L’Ukraine a accusé jeudi la Russie d’avoir, pour la première fois, tiré un missile intercontinental sur son territoire, utilisant ce vecteur de sa dissuasion nucléaire sans charge atomique, en pleine nouvelle escalade russo-occidentale autour du conflit ukrainien.
L’armée russe est jusqu’ici restée silencieuse, tout comme le Kremlin. “Je n’ai rien à dire à ce sujet”, a répondu le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, interrogé par les médias à ce sujet lors d’un point de presse quotidien.
“Un missile balistique intercontinental a été lancé depuis la région russe d’Astrakhan”, dans le sud du pays, a indiqué l’armée de l’air ukrainienne dans un communiqué.
«C’est la première fois. Nous n’avons jamais eu ce type de missile auparavant», a déclaré à l’AFP une Source au sein de cette armée.
Ces missiles sont conçus pour transporter des ogives nucléaires et frapper à des milliers de kilomètres.
Cet usage, s’il est confirmé, marque une nouvelle escalade, alors que la Russie avait affirmé préparer une réponse « appropriée » à l’utilisation par l’Ukraine de missiles occidentaux sur le territoire russe, que Moscou avait qualifié de ligne rouge.
Il est “évident” que le missile utilisé jeudi n’emportait pas de charge nucléaire, a indiqué à l’AFP une Source au sein de l’armée de l’air.
La frappe a visé la ville de Dnipro, dans le centre-est de l’Ukraine, selon l’armée de l’air. L’étendue des dégâts n’était pas immédiatement claire.
Deux personnes ont été blessées jeudi par des frappes russes dans le Dnipro, selon le gouverneur régional Serguii Lyssak, qui n’a toutefois pas précisé le type d’armes utilisées dans cette attaque.
Quinze autres personnes ont été blessées lors d’une autre attaque à Kryvyi Rig, une ville située à environ 100 kilomètres au sud-ouest de Dnipro, selon M. Lyssak.
– Alertes nucléaires –
L’attaque de jeudi intervient au moment où les tensions sont à leur plus haut entre Moscou et l’Occident, l’approche du retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier étant anticipée comme un tournant.
La Russie, qui a envahi l’Ukraine il y a près de trois ans, a multiplié ces derniers jours les frappes majeures en Ukraine et les avertissements contre les alliés de Kiev.
Le ministère russe de la Défense a annoncé jeudi avoir abattu « deux missiles de croisière Storm Shadow+ de fabrication britannique » tirés par l’Ukraine et qui visaient son territoire, sans préciser le lieu ni l’heure de cette interception.
Cela confirme la première utilisation par Kiev de ces armes contre le territoire russe.
Plus tôt dans la semaine, l’Ukraine a utilisé pour la première fois des missiles américains ATACMS, d’une portée de 300 km, contre une installation militaire dans la région russe de Briansk, après avoir reçu l’autorisation de Washington.
Plusieurs pays occidentaux ont fourni des missiles à longue portée à l’Ukraine mais n’ont pas autorisé leur utilisation sur le territoire russe, craignant la réaction de Moscou.
La Russie a renforcé ses avertissements nucléaires ces derniers jours, tout en accusant l’Occident de « vouloir l’escalade ».
Selon sa nouvelle doctrine sur l’usage des armes nucléaires, rendue officielle mardi, la Russie peut désormais les utiliser en cas d’attaque « massive » d’un pays non nucléaire mais soutenu par une puissance nucléaire, une référence claire à l’Ukraine et aux États-Unis.
Le Kremlin a toutefois assuré jeudi que la Russie ferait “le maximum d’efforts” pour éviter un conflit nucléaire, disant espérer que “d’autres pays” adopteraient “cette posture responsable”.
– Avancer vers l’est –
Dans le même temps, l’armée russe continue de progresser dans l’est de l’Ukraine. Le ministère russe de la Défense a revendiqué jeudi la prise d’une petite ville proche de la ville de Kurakhové, dans l’est de l’Ukraine.
Les troupes russes sont désormais sur le point d’encercler cette ville industrielle, désertée par une grande partie de sa population en raison du danger.
Des militaires venus de Moscou s’approchent également de Pokrovsk, autre centre urbain de la région de Donetsk considéré comme stratégique pour la logistique de l’armée ukrainienne.
Cette avancée est particulièrement inquiétante pour Kiev, qui craint d’être poussée à la table des négociations dans une position défavorable.
Donald Trump, vainqueur de l’élection présidentielle américaine, a une position très critique sur l’aide versée à Kiev par son pays. Il a promis à plusieurs reprises de mettre fin à la guerre « dans les 24 heures », sans toutefois soutenir son projet.
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