortons d’une bonne préparation. Mais beaucoup de choses ont été mises en place, un nouveau système, un nouvel entraîneur, un nouveau préparateur physique… Cela prend du temps, les joueurs doivent assimiler le travail demandé. Je reste un coach très exigeant avec beaucoup de rigueur. L’analyse de la situation, l’intelligence du joueur, c’est le principal. Mais le côté humain est très important. J’essaie d’être très proche d’eux, de partager des choses en dehors des séances.
Début novembre, nous venions d’enchaîner cinq victoires de suite à l’extérieur, en championnat et en Coupe de France, puis nous avons perdu deux fois. (contre Nancy et Aubagne). Mais sur les huit derniers matches, nous en avons gagné six, tous à l’extérieur. Nous les avons gagnés parce que nous avions un surplus de motivation, d’abnégation. Mais nous savons que notre marge de manœuvre est minime. Si demain on baisse le curseur de 10 ou 15 %, on ne passera pas. C’est dur ! C’est énergivore. Je leur dis souvent quand un match est terminé : ”C’est très bien, on est sorti d’un piège ce week-end, profitons-en ce soir, demain on se remet au travail.”. »
Les supporters du Mans attendent une victoire au stade Marie-Marvingt (photo Philippe LE BRECH/APL/FFF).
LE MATCH CONTRE ORLÉANS
« Offrir au public une première victoire à domicile »
« Avant de recevoir Orléans, il n’y a pas de pression supplémentaire à avoir. Il faut prendre ce match comme une Source de motivation, faire plaisir à notre public et lui offrir une première victoire à domicile. Après, que ce soit Orléans ou autre, peu importe qui est l’adversaire devant nous. On sait très bien qu’on ne gagnera pas tous les matches mais c’est l’objectif qu’on doit se donner. Il y a des week-ends où tout se passe très bien, d’autres où c’est beaucoup plus compliqué. Mais nous devons être à notre meilleur chaque jour. Mon premier objectif est de battre Orléans. Quand nous enchaînions trois victoires consécutives, nous nous retrouvions sixièmes. D’ici la trêve, on reçoit Orléans, on va à Nîmes et on reçoit Valenciennes. Si nous obtenons trois bons résultats, nous progresserons. Mais honnêtement, j’attends seulement avec impatience le prochain match. »
Le 13ème jour en bref
Intercalée entre les 7e et 8e tours de Coupe de France, la 13e journée de National verra le leader Nancy (21 pts), se déplacer à Châteauroux, lanterne rouge mais qui reste avec deux nuls. Orléans (3e, 19 pts), très bon à l’extérieur, se déplace au Mans (11e, 14 pts), en quête d’une première victoire à domicile. Dijon (4e, 18 pts) qui reçoit Versailles (10e), et Bourg-en-Bresse (7e) qui reçoit Rouen (13e), tenteront de remporter un troisième match consécutif et se rapprocher du podium, tout comme Valenciennes (qui va à QRM) et Sochaux (qui reçoit Villefranche), à l’affût à quatre points de la première place.
En deuxième partie de tableau, l’Atletico Paris 13 (15e) et Aubagne FC ont pris quatre points lors des deux derniers matches : pour le premier, ce sera l’occasion de s’éloigner de la zone de relégation, pour le second une occasion de consolider une bonne neuvième place.
La rencontre entre Boulogne (5e) et Concarneau (2e) a été reportée à samedi soir (19h30) en raison du mauvais temps.
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